Glamour Cosmo etc (9)

Publié le 25 Juillet 2012

Après le blowjobgate d’hier, j’ai décidé de ne pas ajouter de l’eau à ce moulin. L’article originel d’Elle est ici, il s’intitule La pipe, le ciment du couple. Petit florilège de réactions : Le Boulevardier, Les pensées de Manu, le blog Sexologie du Monde, Gaëlle-Marie Zimmerman. Ma réaction préférée est celle d’un ami : « Et le cunni alors ? » C’est vrai ça. Le cunni, mortier du couple.

Du coup, même si je n’ai pas envie d’écrire sur l’importance de la fellation dans la résolution des conflits de couple, je me suis dit que ça faisait longtemps que nous n’avions pas fait un tour du côté des magazines féminins. J’ai acheté, comme chaque mois, le trio gagnant Cosmo/Glamour/Biba, et j’ai été fort déçue. A la lecture des deux premiers, impossible de faire un article : ils étaient juste nuls sans être drôles, et parlaient beaucoup moins de couple et de sexe que d’habitude, au profit de dossiers sur la crème solaire, la cellulite et où dormir à Marrakech. Mais c’était sans compter sur mon fidèle Biba et sa couverture turquoise.

http://image.magazine3k.com/data_images/2012/07/04/1341394706_medium.jpeg

Après les sempiternelles pages de catalogue répertoriant des porte-clés Colette à cinquante euros et un épluche-légumes en forme de geisha rose fushia, passons au vif du sujet avec la chronique « c’est dans l’air » : Toutes sur des talons de 16. L’auteur se penche sur l’épineux concept des fuck-me shoes, des chaussures sexuellement agressives (comme les escarpins à talons de seize centimètres de haut, par exemple). Le terme est très difficile à manier du fait de son historique : comme le rappelle l’article, il a été inventé à l’origine par les féministes américaines pour condamner leur côté assez pute. Par « féministes américaines », il faut en fait comprendre l’Australienne Germaine Greer, une figure importante du féminisme, qui popularisa le terme dans les années 90. Germaine condamnait ce type de chaussures car elle affirmait que celle qui les porte ne le fait que pour attirer l’œil des hommes en se conformant à une image de femme-objet, et non pour elle-même. Mais, comme nous le dit très bien Biba, porter des fuck-me shoes, c’est aussi une manière de s’affirmer par l’audace et l’ostentation. Point de slut-shaming chez nous, ma bonne dame : une femme doit pouvoir s’habiller comme elle souhaite, en mettant en avant ses attributs sexuels et en éveillant le désir masculin si elle en a envie. On est d’accord là-dessus. Biba s’emmêle un peu dans ses justifications mais arrive à la même conclusion : D’évidence, celles qui en portent souhaitent attirer le regard. […] Dans une société mondialisée, d’indifférenciation, elles veulent exister. Alors, elles paradent. D’où le concept de peacocking, de peacock, paon en anglais (et non de cock, je vous vois venir) : les femmes se pavanent en affichant leurs plus belles couleurs pour mieux plaire aux hommes. Mais apparemment, les fuck-me shoes n’envoient pas le même signal qu’une mini-jupe ou un décolleté : elles disent « Regardez-moi, j’aime les rencontres, mais c’est moi qui décide » ! Alors que quand tu décides de montrer un peu tes seins pour appâter le chaland, tu envoies un signal qui dit « Viens là, j’aime les rencontres et tu vas pouvoir profiter de moi ! » Et l’auteur de se demander candidement s’il faut voir une forme de fétichisme dans le fait que ces FM shoes rendent certains hommes fous.

http://2.bp.blogspot.com/_9yCA0ZeHnyI/SkCdxualQDI/AAAAAAAABAI/OcsmRky3Sls/s400/fmeshoes2.jpg

Mais évidemment, qu’il faut y voir une forme de fétichisme. Notez bien que ce n’est pas grave, hein, le fétichisme n’est pas un gros mot, il n’y a aucun problème à être fétichiste des talons, du nombril ou du mohair, par exemple. On ne parle pas de talons de six ou sept centimètres, comme la plupart des escarpins que vous croisez en soirée (au boulot, c’est souvent un peu moins pour tenir toute la journée). Là, on parle de plus du double. A partir de dix centimètres, même en étant super entraînée, il est tout bonnement impossible de marcher normalement avec de telles chaussures. Que les fuck-me shoes rendent folles bon nombre d’hommes et que certaines femmes en jouent, notamment « dans l’intimité », comme dirait Biba, ça ne me pose aucun problème. Mais comment font-elles, celles qui les portent en soirée (parce que clairement, au quotidien, c’est impossible), pour ne pas avoir l’impression de n’être que de grandes potiches ? Leur marche est complètement ralentie et entravée, cela limite leur facilité de mouvement, les réduisant plus ou moins à des poupées immobiles (sans parler de la douleur). Comme le disait l’amie Germaine, you can’t walk in them but you can wear them in bed. Chacune est effectivement libre de ses choix, mais porter des talons qui ne t’empêchent pas de faire cent mètres à pied, c’est aussi affirmer que tu n’es pas un objet mais bien un être indépendant. Enfin il me semble. Sauf si tu es Lady Gaga et que ta vie est une performance avant-gardiste.

