Chers collègues
Publié le 17 Juillet 2012
Bon, ca va un peu mieux au boulot cette semaine. Une petite bouffée d’air frais. J’ai passé la journée de samedi au bureau, à me lamenter sur mes week-ends amputés et sur la météo d’automne. Le soir, je suis allée boire des bières et danser à Bonne Nouvelle, avant de comater gentiment dimanche devant l’intégrale des trois premières saisons de Strip-Tease et devant ma famille de Sims parfaits. Bonheur.
Du coup, comme l’ambiance est encore très boulot-boulot par ici, je vous propose un petit jeu. Voici une typologie approximative des différentes sortes de collègues de bureau. Sauras-tu deviner où se placent Collègue Blonde, Collègue Copain, Spychopat, Chef, Stagiaire 1, Stagiaire 2 et moi-même ?
(Attention : si tu réussis un sans-faute à ce jeu, c’est que je t’ennuie à mourir avec mes histoires de boulot et que tu n’as vraiment pas de chance dans la vie, mais que je t’aime très fort tout de même).
(Note à Juklien : l’intégralité de cet article est rédigée au masculin pour simplifier la lecture. N’y vois ni confusion des genres, ni possible sexisme, ni flemme monumentale. Bisous !)
Le collègue geek
Il n’utilise plus sa souris depuis des lustres vu qu’il maîtrise à la perfection les raccourcis clavier d’Excel. Quand tu lui poses une question, il te regarde d’un air inquiet : « Mais, tu n’as pas une macro pour faire ça ? » Si tu lui avoues ne rien comprendre aux macros, il s’évanouit. Il est toujours partant pour bidouiller un truc, c’est le roi du plan D comme Débrouille technologique.
Phrase fétiche : « Je vais te mettre une petite formule ».
Objet fétiche : le manuel d’utilisateur Magnitude. Oui, c’est le genre de personnes qui lit le manuel d’utilisateur.
Relations : toujours utile en cas de besoin, rester en bons termes avec lui.
Le collègue garde-manger
C’est simple, il mange ses émotions, comme disent les Anglo-saxons. Un coup de stress et hop, il va faire un tour à la machine de l’étage pour trouver de quoi boulotter. Son mets préféré peut tout à fait être sain et équilibré, comme une Pom’pote ou une banane (mais ça peut aussi être un Snickers ou des Skittles). Simplement, comme nos petits amis les enfants, il a besoin de goûter à quatre heures, et de prendre une collation en fin de matinée. Il a toujours de la monnaie sur lui ou bien de quoi grignoter dans son tiroir. Son cousin le collègue distributeur-de-boissons fait quant à lui une fixette sur, par exemple, le Coca Zéro.
Phrase fétiche : « J’ai encore un petit creux, il reste des Dinosaurus ? ».
Objet fétiche : les gobelets en plastique, les serviettes en papier et les cannettes vides qui se multiplient comme par magie autour de son poste de travail.
Relations : un collègue qui doit devenir un ami si possible. On n’est jamais à l’abri d’une fringale de fin d’après-midi.
Le collègue maniaque
Quand tu jettes un œil le soir sur son bureau, tu as l’impression qu’il est arrivé en poste hier. Pas une feuille qui dépasse, les stylos regroupés dans le pot à crayon, aucun Post-it qui traîne, les ciseaux, l’agrafeuse et la calculette bien alignés. De ton côté, il y a des miettes par terre (merci Collègue Garde-manger), des feuilles volantes entassées à la va-vite et un Post-it scotché à l’écran qui dit « Le rappeler vite », sans autre précision. Collègue Maniaque aime les règles, l’ordre et les processus bien établis. Il choppe une crise d’angoisse s’il reste une après-midi sans trier sa boîte mail en une multitude de petits dossiers soigneusement emboîtés.
Phrase fétiche : « On prend quoi comme couleur d’intercalaire ce trimestre ? ».
Objet fétiche : les pochettes multicolores qui lui permettent de trier tout et n’importe quoi et de faire de jolies piles sur le bureau.
Relations : certains apprécient son organisation, surtout au travail, d’autres ont envie de le zigouiller avec sa trouilloteuse. Question de point de vue.
Le collègue crush
De loin le plus perturbant. Tu as le béguin pour lui, avoue-le. Depuis le moment où tu l’as aperçu dans son petit costume-cravate, depuis l’instant où il t’a fait une blague sur le café à la machine, depuis la seconde où il t’a souri quand tu l’as aidé à obtenir ses mots de passe le premier jour. Tu le kiffes. Il respire le même air que toi dans l’open space et ce simple fait suffit à t’empêcher de bosser correctement. Quand tu vas photocopier un dossier pour ton chef, tu le visualises à poil contre la machine. Parfois, tu le regardes, il te regarde, tu amorces un regard séducteur, il reste froid, et tu te rends compte qu’en fait il scrute le calendrier dans ton dos.
Phrase fétiche : « Bon, ben je crois qu’on est bon pour rester tard ce soir tous les deux ! ».
