Consolidation mon amour
Publié le 14 Janvier 2016
Salut les copains. J’arrive pas à croire qu’on se retrouve là encore une fois. Vous, moi, la conso, l’open space et le blog. Remember 2011 quoi, le début de ce blog ! Ça me fait chaud au cœur en fait. Vous m’avez suivie dans mes tribulations au pays des culottes et de la start up. Me voilà de retour dans l’industrie et la grande entreprise. Depuis lundi, je suis officiellement à nouveau une travailleuse de bureau, qui part dès potron-minet se joindre à la foule des voyageurs encravatés. C’est presque surréaliste, mais en fait au bout de deux jours c’est comme si je travaillais déjà depuis cent vingt ans.
Lundi, c’était ma journée d’accueil. J’ai dû me traîner en fort lointaine banlieue parisienne pour être officiellement accueillie par ma nouvelle famille (qu’on ne choisit pas, comme tout un chacun le sait). J’ai marché un quart d’heure, j’ai pris le RER, j’ai pris un bus affrété par l’entreprise, j’ai à nouveau marché vingt minutes au milieu d’un technopole gigantesque qui m’a rappelé Roissy à quatre heures du matin. Il était huit heures et demi, le parking était immense, glacial, plongé dans la pénombre. J’ai marché et marché, tant et si bien qu’à la fin de la journée mon appli qui compte mon nombre de pas a dit que j’avais parcouru dix kilomètres (avec une cheville encore douloureuse suite à une entorse, mais tant pis). Au bout d’un périple bien glauque incluant un parking souterrain désert et du grillage partout, j’ai atteint l’accueil visiteurs, ravie. J’ai rejoint un groupe de quatre-vingt personnes, eux aussi nouveau arrivants. Dans le lot, je savais grâce à ma future chef qu’une collègue elle aussi nouvellement embauchée faisait partie du groupe. J’ai donc passé mes deux premières pauses à jouer à « Bonjour, est-ce que tu t’appelles Machin par hasard ? » Heureusement qu’il n’y avait qu’une fille pour cinq hommes, industrie oblige. J’ai fini par tomber sur Collègue Frange (oui, je suis toujours aussi douée pour trouver des surnoms). Elle était toute chou, jeune diplômée, premier poste, blouse à motifs rigolos et rouge à lèvres vif. Je l’ai officiellement adoptée comme Collègue Copine, du moins en attendant de rencontrer mieux (je sais, je suis cynique). Nous avons donc passé la journée côte à côte assises dans un amphi blindé où de joyeux drilles se sont succédés pour nous faire des présentations diverses et variées sur des thèmes palpitants. Au choix : L’histoire du groupe (qui met, cela va de soi, l’humain au cœur de chacune de ses décisions, et non la rentabilité économique). La RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). La complémentaire santé obligatoire. L’éthique. Le comité d’entreprise. Le quizz (véridique). Et le mot de la fin, par la DRH.
Il y eut assez peu de moments drôles, à mon grand regret. J’ai bien aimé un mec venu nous parler de l’organisation du groupe qui s’entêtait à désigner par le mot « alliance » le pacte d’actionnaires entre cette société et une autre. Il n’arrêtait pas de prononcer des phrases du genre « Je fais partie de l’Alliance », « Je travaille maintenant pour l’Alliance », « Vous aussi, dans un deuxième temps, vous pourrez rejoindre l’Alliance. » Non merci, je préfère rester du côté de l’Empire. A midi, on a déjeuné sur le pouce de sandwiches dégueu et de financiers délicieux. Le soir, on a terminé vers dix-huit heures, et il m’a fallu deux heures pour rentrer chez moi, le même temps de trajet que le matin. Joie. Je retourne mardi prochain au technopole, j’ai une formation sur le logiciel comptable (lolz).
