A contre-courant

Publié le 13 Juin 2015

En fait Paris c’est trop bien à contre-courant. Quand il n’y a personne. Quand c’est presque vide. Je me lève à dix heures en semaine comme une chômeuse ou une touriste et j’ai l’impression de redécouvrir Paris. Il n’y a presque personne rue Mouffetard. J’achète un pain au chocolat pour le manger en marchant. Je fais mes courses dans un Francprix absolument vide, au milieu des employés qui mettent les produits en rayon. Il n’y a personne au pressing. Personne au McDo. Pas trop de monde dans le bus. Le soleil chauffe mon dos et je me sens légère et euphorique. Ca sent les vacances.

Ca ce sont les jours où mon apprentie garde la boutique. C’est dingue comme elle a progressé, comme elle est devenue autonome et bonne vendeuse. Je pense qu’elle est même meilleure vendeuse que moi, tiens. Plus d’énergie, plus d’innoncence. Du coup je m’autorise à arriver de temps en temps en début d’après-midi, le sourire aux lèvres, détendue. Il fait chaud dans la boutique. Je bois de l’Ice Tea à n’en plus finir. Je rêve un peu éveillée. Recherches d’emploi au point mort pour le moment.

Comme tous les ans à cette période, j’ai des envies de plage, de glande et de soleil. Dans mon appartement le dimanche, je traîne à poil sur mon lit, toutes fenêtres ouvertes. Un léger courant d’air me caresse les jambes et me donne envie de faire l’amour. Je mange de la glace devant Koh Lanta. Je cherche à me mettre au vert. Je lis le tome 2 de Vernon Subutex, de Virginie Despentes, et j’admire toujours autant son style, ses mots. Je suis abasourdie parfois par le bonheur, le calme, la volupté. J’ai toujours été un peu lézard, le bien-être primaire me fait oublier tous mes soucis. Je me laisse aller au repos, l’estomac plein, confortablement installée sur mon canapé ou mon balcon, dans ma bulle. Je déconnecte un peu. C’est aussi un moyen de ne pas affronter l’avenir, de se cacher la tête au creux du bras. Qu’est ce que je vais faire en Septembre ? Aucune idée. On verra bien.

Pardonnez mon rythme indolent de Juin, j’avoue que je me laisse un peu porter. Ça fait du bien.

Aujourd’hui mon apprentie a un rendez-vous Tinder à Saint-Michel avec un dénommé Charles. Elle me dit De toutes façons moi je crois plus en l’amour, tu souffres toujours à la fin. Bah oui mais ça fait partie du jeu. Si tu as peur de prendre des coups il vaut mieux aller jouer à la crapette. Comment tu peux être sûre qu’il ne va pas te tromper ? Tu ne peux pas, c’est bien là tout le sel de l’affaire. Il n’y a pas grand-chose à faire à part voir venir et poser tes propres limites, et dès qu’il les dépasse et te rend malheureuse, bam, tu pars ou en tous cas tu agis. Moi je cherche un mec un peu cinglé comme moi, un mec fou qui me surprenne. A mon avis, quand tu es toi-même un peu fou, il y a un côté reposant à être avec quelqu’un d’un peu posé, qui te suit dans tes délires et te fait un filet de sécurité. Mais chacun son truc, c’est incroyable comme certains couples paraissent parfois mal assortis et sont incroyablement heureux. C’est pas terrible comme début d’histoire, le rendez-vous Tinder et tout. Heureusement qu’il ne faut pas toujours que ça commence comme un Disney pour que ça se termine bien. Autour de moi à l’heure actuelle il y a des couples qui se sont rencontrés sur Tinder, sur Adopte, au lycée, en boîte, en étant déjà en couple, au Salon du Chocolat, en soirée open bar, pendant un cours de plongée, dans la rue. Tous sont potentiellement très heureux.

J’ai demandé à mon apprentie Mais si tu as tellement peur de démarrer quelque chose, pourquoi tu ne prends pas un peu de temps pour toi ? Pour profiter de vivre seule dans ton nouvel appart ? Elle me répond J’arrive pas à rester seule.

C’est une vraie bénédiction que d’apprécier de passer du temps seule. Je suis tellement heureuse d’avoir ce trait de personnalité, cette capacité, je ne suis pas trop sûre. J’adore la solitude, le fait de déambuler seule dans l’appart (déambuler est un grand mot vu la taille du logement). J’aime bien être seule avec mes pensées, j’ai l’impression que ça m’aide à les mettre à plat, à respirer. Je chéris mes moments de solitude, je les anticipe, je les planifie avec autant d’empressement que mes soirées entre potes. Peut-être que je suis bizarre, ou peut-être que je suis juste introvertie. Mais ça me fait du bien d’être seule de temps en temps. Je sais que je peux toujours compter sur moi-même.

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Considérations diverses

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F
"tu as dix huit ans et tu ne crois plus en l'amour ?"<br /> Adieu Camille ...
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N
Je ne suis pas sûre de bien comprendre ton commentaire... Mais oui, à 18 ans ils ne croient plus en l'amour de nos jours.