http://www.ladygagawallpapers.com/wp-content/uploads/2012/06/Lady_Gaga_Shoes_high_heels.jpg

Après ce long passage sur les chaussures, enchaînons avec le reste du magazine. Un article intitulé Ce que sa façon de se jeter à l’eau dit de lui. Fidèles lecteurs, après quelques exercices du genre, vous devez être rodés et vous devriez pouvoir deviner sans peine les bonnes réponses. Si je vous dis qu’il pousse un cri sauvage et fait la bombe, c’est ? C’est ? Une grande gueule immature incapable de s’engager et éjaculateur précoce, bravo. Se relaçant le maillot, il se mouille les extrémités (non, pas celle-là), la nuque, le torse…, c’est ? Un mec à l’ancienne toujours rassurant, un peu froid sauf au lit (le moment où il explose). Je vous passe le reste de l’analyse psychologique.

Penchons-nous plutôt sur une question des plus cruciales : comment savoir que nous plaisons à notre vis-à-vis ? Sept signes qui prouvent que Là, il est open ! Tiens donc, devinez qui a écrit cet article : notre ami des fuck-me shoes ! Voyons voir.

1. Il nous regarde d’abord, puis très vite, il regarde ses pieds.

Bon, on a affaire à un grand timide, et non à un fétichiste de ses propres pieds. Pauvre petite chose. Il faut donc le rassurer avec bienveillance, en le lançant sur un sujet qu’il connaît par cœur. Que d’attentions pour ce jeune homme. J’espère qu’il a les mêmes vis-à-vis d’une jeune timide.

2. Il nous vanne

Oui, ça c’est connu. On sait où ça mène, le taquinage bon esprit : au lit. Biba conseille de ne pas prendre la mouche, il pourrait croire qu’on n’a aucun humour. Du coup, on lance une petite répartie, et puis on repart sur de saines bases. La relation ne peut se construire sur de l’ironie. Mince, je crois que toutes mes interactions sociales sont fondées sur l’ironie. Sinon, on devient potes, à se taper le bras et boire des bières devant The Voice = anti-séduction. Tellement faux, Biba. Je sais que tu ne conçois pas que ton mec puisse aussi être un de tes meilleurs amis, mais un mec qui est capable de regarder The Voice en rigolant puis de faire du sexe comme une bête après, je ne vois pas de programme plus alléchant.

3. Il évite de mater nos seins

Oui alors bon, ça, ça s’appelle la politesse normalement. Mais on peut aussi dire qu’il feint l’indifférence, si tu préfères, ou appeler ça une touchante inhibition.

4. Il lève un sourcil (juste un)

Surtout, ne pas y voir de la suffisance. Juste, il déroule un numéro de charme à l’ancienne. Ah ok, merci de m’avoir prévenue. Sinon, j’aurais sans doute pensé qu’il avait un tic. Que faire en réponse, d’après Biba ? On y va de sa fossette ou de son pouce en bouche, bref, le tic qui fait boum. Subtil, dis donc, de se fourrer le pouce dans la bouche pour rappeler le ciment du couple.

5. Il rappelle tout de suite

On le sait, s’il ne rappelle pas, c’est qu’il n’est pas intéressé, les films hollywoodiens nous l’ont assez seriné. Donc, on décroche, what else ? Oui c’est vrai ça, what else ? Et on reste naturelle, pas de voix clitoridienne, on n’est pas une escort girl. Je serai curieuse d’entendre mon clitoris parler tiens, je suis sûre qu’il aurait plein de trucs à dire.

6. Puis, il ne rappelle pas tout de suite

Alors là, forcément, je suis toute perdue ! Un coup il appelle, un coup il n’appelle pas ! Pas d’inquiétude : il est juste pétrifié par la vitesse à laquelle tournent les choses. Tourbillon, force 10. Rappelons qu’on a juste bu un verre et parlé deux fois au téléphone, hein. Faut-il revenir sur la terreur naturelle que suscite l’engagement chez l’homme ? Non, parce que ça va encore m’énerver, tu vas dire qu’il a besoin de rentrer dans sa grotte réfléchir, je vais mettre un pain dans la tête de tes explications pseudo-scientifiques absolument non-fondées, et ça va encore mal finir.

7. Il (ab)use des prétextes bidons

Genre, il a deux places pour un concert, comme de par hasard. La technique de drague la plus éculée du monde, qui fait toujours plaisir cela dit (avis à ceux qui auraient deux places pour un truc chouette « par hasard »). Et nous les filles, on réagit comment ? On joue les naïves. Croire à son hasard et à ses bobards inspirés par l’envie de nous voir et nous plaire, c’est décidément crômignon (sic). Il est trop choupinou mon zhom, il croit que je crois ce qu’il me dit alors qu’en fait je vois bien que c’est un gros niais.