Et aujourd’hui, c’était officiellement mon premier jour ! Dans mon vrai bureau, avec mes vrais collègues. Je suis arrivée toute fringante à neuf heures pour tomber d’emblée sur la Grande Chef. Celle-ci me dit « Au fait, on t’a installée dans mon bureau, y’avait plus de place ailleurs ». Trop sympa, fallait pas. Je partage donc le bureau de la boss mais ce qui est chouette, c’est qu’elle est toujours par monts et par vaux pour parler à divers interlocuteurs et du coup je suis souvent seule, ce qui sied à ma nature d’ermite. Ensuite, on s’est attelé à régler tout un tas de problèmes du genre obtenir l’accès au logiciel comptable et au réseau, connecter mon téléphone, faire mon badge permanent… J’ai ainsi fait la connaissance de la charmante assistante de direction (c’est une remarque sarcastique). J’avais déjà expliqué que dans mon précédent poste, les assistantEs de direction étaient un peu les papas/mamans de tout l’étage. La charmante dame qui occupe ce poste ici est du genre belle-mère irascible qui te pince vicieusement quand tu as le dos tourné. Elle parle mal à tout le monde, et elle est en plus notoirement inefficace. Je n’invente pas : rien que depuis ce matin, deux personnes différentes m’ont dit de ne pas lui faire confiance. Apparemment, elle « a ses têtes » et il vaut mieux « être dans ses petits papiers ». Ça tombe bien, deux ans et demi de vente m’ont rodée à être sympa avec des gens super relou. Du coup, c’est ma nouvelle meilleure copine. Elle va même m’aider à refaire mon badge (qui me classifie comme consultante extérieure et qui du coup me facture quatre euros en plus à la cantine).
La cantine, parlons-en. Elle n’est pas terrible. J’ai déjeuné avec quatre collègues, tous entre trente et quarante ans. Ils étaient un peu étranges. L’une n’arrêtait pas de lancer des sujets pas très intéressants (le Petit Journal, l’affaire DSK, les vêtements pour bébé). L’autre avait un comportement délicieusement inapproprié (elle a réussi à faire une blague à propos de la possible bisexualité du PDG devant Grande Chef. Chapeau). Les deux autres ne disaient pas grand-chose. Il y a une paire de consultants qui travaillent dans le service jusqu’à fin janvier, ceux-là sont plutôt sympathiques. Il y a bien sûr toujours Collègue Copine (en contrat temporaire), mais on se voit assez peu et elle n’est même pas venue me chercher pour déjeuner. Collègue Fantaisiste est venue errer dans le bureau de Grande Chef (qui n’était pas là) en mangeant une banane et en me tapant la causette. Elle m’a informée à ce moment-là que tout le monde était descendu faire une pause à la machine à café (mais comme je suis enfermée dans un bureau à part, personne n’a pensé à venir me chercher. Ou alors personne ne m’aime). Je lui ai demandé pourquoi elle n’avait pas suivi le groupe, et elle m’a répondu « Moi, j’ai du mal avec le concept de pause en groupe. Moi je fais ma pause quand je veux ». Intéressant.
Cela dit, on trouve toujours des gens sympas partout (en cherchant bien). Je suis sûre de réussir à m’acclimater. Parfois, je lève la tête, je regarde par la fenêtre, et je me rappelle que je suis payée la même chose à la fin de la journée, même si j’ai glandé une demi-heure sur Twitter ou que j’ai traîné à la cantine. Et ça me fait chaud au cœur. En plus, samedi je déménage, je change d’appartement et je suis trop fatiguée par le faisage de cartons cette semaine pour m’émouvoir outre mesure de mon environnement. Le nouvel appartement est chouette, lumineux, plus grand car partagé, près de Nation et sans Internet jusqu’au 27 Janvier, ce qui est moyen chouette. J’ai bon espoir de convaincre l’Anglais (mon nouveau coloc amoureux) d’acheter enfin Fall Out 4 pour nous occuper, au lieu de prétexter une hypothétique correction des bugs et de dire qu’il a d’abord d’autres jeux à finir. Moi j’ai besoin de me distraire ! Au pire on fera une belote.