Des nouvelles du travail-normal
Publié le 4 Décembre 2012
Salut les copains, j’espère que votre semaine se passe bien, malgré la pluie, le froid, le vent, et ceux chez qui il fait beau (ils se reconnaîtront), je ne veux pas le savoir. J’ai toujours la tête dans mes culottes, avec en petit bonus des histoires de lino plastifié impression parquet et de papier peint acheté un dimanche après-midi au Leroy Merlin de Saint-Denis, joie et paix sur la Terre. L’important, c’est que ça avance, notamment le chouette site Internet sur lequel travaille mon adorable agence, ou, comme je les surnomme parfois affectueusement, les deux clampins du site Web. A part ça, je rêve en danois de Mads Mikkelsen après avoir vu l’incroyable Royal Affair, et je traduis toutes les chansons en français après être allée voir les Franglaises vendredi dernier, de l’or en barre ce spectacle ! Une reprise de Smooth Criminal en traduction littérale : Annie est ce que ça va ? Tu as été victime d’un doux criminel, ou bien les mots francisés des Village people : Dans la marine, on a besoin d’un coup de main ! C’était terrible.
Bon, sinon je suis au travail, comme d’habitude. Le travail-normal, pas le travail-culottes. On nous a changé nos écrans la semaine dernière, parce qu’on est passé à Office 2010. Ne me demandez pas le lien entre ces deux évènements, il n’y en a pas. Pourtant, on a récupéré des écrans méga grands qui nous servent principalement à afficher plus de lignes et de colonnes Excel. Dire que ma petite cousine tuerait pour jouer à WoW avec…
Dans ma boîte, l’installation d’Office 2010 est apparemment manuelle, dans le sens où c’est un mec de la Direction des Systèmes d’Information (DSI) qui vient jusqu’à toi, le jour où tu as pris rendez-vous avec lui, pour te l’installer sur ton PC. Le monsieur (oui, il n’y a que des Monsieur) arrive, te demande tes codes et puis emporte ton unité centrale trois étages plus bas, pendant trois heures. Autant te dire que j’étais au bord du gouffre jeudi dernier, quand j’ai vu ma bonne vieille bécane Lenovo se faire la malle. Toute une après-midi sans Internet, la fin du monde. Heureusement, ma chef a eu une brillante idée : je suis allée quémander les codes de quelqu’un d’autre et je me suis installée au poste d’un mec de la compta. Dans le bureau de la compta, donc.
Ça paraît anodin, mais à mon étage, personne ne se balade gaiement de bureau en bureau. Chacun reste confiné chez soi comme s’il y avait une zombie-épidémie, sauf en cas de question bien précise et work-related. Je suis donc entrée dans le grand open space inconnu sur la pointe des pieds, comme un invité qui a peur de salir ou de casser quelque chose. Ils m’ont mis au poste d’un mec que je ne connais pas, dont le mot de passe Windows est Monaco1. Pourquoi pas. Le souci, c’est que deux personnes étaient dans mon dos et voyaient mon écran. Pas moyen d’aller surfer la vague du Net tranquille. La mort dans l’âme, j’ai donc fini par travailler vraiment. On m’a offert un nounours à la guimauve au goûter, ainsi que beaucoup de sourires et une blague ou deux. Limite, à la fin, je ne voulais plus partir. Ils sont sympa à la compta.
