Confinement, Day 47

Publié le 28 Avril 2020

Salut les potos. J'espère que vous ça va. Désolée, je raconte beaucoup ma vie, enfin comme d'habitude, mais là c'est encore pire, c'est vraiment ma vie quotidienne. Mon horizon se rétrécit avec le confinement: on mange quoi ce midi, je regarde quoi, je parle toujours des mêmes sujets avec mon colocataire. Il ne tiendrait qu'à moi de regarder des vidéos éducatives sur Youtube, d'apprendre à coder, d'élargir mes lectures ou mes loisirs. Mais en fait, souvent, je n'ai pas envie. J'ai toujours été très attachée à la routine, mais là j'avoue que j'abuse un peu.

J'ai lu un article récemment qui analysait pourquoi on aime bien revoir plusieurs fois des films qui nous ont plu (ou relire des livres d'ailleurs, ou réécouter des chansons en boucle). Évidemment, ça a un côté rassurant de rester en territoire connu, de savoir ce qui va se passer ensuite, de se détendre complètement en toute sécurité (un peu l'inverse de la réalité actuelle en fait). Et c'est comme pour les hits qui passent à la radio: plus on les écoute, plus on les apprécie. Je vous conseille d'ailleurs la lecture de l'excellent bouquin The Song Machine: how to make a hit de John Seabrook. Il explique comment sont manufacturés les hits actuels (Rihanna, Taylor Swift...) et c'est fascinant. Entre autres, l'une des méthodes appliquées pour savoir si un morceau va devenir un hit, c'est de faire écouter la démo à un panel. Mais il faut lui faire écouter la démo non pas une fois, non pas deux fois, mais trois fois pour savoir si le morceau plaît. Apparemment c'est le nombre d'écoutes qu'il faut au cerveau pour "reconnaître" une chanson et pour qu'il se dise "ah ouais j'adore trop ce morceau" alors qu'à la première écoute il n'en pensait rien.

C'est un peu une prophétie qui s'auto-réalise, comme dans Harry Potter: on te dit que le morceau est un hit, on le passe en boucle à la radio, et il finit par en être un. (je fais référence à Harry Potter car, comme tout un chacun le sait, la prophétie du Professeur Trelawney s'appliquait aussi à Neville Londubat. C'est Voldemort, et non la prophétie elle-même, qui a désigné HP comme l'élu en allant lui péter la gueule plutôt qu'en allant chez Neville. Ahlala, pas de chance, ya des jours où on ferait mieux de rester au lit).

Bref. Je m'égare. A force de regarder souvent un film, tout te paraît familier, c'est comme ouvrir la porte vers une pièce connue de la maison, tu t'installes tranquillement dans l'univers, limite tu mets tes chaussons. J'imagine que vous avez vous aussi vos films chouchous. Souvent, ils sont liés à des souvenirs particuliers ou des périodes bien précises de la vie. Impossible pour moi de revoir Virgin Suicides sans redevenir mon moi de 17 ans. Impossible de revoir Fight Club sans avoir 16 ans à nouveau. Impossible de revoir Lolita Malgré Moi sans être de retour en prépa à 18 ans, ou The Beach sans avoir 25 ans toujours. J'ai même des films liés à des souvenirs très précis: par exemple, je me rappelle m'être endormie devant Contagion, m'être pris un rateau juste après avoir vu Ce que veulent les hommes (visiblement je n'avais pas bien compris le film), ou avoir vu Rango complètement perchée après avoir fumé moult joints (honnêtement je ne me rappelle quasiment pas du film, j'étais coincée dans le canapé d'un pote et je n'arrivais plus à parler. J'avais l'impression d'être en train de faire un voyage astral aux confins du cosmos sans bouger, pendant que ce lézard à la con faisait des trucs improbables à l'écran. Expérience un peu traumatisante).

Re-bref. Donc j'ai une forte tendance à me créer des doudous un peu partout, que ce soit les films, les séries, les livres ou la musique. Le Grand-Briton l'a d'ailleurs bien compris durant ce confinement: "Mais en fait tu écoutes les 5 mêmes chansons en boucle", m'a-t-il fait remarquer hier. L'algorithme de Youtube aide beaucoup, mais c'est vrai qu'il y a des chansons que j'écoute tous les jours (notamment Harder de Jax Jones & Bebe Rexha). Il l'a aussi compris quand j'ai téléchargé les 13 saisons de Naked and Afraid (le pitch: deux inconnus sont lâchés dans un milieu hostile type jungle ou île déserte tout nus et ils doivent survivre pendant 21 jours) et quand j'ai entrepris de regarder ces 130 épisodes sans interruption, sans vouloir regarder autre chose (mono-obsession bonjour). Je me soigne, hein. Enfin j'essaie. J'ai accepté de limiter le visionnage à un épisode par jour (m'en fous, je regarde The Circle Brésil et Koh Lanta de 2011 de mon côté, donc bon).

Tout ça pour dire que récemment j'ai lu un article qui parlait des films ou des chansons qui nous rappelleraient le confinement. Le titre c'était quelque chose comme "Votre playlist du confinement". Super. Personnellement, ce n'est pas nécessairement une période dont je mourrai d'envie de me souvenir, mais en fait, à force d'écouter les mêmes chansons en boucle et de regarder les mêmes séries tout le temps, ma playlist du confinement s'est crée à mon insu.

Avant il y avait les tubes de l'été, maintenant j'ai mes hits du confinement.

J'ai prévu de revoir The Beach cette semaine, histoire de m'évader un peu. Entre Koh Lanta, Naked and Afraid et ça, je crois que mon corps m'envoie un message: on veut voir de la nature. On veut voir une plage. Et surtout, on veut rêver un peu à un monde où l'on peut voyager, partir loin (si l'on en a les moyens), s'enfuir, se cacher, se promener dans les bois, aller acheter du pain sans attestation, dire fuck et monter dans le premier train, tout quitter en vidant son (maigre) compte en banque, aller à la rencontre de soi-même à l'autre bout du monde.

Patience. Le temps de la fuite, même dans le Berry, même sur les bords de Seine ou dans le bois de Vincennes, reviendra.

J'en ai des fourmis dans les jambes.

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Ma life

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