Generation Why

Publié le 20 Février 2012

Salut les digital natives, ça boume ce matin ? Ca fait quoi, d’être la génération Y dont tout le monde parle : les Inrocks, les politiques en campagne, les économistes en mal de sujets, les sociologues et même Jean-Pierre Pernault ?

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Boumbox a publié un article délicieusement foutage de gueule sur tout ce qui peut être écrit sur « les gens nés entre 1980 et 2000, qui ont grandi avec Internet ». La fameuse génération Y, celle qui arrive en ce moment sur le marché de travail. Le terme serait apparu en 1993 dans un éditorial du magazine Ad Age, pour décrire « les jeunes d’aujourd’hui », les enfants des baby-boomers post-Seconde Guerre Mondiale. Plus libéraux, moins conservateurs, les Millenium children ont des valeurs assez flous. On dit parfois qu’ils sont atteints du syndrome de Peter Pan, qu’ils retardent leur entrée dans l’âge adulte en restant plus longtemps chez leurs parents, en ayant des enfants plus tard et en ne se concentrant pas forcément sur leur carrière… Mais les conditions d’entrée sur le marché du travail ne facilitent pas un départ de chez Papa/Maman, comme l’illustrent les taux de chômage ahurissants des jeunes en Europe. Pourtant, ces Y qui galèrent pour trouver du boulot n’en ont pas moins des attentes beaucoup plus fortes que leurs aînés, concernant leur vie professionnelle. Ils veulent des responsabilités, être stimulés, avoir une bonne ambiance, bref, ils refusent de s’ennuyer, de se contenter de peu. En permanence connectée, multitâche et fondamentalement sociable, la génération Y est toujours branchée sur un flot d’idées, de nouveautés, de créations. Elle prend des initiatives et fonctionne au projet. D’aucuns lui trouveront une certaine superficialité et une tendance au zapping, mais n’est ce pas le cas pour toutes les jeunesses ?

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J'aimerais bien qu'on se poke en vrai au bureau.

La génération X, celle née entre 1960 et 1980, se met à écrire sur ses rejetons. Les X, ce sont les fameux baby-boomers, nés dans un monde en pleine Guerre Froide, sans repères, au futur incertain. Ils bénéficièrent de toutes les libertés conquises par leurs parents, mais n’ont pas forcément su quoi en faire. Les Y savent encore moins où ils vont, où aller. Du coup, ils agissent à leur niveau, en se préoccupant moins du big picture, la politique, l’économie, tout ça tout ça. En plus, il faut s’adapter à eux en entreprise, accepter qu’ils passent du temps sur Facebook, qu’ils refusent des boulots abrutissants. En parallèle, ils veulent désespérément du travail mais sont élevés dans une culture du stage qui arrange bien leurs employeurs. Bref, c’est tout et n’importe quoi, cette génération. Et c’est compréhensible : c’est celle qui subit le moins les normes de toutes sortes. C’est celle qui est la plus libre. Donc elle part un peu dans tous les sens.

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Je n’en peux déjà plus, d’entendre parler de la génération Y à tout va. Que mes parents me demandent ce que j’en pense. Que des journaux cherchent à expliquer et à tirer le portrait à coups de clichés d’une tranche d’âge qui s’en fout complètement et qui vit sa vie. Merci à Brain d’avoir souligné que Le Monde découvre visiblement les blogs. A mes yeux, la génération Y, c’est celle qui se développe, grandit et explore sans se soucier des plus âgés, dans sa bulle. A la marge. Celle qui mène des projets en s’appuyant sur ses pairs, et non sur ses aînés. Celle qui a des codes de plus en plus impénétrables et qui, bien loin de vouloir les imposer, les partager ou les revendiquer, sait se faire discrète, secrète, préfère évoluer en vase clos, et qu’on lui foute la paix. Généralement, on attribue un côté frondeur aux jeunes, un côté rebelle et révolutionnaire, dans un montage d’images de Mai 68, du mur de Berlin et de chansons de rock inspirées. Certes, il y a eu les Indignés en 2011. La génération Y s’est faite entendre, s’est révoltée. Puis elle est vite retournée à sa place. Peut-il encore y avoir une révolution en Occident ? Aucune idée. Mais de ce que j’ai vu sur le Web et ailleurs, cela n’a plus beaucoup de sens de poser la question en ces termes. Les jeunes ne veulent plus faire la révolution. Ils veulent une bonne connexion Internet, un boulot pas trop chiant, des potes avec qui boire des verres et des histoires de cœur/cul, et quelques projets excitants de temps en temps. Avec tout ça, je pourrais vivre heureuse jusqu’à ma mort.

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Sauf que c’est quasi-impossible de faire des généralités sur ces Y, qui ont de moins en moins de choses en commun et qui se segmentent de plus en plus en niches. Intéressons-nous aux Z, alors. La der des ders. On les appelle aussi la Génération M (pour Multitasking), ou, plus poétiquement, la nouvelle Génération silencieuse, en référence à celle née entre la Grande Dépression et la Seconde guerre mondiale. Une génération de fatalistes et de non-revendicateurs, qu’annoncent peut-être les Y. Le silence commence avec le vingt-et-unième siècle. Le monde dans lequel les Z atteindront la majorité, c’est encore le futur, mais on peut imaginer qu’il ressemblera à celui d’aujourd’hui, en plus connecté, et encore plus « en crise » de tout. Quand je vois ma petite cousine qui ne conçoit pas qu’à une époque pas si lointaine, « on devait acheter tous les DVDs qu’on avait envie de voir », qui a le Blackberry greffé au bout du doigt et qui fait sa hipster avec des photos au filtre sépia postées sur Facebook, j’ai un peu peur. Je la regarde s’approprier le Web, je croise fort les doigts, et je ferme les yeux. Bientôt, place aux jeunes sur les Internets.

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Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Considérations diverses

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