Glamour Cosmo etc (2)
Publié le 18 Octobre 2011
(Les images du mercredi, c’est bien aussi).
Petite revue de presse féminin aujourd’hui : j’ai lu le dernier Glamour dans le métro, et comme d’habitude, il y a du grand n’importe quoi et un ou deux trucs intéressants noyés dans le lot.
Alors déjà, très sceptique concernant l’article Première nuit, ça dit tout de lui. L’auteur part du postulat que le comportement sexuel correspond au comportement d’une personne en général. Par exemple, quelqu’un de « sauvage » cherchera toujours à s’imposer et ne sera pas stable, quelqu’un de tendre dans la chambre à coucher ne sera pas un(e) enfoiré(e) dans une autre pièce, etc… Ca se saurait, si on était pareil entre les draps (ou sur la table de la cuisine, hein) que dans la vie. Heureusement que le sexe est un univers de liberté, où on peut explorer d’autres aspects de nous que notre dimension sociale. Mais bon, apparemment, il faut être au lit comme dans la vie : poli, attentionné, courtois, pliant ses vêtements après les avoir enlevés et ne dérangeant pas trop la couette. Fun fun fun.
Tant qu’on est sur le sujet de la bagatelle, je me permets de corriger : non, le porno n’a pas « inventé » la catégorie Milf « en décidant de créer une nouvelle niche où caser toutes les ex-actrices qui commençaient à atteindre un âge fatidique pour les galipettes (environ 40 ans). » On peut lui reprocher pas mal de choses, mais s’il y a bien une chose que cette industrie maîtrise, c’est la règle de l’offre et de la demande. Dans le domaine du porno, qui touche à l’intime et qui se déroule dans une ambiance de confessionnal (le spectateur est seul juge de ce qu’il choisit de regarder), le consommateur ne transigera pas sur ses attentes, et si le créneau MILF marche bien, c’est parce que les hommes (et un tiers de femmes) veulent voir des femmes plus vieilles. Eh oui Glamour, ce n’est pas seulement une construction marketing : la vieille est un fantasme classique, voire récurrent. Et non, le premier exemple de Milf « grand public » n’est pas la mère de Stifler dans American Pie. Flaubert, dans son Education Sentimentale (1869), exprime l’amour qu’inspire chez le jeune Frédéric (18 ans) la belle Madame Arnoux, déjà mère et mariée à un autre. Voici un extrait de leur première rencontre : « Ce fut comme une apparition. Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu'il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. »
Je sais pas vous, mais je ne la visualise pas comme ça, Madame Arnoux.
Dans le roman Harold et Maude (1984), Colin Higgins raconte la rencontre entre Harold, 19 ans, et Maude, 79 ans. Ils finissent par tomber follement amoureux et consomment même leur passion. Ok, on est plutôt dans un cas de GMILF (Grand-Mother), mais l’idée y est. Idem pour Confessions d’un enfant du siècle, de Musset, paru en 1836 : le jeune Octave, 19 ans, tombe amoureux de la pieuse Brigitte, 30 ans… Et il y a sûrement bien d’autres exemples qui illustreront le fait que « de tous temps » (mon intro favorite à toute disserte de philo), la femme plus âgée et mère a été source de fantasmes…
Passons à autre chose. Le syndrome du mois, selon Glamour, c’est Je veux un homme, un faux ! L’auteur de cette chronique explique qu’elle fond régulièrement pour des personnages masculins de fiction, qui la font rêver (qui titillent ses hormones). Wahou, elle mérite le prix du sujet d’article le plus original. Tout le monde expérimente ça (surtout ado). Par exemple, j’ai eu un gros crush sur Viggo dans Le Seigneur des Agneaux (et alors ?) Ou Léo dans bon nombre de ses films (j’aime bien ses sourcils froncés). Ou Brad dans Fight Club (comme toutes les filles de Seconde B). Bref. Je m’égare. L’auteur sous-titre son article : L’homme parfait existe. Mais seulement sur grand écran. Je signale quand même que l’on peut s’éprendre de personnages de roman (dans mon cas, je pense que si j’avais rencontré le Romain Gary raconté par lui-même de La Promesse de l’Aube, je ne m’en serais jamais remise), de chanteurs etc.
Comment résister à cette mèche?
Bon, où voulais-je en venir ? Ah oui. Tous ces gentils fantasmes en restent généralement à ce stade, peuvent éventuellement nous aider à nous endormir et nous bercent comme des contes de fées, mais la femme adulte est depuis longtemps passée à autre chose (ce que l’on appelle la réalité du marché). Sauf certaines lectrices de Glamour, apparemment. Ainsi, le témoignage suivant : « J’ai l’impression que ma vie n’est qu’un scénario décevant ». La fille explique que quand elle se dispute avec son mec et quitte le restaurant, elle s’attend à retrouver son bien-aimé devant sa porte, muni d’un bouquet de fleurs, prêt à l’étreindre sous une pluie battante. En fait, il est parti jouer à la console chez des potes en attendant qu’elle se calme, ou un truc du genre. Une vraie drama queen celle-là, qui trouve son quotidien désespérément normal. Il y aussi ce témoignage : « J’ai compris que si j’étais une midinette enfermée dans un corps de warrior, c’était à cause de ces personnages de films ». Alors là, je dis non. Si tu n’es pas pourvue d’un cerveau capable de faire une distinction claire entre fiction et réalité, c’est bel et bien ta faute. Sans compter que tu es sûrement la première, en soirée, à prononcer des phrases comme « Le porno, c’est terrible, après les hommes confondent ce qui se passe dans les films et dans la réalité et ils croient par exemple que toutes les filles s’épilent intégralement » (ce que tu te sens probablement obligée de faire, parce que tu as justement des problèmes à saisir le concept de « fiction »).
(Par devers moi, je caresse le secret espoir de lancer un débat sur l’épilation féminine en commentaires. Réalisez mon rêve, s’il vous plaît !)
Bon, sinon, Glamour nous fournit quelques stats intéressantes sur les femmes et leur boulot. Selon le panel de 25-35 ans interrogées, 59% se déclarent épanouies dans leur travail. Plutôt rassurant. D’un autre côté, 62% des femmes avouent se focaliser sur leur vie amoureuse plutôt que sur leur carrière. Ces deux pourcentages se recouperaient-ils (et les épanouies ne seraient-elles alors qu’indifférentes) ? 59% aimeraient monter leur boîte, et 55% ont une activité annexe (type blog ?) Cela semble renforcer la théorie du « faisceau d’activités » (c’est stylé, je viens de l’inventer) énoncée dans un précédent Glamour et développée ici par votre serviteuse (oui je sais que ça ne se dit pas) (mais j’aime pas votre serviteur) (ni votre servante) (j’invente des mots, j’ai le droit !)
Pas encore lu Biba ni Cosmo. Par contre, je vous recommande chaudement le dernier numéro de Snatch, qui, même s’il est bourré comme d’habitude de tics pseudo branchouilles et parisiens, publie quand même des articles qui valent le détour : un dossier sur la légalisation du cannabis, un hommage approfondi à DJ Mehdi, une immersion dans le milieu du PMU, une interview de Vincent Lacoste aka le héros des Beaux Gosses, un portrait de Ryan Gosling… Je ne le lis que depuis deux exemplaires mais il gagne à être connu. Parfait pour les matins de win où j’arrive à avoir une place assise sur la 7!