Home
Publié le 4 Août 2019
It's been a while.
Je suis toujours là.
A errer sur les Internets. A me demander ce que je fous à mon bureau plusieurs fois par jour. A me demander ce que je fous tout court.
J'ai 32 ans, un CDI, un copain. J'ai une vie objectivement pas si mal mais j'ai l'impression de tourner en rond dans mon bocal. Je suis en boucle sur les mêmes sujets, les mêmes films, les mêmes idées. Je réécoute des chansons d'il y a 15, 10, 5 ans. Comme si la vie avait ralenti, s'était presque figée quelque part, comme si j'avais pris un chemin de traverse qui me faisait toujours longer les mêmes paysages.
J'avais très envie d'arriver quelque part. Aujourd'hui je ne sais même pas dans quelle direction commencer le voyage.
J'avais pas mal de certitudes me concernant, ce que j'aime, ce que j'aime pas, ce que je veux être, ce que je ne veux surtout pas devenir. Je n'en ai plus du tout. Du jour au lendemain, je suis caméléon, je me rêve dans dix vies différentes, je pense que je pourrai ne pas être malheureuse dans toutes, mais laquelle me rendrait heureuse?
Un boulot stable ou un boulot passion? La ville ou la campagne? La solitude ou la foule? Les amis ou l'introversion? Le temps ou l'argent? Les questions et pas les réponses.
C'est con, mais aujourd'hui, quand on me demande de parler de moi, je ne sais pas quoi dire, j'évite le sujet. J'ai l'impression qu'il n'y a plus rien à raconter. Une coquille vide. Les gens qui me connaissent disent "De toutes façons tu as tout le temps plein de projets". Pas cette fois. Plus maintenant. Je n'écris plus, je ne chante plus, je ne fais plus de bénévolat. Je vois mes amis moins souvent, je suis moins sociable. Je reste chez moi à regarder Netflix et à me demander quoi faire de ma vie. Comme si j'allais un jour trouver la réponse.
Bon, on va où une fois qu'on a trente ans? Une fois qu'on a fait le tour de l'adulescence et de tout le blabla. L'option la plus évidente et raisonnable serait de rejoindre les foules qui se pressent aux portes du mariage, de l'achat immobilier, du premier bébé. Je ne sais pas pourquoi, je n'y arrive pas. Quelque chose de vain, d'idiot, me donne envie de fuir très loin. Le sentiment que ma vie ce n'est pas ça. Ça pourrait, mais ce n'est pas.
Ce qui m'attire, c'est la campagne, le calme, le retrait du monde. Cultiver mon jardin. Reste le léger détail du travail. Et ce sentiment que c'est un peu facile, comme solution. Que je vais le regretter, parce que le train de la carrière n'attend pas. Mais en même temps qu'est ce que ça veut dire, une carrière, on s'en fout. Oui mais en même temps, les problèmes, payer, vieillir, retraite, peur.
Il paraît que personne n'a les réponses, que chacun fait ce qu'il peut. Je fais de même, mais je peux peu.
J'ai beaucoup plaisanté ici de la vie en entreprise, des gens désespérément ennuyeux, de la norme. Parce qu'au fond j'ai toujours pensé y échapper d'une manière ou d'une autre. Guess what, je suis exactement comme les autres et exactement au même point. Et je ne trouve pas vraiment le courage de changer.
Étrange de ne pas savoir si c'est moi qui vois tout en noir ou si c'est de la lucidité. Impression d'être complètement déconnectée, de ne rien avoir à quoi se rattacher. Tout est possible mais en même temps tout est compliqué, alors je ne fais rien.
Il va falloir sortir de cette torpeur, d'une manière ou d'une autre. J'ai mis la date d'échéance à 2020. Entamer un nouveau chapitre. Pour laisser derrière certaines choses, pour en mettre d'autres en place. Je ne sais pas trop vers quoi je vais. Je réfléchis. J'aimerais déménager à la campagne. Où, je ne sais pas encore. Je vais demander une formation, pas sûre en quoi encore. Je me remets à écrire, très doucement, notamment ici. Je vois mes amis piano piano. Il faut être patient, enfin il paraît. Je m'essaie à l'exercice, moi qui suis dure à la tâche mais difficile à embobiner.
En attendant c'est dimanche. Je me pose des questions existentielles en écoutant de la musique dans mon appart ensoleillé où sommeille mon chat tigré. C'est bientôt les vacances. J'ai de la chance d'être bien entourée de gens bienveillants qui me laissent me manifester à ma guise, avec qui je peux discuter sérieusement et en même temps raconter n'importe. Je ressens toujours autant de choses, la musique, les livres, l'art en général: rien que pour ces émotions, ces moments de grâce, de fou rire, de tristesse, ça vaut la peine de continuer à se chercher une place ici-bas. C'est pour ça que j'ai envie de me remettre à écrire. Je veux participer au grand orchestre en y ajoutant ma petite musique.
Lâcher prise, se dire que tout va s'arranger et qu'on n'est pas si mal. Rester sur la crête, surfer la vague, tenir en équilibre. On n'est pas encore arrivés, mais on arrivera forcément quelque part.