D’ailleurs, toutes mes excuses si je reviens à nouveau sur le sujet Spychopat, mais le cas du pauvre garçon ne s’arrange pas. Le fait que je m’en aille vendre des nuisettes aux quatre vents a l’air de beaucoup l’intéresser, et il n’en finit pas de me poser des questions ou de me donner des conseils. Jusque-là, ok, pourquoi pas. Mais l’autre jour, de but en blanc, en plein milieu de l’open space, il me sort : Tu sais, j’ai bien réfléchi : je crois que pour ta boutique, il faut que tu te démarques avec ta stratégie de com. Je suis toute ouïe, ça se trouve Spychopat est un génie de la pub, toutes les idées sont bonnes à prendre. Tu vois, les autres marques elles communiquent trop autour de la femme libérée, facile etc, et c’est triste, c’est trop vu et revu. Toi tu pourrais dire que tu as des valeurs, et montrer une femme en couple, sentimentale, pour qui le sexe est indissociable de l’amour, tu vois ? Un peu abasourdie, je tourne la tête à droite, à gauche : non, c’est bien ce que je pensais, Spychopat est parfaitement sérieux. D’ailleurs il continue : Je trouve dommage que des ados soient toujours bombardés avec des images de filles lascives, à moitié nues et toujours prêtes. Ça leur met trop de pression. Ça serait bien que toi, tu proposes une conception plus « sacrée » du sexe, que ce ne soit pas quelque chose d’anodin juste comme ça tu vois ? Je vois, oui. S’en est suivi un débat fort réjouissant sur le sexe (dans l’open space, oui oui). Je lui ai dit que je n’avais pas envie de faire entrer la notion de couple ou de non-couple en évoquant éventuellement le sexe dans ma com, parce que pour moi c’était deux choses différentes (même si souvent reliées entre elles). Spychopat m’a demandé si je trouvais normal qu’on voit des filles à poil partout. Je lui ai répondu que tant qu’on les verrait allongées comme des dindes sur des édredons ou dans des poses de poupées gonflables inanimées pour vendre des yaourts ou du parfum, oui ça m’embêterait. Mais qu’une affiche avec une ou deux filles en lingerie plus « actives » ou au moins drôles, ça me paraissait normal pour vendre de la lingerie. Ensuite Spychopat a évoqué les ligues de chasteté aux Etats-Unis et je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire. Il m’a jeté un regard affligé, il a hoché la tête et il a dit : Bon, je vois qu’on ne sera jamais d’accord. Je crois que Spychopat ne m’aime plus.
Pour terminer, j’aimerais vous parler de notre stagiaire, le dénommé Varan. Il a toujours les cheveux en bataille et les yeux rouges de la soirée de la veille. C’est le loser magnifique, le mec à la dégaine de cowboy dont le nœud de cravate est toujours défait. Il nous fait bien rire avec ses phrases sorties de nulle part et ses interventions fantaisistes. Il vit un peu dans un monde à part, dans le sens où par exemple il s’adresse au mini-koala en peluche qui est accroché à ma lampe de bureau (cadeau d’une collègue aujourd’hui partie du groupe). Il lui a foutu un ruban blanc emberlificoté sur la tête et l’appelle Lord Koala. Il y a toute une backstory, comme quoi Lord K a été envoyé en Australie pour surveiller les bagnards et pour réprimer les tentatives de rébellion de la Varannie indépendante. La Varannie, c’est parce que Stagiaire fait semblant d’être un varan. Je ne sais pas si je vous en avais déjà parlé, je crois que je radote un peu. Je vous avais dit qu’on lui lance des trucs comme T’es trop varan comme mec ? Bon, peu importe. Le Varan s’adresse donc à un koala en peluche avec du ruban sur la tête en prenant une (supposée) voix de lord anglais : Qu’en pensez-vous, Lord K ? Et récemment, il a une nouvelle marotte : il s’exprime comme un Sim. Pour les innocents qui n’ont jamais succombé à la terrible spirale de l’addiction aux Sims, il faut savoir que dans le jeu, les personnages s’expriment dans leur propre langage, fait d’onomatopées et de gestes évocateurs. Du coup, quand tu demandes un truc à Varan, il te regarde d’un air méprisant et te fait le geste de l’essuie-glaces avec la main en disant Han-han as in No way. Comme un Sim. Et quand c’est lui qui te demande quelque chose, il te regarde d’un air séducteur en faisant le geste de te « pêcher » vers lui et en chantonnant la petite mélodie du Sim dragueur. Bon, c’est un peu dur à expliquer. Mais c’est très drôle. Hier, il nous a fait le Sim chatouilleur, c’était énorme. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse sur cette incroyable série: plus de 3 millions de vues pour cette vidéo, et beaucoup d'émotions.