Folle tout court (et peut-être de mode)

Publié le 6 Avril 2012

Une lectrice charitable m’a fait remarqué mercredi soir que je ne devais pas être inspirée cette semaine, vu que je n’ai pas écrit ou très peu. Eh bien non, je suis tout aussi non-inspirée que d’habitude, c’est juste que je croule sous le travail. Spychopat doit m’expliquer des trucs cet après-midi, j’ai hâte. Ce midi, il nous a raconté qu’à dix ans, il était fan du Grand Bleu et qu’il s’entraînait à faire de l’apnée dans sa baignoire. J’imagine bien Petit Spychopat, se laissant glisser sous l’eau avec un air concentrée, répétant dans sa tête : « Je peux le faire ! Je peux battre mon record ! » Ca me le rend beaucoup plus sympathique. Surtout que j’ai eu une période Titanic au même âge ; notre passion commune de la presque-noyade ne peut que nous rapprocher.

Petite surprise mercredi matin : Collègue Blonde m’a demandée en amie Facebook ! Yay ! Je lui ai rapidement donné accès à mon mur (mais pas à mes photos). Elle a aussi requesté Spychopat, dans la foulée. Quand je lui ai demandé s’il comptait l’accepter, il a répondu : « Je vais voir ». Sympa.

Sinon, hier, j’ai fait une rencontre trop bizarre dans le bus qui me ramenait chez moi, après ma répétition. Une dame aux cheveux gris très longs, habillée n’importe comment, s’est pointée à l’arrêt de bus en parlant toute seule. Je me suis dit, forte des préjugés des Parisiens qui prennent les transports en commun: « C’est sans doute une SDF ». Elle se demandait tout haut quand passait le bus, vu que le petit panneau qui donne les horaires d’habitude a été vandalisé (oui, vandalisé ma bonne dame, c’est comme ça qu’on dit quand l’écran est recouvert de marqueur noir indélébile). Grâce à mon fidèle Iphone, j’étais en mesure de lui répondre, m’étant demandé la même chose deux secondes plus tôt. Je lui glisse donc que le bus arrive dans cinq minutes. Qu’avais-je fait là ?

Sans hésiter, elle s’est assise à côté de moi et s’est lancé dans un monologue super flippant, alors que j’étais en train de lire un magazine avec en plus de gros écouteurs sur les oreilles (même quand je n’écoute pas mon lecteur MP3, je les garde, ça fait généralement fuir les gens comme elle). De mémoire, ça donnait un truc comme : Oh la la, le défilé de Sonia était affligeant. Toutes les robes étaient atroces. Pas une rayure ! D’habitude j’adore ce qu’elle fait, mais là, vraiment… Ah si, la dernière robe peut-être. Le mannequin la portait bien aussi. C’était une robe noire et ils avaient choisi une blonde. Ils auraient choisi une fille noire, ça serait allé aussi, mais une fille châtain, la catastrophe. Et les photos ne sont même pas en ligne sur leur site, je viens d’aller voir au cyber café ! C’est n’importe quoi. Mais c’est évident que c’est de la qualité. Moi j’étais couturière, je vois tout de suite si le tissu baille d’un côté. Sauf si c’est fait exprès, comme chez Comme des garçons !

Pendant que la dame s’adressait à moi comme si j’avais la moindre idée de ce dont elle parlait, je me contentais d’émettre de temps à autre des bruits polis et peu engageants du genre « Hmm hmm », tout en évitant soigneusement de croiser son regard. Elle m’a dit brusquement : Il est bien, le nouveau Glamour ? Je lui ai tendu mon magazine en priant pour qu’elle se taise. Mais non. Elle a continué de papoter avec elle-même et elle a fini par glisser cette phrase : En plus, je suis habillée n’importe comment aujourd’hui. C’est toujours pareil de toutes façons, c’est toujours les rédactrices de mode qui sont les plus mal habillées !

Et là, biberonnée aux films hollywoodiens plein de success stories débiles et de « rencontres déterminantes life-changing », je me suis dit : « Ca se trouve, cette dame qui ne ressemble à rien si ce n’est à la sorcière qui s’habille en vert dans le film Hocus Pocus est en réalité une rédactrice de mode super connue ».

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Si on devenait potes, on irait ensemble à des défilés, je pourrais rédiger des articles de mode, je deviendrais à mon tour super connue… Et je finirai comme Anna Wintour. Aïe. Malgré tout, je me lance et demande : « Vous êtes rédactrice chez qui ? » J’attendais Elle, Vogue, Cosmo…

Là, elle me répond : J’ai un blog, il s’appelle La Folle de mode.

Mes rêves de glamour et surtout la petite fille qui croit encore aux miracles au fond de moi ont décédé brutalement. Moi aussi, j’ai un blog. Certes, la dame aurait pu être Garance Doré ou toute autre semi-star de la blogosphère fashion, mais j’étais à peu près sûre que non. Du coup, j’avais encore moins envie d’écouter la suite du monologue. Heureusement, mon bus est arrivé. Malheureusement, elle m’a suivie à l’intérieur en continuant de me parler. On en était aux problèmes techniques de son blog : Il faut que j’appelle le webmaster, certaines des images ne se chargent pas bien. Il y en a une qui est beaucoup plus petite que les autres, c’est horrible, du coup il faut qu’on rajoute des bandeaux noirs sur les côtés, pff… Comme on a reçu les photos au format Adobi, c’est pas pratique…

J’ai mis trois arrêts à comprendre qu’en disant Adobi, elle parlait d’Adobe, que je prononce Adaube, comme une daube. Spychopat, à qui j’en parlais au déjeuner, m’a répondu : « Mais évidemment qu’on dit Adobi, personne ne prononce Adobe, c’est anglo-saxon ! » C’est cela oui.

Bon, donc voilà quoi, j’ai rencontré la Folle de mode, elle a donc un site où elle présente des photos taille cartes postales, sauf une qui est beaucoup plus petite que les autres. Et je vous invite chaleureusement à aller y faire un tour.

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Ma life

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