Holiday
Publié le 29 Juillet 2011
Le vendredi, c'est toujours particulier. Surtout celui entre juillet et août, celui qui marque la ligne immatérielle mais fondamentale des vacances. Ce soir, quasiment tout l'étage part vers des horizons plus verts, plus bleus, plus sablés. On s'échange des destinations comme des cartes Pokémon, l'île Maurice bat la Dordogne, le Sud de la Sarthe tu connais pas? Pourtant c'est super sympa, on s'échange de bonnes adresses aussi. Le mec des budgets trouve de délicieux sablés au beurre frais en Sologne, chez un petit pâtissier local. La fille de la compta, ça fait trois ans qu'elle va à Barcelone, elle adore; du coup elle te donne une liste des meilleurs bars à tapas du Barri Gotic sans hésiter. Les bureaux bruissent de noms exotiques, Pointe du Diable, San José, Kuala Lumpur, Gaborone. On n'est pas au travail, on est chez Nouvelles Frontières, à élaborer son itinéraire. On se projette déjà: dans une semaine, dans deux jours, dans vingt quatre heures!, on sera loin des trottoirs de Paris, des gens qui prennent le métro et qui portent des cravates. On sera libre, insouciant, peut-être même que l'on éteindra son Blackberry. Pendant la sieste.
Et plus la fin de journée approche, plus l'atmosphère appelle à l'évasion. Les conversations s'éternisent, alanguies, les silences s'étirent aussi parce que tout le monde est déjà ailleurs. Toutes les demi-heures, une tête apparaît dans l'embrasure de la porte: "Je passais juste vous dire bonnes vacances!" On se dit qu'on se reverra à la rentrée, même si l'on n'a surtout pas envie d'y penser. Pour la plupart des stagiaires, c'est le dernier jour. Ils sont agités et abattus à la fois. C'est la tournée des bureaux, les embrassades, les promesses de se revoir, mais c'est aussi le dernier café à la machine, le badge qu'il faut rendre et la boîte mail qu'il faut fermer.
Il y a du sable dans les claviers et du soleil sur les écrans. On paramètre son message d'absence, on met un peu d'ordre sur son bureau, dans ses mails. On ne répond plus au téléphone, de toutes façons personne n'appelle. La cantine est presque vide, et tout le monde se souhaite de bonnes vacances. Le café a un goût de rhum et il y a comme une odeur de monoï dans les toilettes.
Moi j'ai encore une semaine à tenir.