Flou artistique

Publié le 6 Avril 2015

Bon voilà, je n’écris plus trop, je ne prends pas le temps, je réfléchis trop. Quand je ne travaille pas je ne fais rien. Je cherche les moments en suspension, les minutes hors du temps allongée sur le canapé ou sur le lit, le jour qui décline dehors, l’écran qui scintille, mon esprit qui se balade. Grasse matinée qui n’en finit pas de traîner. Sieste impromptue peuplée de rêves qui ne veulent rien dire. Je rêve de culottes, de Matthias Schoenaerts, d’appart. Je regarde du porno en journée quand la volupté émerge de mes rêveries paresseuses. Je jouis en même temps qu’une inconnue visionnée sur Pornhub, c’est drôle, je ne sais rien d’elle mais on partage un orgasme en décalé. Je vis en pyjama, j’alterne entre la console et la télé, entre l’ordi et les bouquins. Je flâne dans ma propre vie comme un touriste curieux. J’aimerais arrêter le temps. J’aimerais prendre le temps.

Le temps s’en fout et me dépasse à toute berzingue, j’ai pas le temps de le regarder filer. Je cherche un appart en ce moment, je dois quitter le mien. Bientôt je quitte un boulot, enfin je vais fermer boutique, et je vais en chercher un autre, de travail. Je change un peu de vie en 2015, à nouveau, comme en 2013 mais à l’envers, ça fait bizarre, c’est mal foutu. Il faut défaire ce qui a été fait, mettre des points finaux là où il n’y avait que des points de suspension. Je n’arrive pas à me projeter, j’ai même du mal à en parler, ça permet de rester encore un peu dans l’irréalité. Les choses se font mais pas vraiment, il y a beaucoup d’attente, de détours, de lenteur et de traînage de pieds. Je ne sais pas trop où je vais. Je n’aime pas cette sensation.

Qu’est ce que je fais au mois d’août, où je vais, qui je vois, où je vais habiter, où je vais travailler en Septembre, autant de questions en suspens. Je me rassure en me disant que c’est loin mais en fait ça arrive vite. Il faut faire les cartons, faire du tri. Il faut vider les tiroirs, jeter le bazar. Il faut remettre à jour son CV, réussir à se poser les bonnes questions, savoir ce qu’on veut faire dans la vie. Back to business, le monde corporate tout ça tout ça. Je regarde mes vestes et mes chemisiers dans l’armoire et je me dis : C’était quand déjà, que je mettais ça pour aller travailler ? Est-ce que ça a vraiment existé ? J’ai l’impression que c’était dans une autre vie. Je vais retrouver cette peau, l’habiter à nouveau. Retrouver les open space, les pauses déjeuner, les collègues et les week-ends de deux jours. J’ai du mal à y croire.

Alors je n’y pense pas, je fais comme si ça n’existait pas. Le soleil commence à montrer son nez et je me concentre sur l’été qui arrive. Je contemple les soutien-gorges et les culottes qui s’amoncellent dans la boutique en me demandant ce que je vais bien pouvoir en faire. Je regarde par la fenêtre, je me replie sur moi. J’écris à nouveau, je sais pas, le deuxième souffle, l’anticipation de celle qui s’échappe en avance de sa prochaine vie, qui aurait voulu être une artiste. Comme à chaque tournant, c’est l’occasion de se reposer des questions, et si j’avais, pourquoi j’ai pas, est ce que je pourrais. Plus la même énergie, plus la même envie de creuser. J’ai un peu renoncé je crois. Je veux payer mon loyer, ne plus penser aux fins de mois. Je veux être sereine, je veux rendre les armes. Déjeuner en paix.

Je serre les dents, je continue, ne rien lâcher, faire plusieurs choses en même temps. Il y a du stress mais aussi plein de bons moments. La vie continue, le printemps à Paris, les amis, les amours. En gros tout va bien. Je m’étonne un peu. J’attends de voir ce que les mois à venir me réservent. Je suis sur le qui-vive, en stand-by. Il y a une grosse flaque d’inconnu devant moi et je la surveille avec suspicion. Advienne que pourra.

Je n’oublie pas le blog – j’y passe quand j’en ai l’envie. Et quand j’ai quelque chose à dire.

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Ma life

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