Bref. Je fais mon mémoire.
Publié le 7 Octobre 2011
Hier, je vous parlais donc de mon mémoire. C’est un « work in progress ». Je l’ai officiellement commencé en janvier. C’est un peu comme un bébé quoi, il a mis neuf mois à sortir. Sauf que je vais joyeusement le faire adopter par mon école de commerce dès que possible, et que je ne veux plus jamais en entendre parler. (cliquez pour agrandir)
Le mémoire, les rapports de stage, écrire une lettre de motivation, remplir un dossier pour la Sécu… Face à ces activités palpitantes, même réaction : je ne veux pas y aller. Déjà, je mets un certain temps à me dire que je vais m’y mettre. Avant, je suis dans le déni et l’affirmation pure et simple : non, là c’est trop tôt, c’est ridicule, j’ai le temps, on ne va pas se mettre la pression inutilement. Je vais plutôt m’octroyer une période indéfinie de vacances, qui est proportionnelle à la longueur de ce que je dois produire. Par exemple, pour mon mémoire de cinquante pages, j’ai mis quatre mois à me dire qu’il fallait que je commence à y penser (en mai).
Après les vacances, il y a la phase de culpabilité. Elle arrive plus ou moins tôt selon les gens. Moi qui suis assez anxieuse de nature, c’est arrivé assez vite, dès mai donc. Attention, ce n’est pas pour ça que je me suis attelée à la tâche. C’est juste qu’avant, je n’avais aucun scrupule à ne rien faire. Là, quand je regardais tranquillement Secret Story ou que je buvais mon sixième Silver Cosmo de la soirée, je ressentais une petite gêne au creux du ventre. Un tiraillement, un minipouce qui me pokait en criant de sa petite voix nasillarde : « Hé, tu devrais pas plutôt faire ton mémoire ? Tu es vraiment une branleuse ! » Mais finalement, on s’habitude à se sentir coupable, et on glande deux fois plus en étouffant le minipouce sous un fleuve de America’s Next Top Model et de Meet the Kardashians.
Je vous hais, les minipouces.
Troisième étape : la pression. Généralement, celle-ci provient des autres. Les horripilants qui ont tout fini depuis des mois. Les agaçants qui ne parlent que de ça en répétant qu’ils doivent s’y mettre, en mode méthode Coué. Les parents, qui rabâchent des évidences du genre « Une fois que ce sera fait, tu seras tranquille » et « Mieux vaut t’y mettre maintenant tant que tu as encore un peu le temps » suivi de « De toutes façons, je te signale que tu n’as pas le choix, à telle date il faut que ce soit fini ! »
Dans mon cas, la pression vient s’ajouter à la culpabilité, mais elle ne me pousse toujours pas à m’y mettre. Simplement, à côté du minipouce culpabilisateur, il y a à présent un golem aveugle qui me serre le cœur et me fout de mini-crises d’angoisse, en disant de sa grosse voix désincarnée : « Tu.dois.faire.ton.mémoire. Tu.es.dans.la.m****. Bouge.toi.le.c** » (oui, c’est un golem assez mal élevé). Il est beaucoup moins facile à faire taire que Minipouce, mais tu peux l’amadouer à coups de verre entre potes, de brunchs délicieux et de re-regardage des deux premières saisons de Misfits.
Toi. Faire. Mémoire. Now.
Enfin, un beau jour, je me suis rendue compte que je venais d’atteindre la red zone : si je ne m’y mettais pas maintenant, je risquais de ne pas avoir matériellement le temps de rendre le travail. Gros coup de stress : Golem et Minipouce, qui se faisaient de plus en plus pressants dernièrement, ont jubilé et m’ont harcelée sans cesse. Du coup, je me suis décidée : je m’y mets.
Notez qu’il ne s’agit ici que de la décision de s’y mettre. Tout ce processus a déjà pris pas mal de temps (dans mon cas, presque sept mois). Parce que concrètement, ce n’est pas aussi simple. C’est le début de l’épineuse période intitulée « Je fais mon mémoire » (ou tout autre truc relou). J’ai dit à tout le monde que j’étais lancée. J’ai refusé des invitations pour des activités toutes plus chouettes les unes que les autres parce que « je faisais mon mémoire ». Je ne voyais plus grand-monde, ni la semaine ni le week-end. J’ai dit à mes parents que ce n’était pas évident en ce moment, parce que « je faisais mon mémoire », et ils ont bien compati. Du coup, je passais plein de temps toute seule chez moi, à glander devant Les Chtis à Ibiza et les Sims Médiéval, à tourner en rond, à appeler des gens pour dire que « je faisais mon mémoire », à refuser encore des invitations, à répondre à ma mère que oui, j’avançais bien. Et un jour, j’en ai eu marre de végéter. Telle Chuck Norris, je me suis dit : « Il est temps d’en finir ». J’ai bloqué un jour entier, dédié à ce put*** de mémoire, en tête à tête avec l’ordi. Je me suis couchée tôt la veille, j’ai prévu du jus de fruit et du Coca Zéro dans le frigo, des céréales et des pommes pour un petit déjeuner de championne. Et j’ai dormi du sommeil du juste.