Petit encart à la fin de l’article sur Comment faire le premier pas sans en avoir l’air ? Pourquoi forcément sans en avoir l’air ? Le bon conseil de Biba : Sourire… mais pas trop. Ah ouais, toi tu croyais qu’il suffisait de sourire, mais non, il faut faire attention à ne pas TROP sourire. Toutes ces considérations sont épuisantes et donnent envie de mettre une petite annonce sur Craiglist qui dirait Je cherche un mec pour du sexe et des séries télé sur canapé, et si toi c’est pareil, appelle-moi pour qu’on se rencontre. Si je te plais, tu m’envoies un texto et si tu me plais, j’y répondrai. Ensuite on pourra démarrer une relation. Cordialement.

Enfin, on arrive au grand dossier de Biba : 12 révélations sur le désir. D’où il vient, pourquoi il part et… comment il revient ! C’est (évidemment) le sujet qui nous turlupine. Finalement, le désir, c’est un peu comme une chanson populaire (désolée Claude, il fallait que je la fasse). Bref. Entre autres informations diverses et variées, on apprend dans cet article que :

- Seulement 6% des femmes jouissent lors de leur première fois, contre 74% des hommes.

Le sexologue Philippe Brenot considère que c’est l’une des plus grandes injustices entre les hommes et les femmes. Personnellement, j’en aurai vu quelques-unes à mettre plus haut dans le classement, mais bon. En plus, je pense que les raisons à cela sont à la fois anatomiques et psychologiques. Si on part du principe que la majorité des femmes vierges a encore un hymen intact (même si c’est loin d’être toujours le cas, puisqu’il se rompt assez couramment tout seul avant), le premier rapport sexuel pour la femme peut être douloureux du simple fait de la rupture de l’hymen, et donc ne pas être très propice à la jouissance. En plus, si c’est aussi la première fois de son partenaire, et c’est courant, il risque de ne pas « tenir » très longtemps, et donc il n’y aura pas forcément orgasme pendant la pénétration. Enfin, la première fois peut faire peur aux filles qui craignent la douleur, ce qui ne favorise pas non plus le fait de jouir. Cependant, la conclusion de Philippe face à cette « injustice », c’est que si [les femmes] y retournent, c’est bien parce que [leur] désir est plus fort que tout, non ? Moui, si tu veux.

- Le désir féminin ne peut naître, se développer, que s’il y a les conditions de l’amour.

Ha ha. Philippe, passe au Memphis ou autre en fin de soirée, tu verras ce qu’en pensent les filles, de tes conditions de l’amour préalables.

- Pour mettre la femme dans le mood, il faut y aller doucement et enclencher son ressort « sensoriel ».

Pour se faire, l’homme peut pratiquer le pussy hug, le câlin de chatte (si si). Au lieu d’entrer « brusquement » dans le vif du sujet, [il] doit poser délicatement et « gentiment » sa main en creux sur le pubis de la femme… comme s’il couvait un petit oiseau. Mais pitié, épargnez-nous ces métaphores débiles pour princesses immatures. Il faut rester un moment comme ça et la chaleur de la main, en réchauffant le sexe de la femme, va faire venir le sang dans la région et l’exciter. Et pendant ce temps, vous pouvez vous raconter votre journée par exemple, c’est convivial.

- Le désir tout comme le plaisir, ça se travaille et ça se provoque.

Allez hop, un petit coup de culpabilisation et une ligne en plus à ajouter à la to-do list du moment, à côté de l’ampoule à changer et du Sopalin à racheter.

Bon au final, comment retrouver l’envie quand ça fait un bail qu’on n’a plus d’envie ? Pas de solution miracle dans ce dossier. Mais je dirais que quand le corps a envie, hors histoires hormonales par exemple (la prise de pilule peut entraîner une forte baisse de libido puisqu’elle régule les hormones), le corps va le faire savoir. Qui ne s’est jamais réveillé un matin encore tout émoustillé par son dernier rêve, un truc sans queue ni tête, complètement inattendu mais qui nous a fait chaud partout ? Encore faut-il accepter d’avoir des fantasmes, les apprivoiser, les entretenir en se laissant aller. Tomber sur la bonne personne aussi, celle avec qui quelque chose passe physiquement, et on arrive petit à petit à construire une sexualité où chacun trouve son compte et est libre de s’exprimer. En outre, c’est parfois difficile d’écouter nos pulsions quand on bosse trop, quand on s’occupe de sa progéniture le soir et qu’on doit en plus réserver les vacances. Un quotidien trop prenant peut inhiber un peu la libido, c’est bien compréhensible. Heureusement qu’il y a les vacances.

Ca va swinguer à Palavas-les-Flots, éloignez les enfants et sortez le lubrifiant.

http://ring.cdandlp.com/golfdrouot73/photo_grande/113981982.jpg

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Glamour Cosmo etc

Commenter cet article