Objet fétiche : son charme incommensurable qu’il trimballe partout avec lui, même à la cantine, au-dessus de l’escalope milanaise-choux de Bruxelles.
Relations : si tu n’as pas d’obligations extérieures du genre plein de boulot à rendre ou une tendre moitié dans ta vie, c’est que du bonheur. Attention au passage à l’acte cela dit, ça peut devenir compliqué.
Le collègue branleur
Le matin, il arrive tranquillou pilou, sans se presser, en évoquant d’improbables problèmes sur la ligne 3. Sa routine du matin, c’est 9gag, site d’infos, Facebook, textos, mails perso. Puis il ouvre un fichier Excel dans un coin de son écran et s’attaque aux tâches urgentes : réserver son hôtel à Prague, mettre à jour son blog et son Tumblr, faire du shopping en ligne ou dénicher des adresses de brunchs branchés qu’il aura toujours la flemme de tester. Parfois, il a un coup de bourre et il se met sérieusement au travail, en râlant. Mais rapidement, il retrouve son rythme de croisière piano piano, devant son écran qu’évidemment, personne ne peut voir accidentellement.
Phrase fétiche : « Je suis sur quoi en ce moment ? Oh, du paramétrage, des sujets de fond…».
Objet fétiche : son Iphone, qui lui permet de glander à souhait sur Instagram ou Drawsomething, même en réunion.
Relations : faut voir. Si tu ne travailles pas directement avec lui, c’est sympa parce qu’il est toujours partant pour faire une pause. Sinon, retrousse tes manches et prépare-toi à bosser pour deux.
Le collègue fêtard
Cravate de travers, barbe de trois jours, yeux chafouins à moitié fermés et café à haute dose à longueur de journée, le fêtard a une double vie. Le jour, il fait illusion et fournit une performance tout à fait acceptable, bien que ponctuée de quelques retards par-ci par-ça et d’éventuelles nausées post-cuite. Très sociable, il organise toujours des apéros entre collègues, qu’il anime en racontant ses dernières anecdotes de soirée. Le genre de mec que tout le monde aime bien, jusqu’à ce que tu le croises un samedi soir ivre mort au Memphis, une fille pendue à son cou, la chemise déchirée et l’équilibre vacillant.
Phrase fétiche : « Mec, c’est moi ou elle est très très longue cette journée ? ».
Objet fétiche : le Doliprane. Et le siège des toilettes, pour des siestes-éclair.
Relations : Après cette fameuse soirée au Memphis, soit il t’est devenu très sympathique, soit tu préfères ne pas trop copiner avec lui. Dommage, il connaît plein de bons plans pour sortir.
Le collègue radin
Particulièrement pénible, il essaie de gratter sur tout. Le jour de son anniversaire, il arrive à trouver un prétexte pour ne pas apporter les sacro-saints croissants pour tout le monde. Il ne prend jamais rien à la machine, mais accepte toujours quand Collègue Garde-manger propose une moitié de Kinder Bueno. C’est le roi de la combine : il connaît sur le bout des doigts toutes les réductions fiscales, les offres des banques sur Internet, et les sites sur lesquels vendre et acheter moins cher. Le fait qu’il soit économe n’est pas un problème ; ce qui est relou, c’est qu’il ne participe jamais aux cadeaux de départ ou qu’il ne paie jamais sa tournée au moment du café.
Phrase fétiche : « T’as vu, j’ai réussi à déjeuner pour deux euros ! Assiette de pâtes yaourt nature, trop fort ! ».
Objet fétiche : Les oursins qu’il garde dans ses poches.
Relations : Autant tu peux apprendre plein de trucs sur comment établir un budget cohérent et t’y tenir, autant tu peux vite en avoir marre de causer taux d’épargne autour d’un verre d’eau dans le couloir.
Le collègue sympa
Que dire de plus ? Il est sympa. Il sourit le matin. Il te propose de faire une pause de temps en temps et vous papotez de tout et de rien. Il sait quand tu en as marre, quand tu avances bien et que tu veux te faire la malle l’an prochain. Mais il le garde pour lui. Il t’envoie de petits mails privés de temps en temps du genre « Je veux mourir, j’en peux plus » et tu lui fais un mini-dessin pour le réconforter. Ou alors tu viens faire une pause d’une demi-heure dans son bureau pour qu’il débriefe la soirée de la veille. C’est à côté de lui que tu t’assois aux déjeuners un peu formels et il va te manquer quand il changera de poste. Ah, et il a le même humour que toi.
Phrase fétiche : « Hé, hé, dis… On va faire une pause ? ».
Objet fétiche : De la compassion, de l’empathie, de l’humour, de l’optimisme, de l’entraide, des potins, tout ce qu’il faut pour supporter les journées de boulot.
Relations : Je crois que tu t’es fait un ami là. C’est précieux, tu peux remercier Tu-sais-qui (les ressources humaines).
Et vous, ils sont comment vos collègues ? Non, « chiants » n’est pas une réponse acceptable...