Voici le déroulement de la journée qui a suivi :
8h30 : Le réveil sonne.
10h : Je me lève. Je checke mon Facebook, mes mails, mes flux RSS. Haha, trop lol l’article de Girls and Geeks.
10h30 : Miam, j’ai de quoi petit-déjeuné. Cool, un nouvel épisode de The Big Bang Theory. Parfait, je le regarde en savourant mes Trésor goût noisette. Oh, il y a aussi un épisode de Raising Hope que je n’ai pas vu. Ce ne dure que vingt minutes, allez.
11h30 : Bon, c’est l’heure de s’y mettre. Je vais me doucher et m’habiller, ça me mettra en condition.
Midi : Ah, me voilà prête. J’ouvre mes documents de travail Word, PDF, Excel, et deux pages Internet. J’ouvre Itunes pour écouter de la musique en même temps. Sur ma homepage, il y a mes flux RSS et je me rends compte que Boumbox a publié un nouvel article. Je le lis.
12h15 : Je n’ai pas faim du tout, mais je n’ai aucune envie de bosser. Autant déjeuner maintenant, comme ça je m’y remets vite et plus efficacement. Je me cuisine de bonnes petites nouilles chinoises avec une sauce soja relevée, des petits champignons, des petits morceaux de poulet et des petits oignons asiatiques. Tout ceci prend beaucoup de temps à couper en morceaux.
13h : Je m’attable devant mon repas et Tellement proches, le dernier DVD que j’ai acheté (avec Vincent Elbaz, Omar…) C’est marrant.
14h30 : Oui, c’était décidément très marrant, ce film. Haha. Bon, c’est pas tout ça, mais il faudrait s’y mettre. Sauf que j’ai un peu mal à la tête, maintenant. Le DVD m’a un peu endormie. Je vais me poser un peu avec un bouquin, comme ça je serai fraîche et dispo tout à l’heure.
15h : Je suis beaucoup trop bien dans mon lit, à lire le dernier Douglas Kennedy. Mon oreiller est super confortable, en fait. Dehors, il y a un grand soleil, c’est d’autant plus jouissif de glander, comme si c’était les vacances. Mes yeux se ferment tous seuls. Je ne résiste pas : je pose mon livre. Une sieste éclair, et je m’y mets.
18h : WTF !!! J’ai dormi trois heures ! Mince mince mince. J’ai un peu mal au crâne et aucune envie de bosser. Mais il faut que je me remue. Il y a pas mal de vaisselle dans l’évier, et j’avais dit que je ferai une lessive ce week-end. Je vais commencer par me débarrasser de ça, avant de m’atteler au mémoire.
19h : Voilà, on y voit plus clair. Ca a pris un peu plus de temps que prévu, mais c’est parce que ma pote a appelé, elle voulait me proposer un ciné ou autre chose ce soir. Je lui ai répondu que j’étais désolée, mais que « je faisais mon mémoire », et que j’avançais bien, donc je préférai ne pas me déconcentrer. Allez, on y va. Je vais relire ce que j’ai déjà écrit, tiens. Mon intro, quoi.
19h15 : Pas mal. Trop easy ce mémoire en fait. Ecrire le reste va aller tout seul. Pour la peine, je vais me faire à dîner tiens. Et regarder Jersey Shore en même temps.
20h : Ah, ça va mieux. Où en étions-nous ? Je vais lire cet article que j’avais mis de côté pour mon grand I.
20h05 : Mais j’y pense, We need to talk about Kevin est sorti au cinéma.
20h06: Il passe à l’UGC Gobelins dans vingt minutes.
20h07 : J’y vais ou pas ? Voyons voir. Ca va être du gâteau de le terminer, ce truc. Tiens, je m’y mets demain et je le finis en une aprem’.
20h08 : Bon, je vais au ciné.
23h : Wow, il était ouf ce film. J’ai bien fait d’y aller. Par contre, j’ai un peu losé aujourd’hui. Il est vingt-trois heures et je n’ai rien fait… C’est pas bien. Il faut absolument que je m’y mette demain. Ce soir, je me couche tôt. Il me reste des céréales et du jus pour le petit-déjeuner. Tomorrow is the day. Allez hop, au lit. Juste un épisode de Teachers pour s’endormir.
1h35 : Et zut. Fuck yeah Internet.