Late night show
Publié le 17 Janvier 2012
Nombre Premier fait de la résistance. Elle prend une pause pour écrire son blog.
C’est très bizarre, de rester tard au bureau. Bien sûr, je dis ça et j’imagine déjà tous les travailleurs acharnés qui vont me haïr parce que c’est leur quotidien. Ceux qui contrôle-de-gestionnent des trucs jusqu’à pas d’heure, bossent dans des agences où c’est le rush tout le temps, auditent ou conseillent ou que sais-je encore, sans compter leur temps. Moi c’est juste quelques semaines par an, alors c’est original, ça change.
Je ne vois toujours que la nuit, du coup. Quand j’arrive au bureau à huit heures, il fait nuit. Quand je pars après huit heures, il fait nuit. Seul le néon clignotant règle le déroulement de la journée : on l’éteint pour aller déjeuner, on le rallume, et le dernier qui part plonge la pièce dans le noir. C’est bucolique. Le grand bâtiment est quasi vide, passé dix-neuf heures. Plus un bruit dans les couloirs. La femme de ménage passe, stoïque, vider les poubelles où gisent des centaines d’arbres arrachés, transformés en feuilles et puis jetés parce qu’un chiffre est faux. Ca doit être différent, l’ambiance chez les rigolos, les marketeurs, les agenceurs, les commeurs, les webbeurs. Ca doit rigoler pour relâcher la pression, gueuler un grand coup, gesticuler au téléphone, mettre la musique à fond dans le casque et s’envoyer des boulettes de papier dessus.
Ici, c’est plutôt l’inverse. Plus la journée avance, plus les gens sont calmes et concentrés. Le téléphone qui ne sonne plus est vécu comme une libération : on va enfin pouvoir travailler tranquillement. Personne ne parle, sauf pour poser des questions. Les yeux rivés à l’écran, on clique clique clique. Ils coupent le chauffage à 18h30 pour raison d’économie, alors à l’heure où je vous parle, on se pèle grave dans l’open space. On n’a plus rien à manger en plus, parce qu’on a pris collectivement de bonnes résolutions pour la nouvelle année. Plus de galettes. Oui, vous avez bien lu. Fini le grignotage. Il faut dire qu’on commençait à faire épicerie pour le reste de l’étage, donc bon. Je nous donne deux jours avant de craquer.
En attendant, fait froid et fait faim, ma bonne dame. Hier, j’ai bu un verre et mangé des frites chez Dédé, rue Montmartre, mon repaire de pseudo hipster près d’Opéra (bière pas chère et frites pas trop grasses). Nous nous sommes retrouvées entre anciennes stagiaires marketing d’Universal (plus le copain de l’une d’entre elles qui cherche en contrôle de gestion, bon courage l’ami !) C’était vraiment génial. On ne s’était pas vu depuis un an et demi pour certaines… On a ricané comme des baleines toute la soirée. Marrant aussi de voir nos parcours. D’emblée, je suis hors-jeu puisque j’ai drastiquement bifurqué vers la consolidation financière (joie). Les trois autres poursuivent leur bonhomme de chemin dans le cinéma, l’une en agence de com en CDI, l’autre en CDD dans une boîte de production, la dernière en stage aussi en boîte de prod. Rendez-vous dans cinq ans les filles, vous m’embaucherez quand je voudrais changer de vie ?
Les scoops du milieu, du coup : Pio Marmai, en vrai, il est canon, mais il sort avec une espèce de bimbo russe blonde et talonnée. Pff. Louise Bourgoin est encore plus ouf en chair et en os qu’à l’écran. Nicolas Duvauchelle est un gros fumeur et balade souvent ses avant-bras intégralement tatoués dans le 8eme. Et il paraît qu’un ancien boss à l’époque du stage est sorti avec le successeur de l’une de mes trois compères. Comment ça, vous vous en fichez ? Dommage, ça nous a fait bien la moitié de la soirée.
Sur ce, filez doux les amis, allez-y mollo ce soir, nous ne sommes que mardi après tout.
Non, je plaisante, mettez-vous une grosse cuite à la vodka Schtroumpf et vomissez dans votre sac, si je sortais à un horaire où le bar/brasserie en face du boulot était encore ouvert, c’est ce que je ferai.