Le potentiel érotique de la hiérarchie
Publié le 2 Mars 2012
Si je n’ai pas écrit pendant deux jours, c’est que j’avais du travail. Mais pas seulement. J’ai décidé d’être honnête : j’aurais clairement pu pondre un article par jour cette semaine. Mais j’avais la flemme. Une flemme monstre. J’ai passé tout mon temps libre à lire le blog de Vieux Félin que je ne connaissais pas. J’en suis enfin venu à bout, mais j’ai cru comprendre qu’elle avait eu un autre blog, avant. Pitié, faîtes que je ne tombe jamais dessus, sinon c’est encore deux bons jours de foutus.
Et puis j’ai encore traîné, j’avoue. Sur 9gag, sur Animals talking in caps (ma nouvelle passion), sur J’te baise, sur… Sur Internet, quoi. J’étais malade, j’avais une excuse.
Je n’avais pas grand-chose à vous dire cette semaine. C’est bizarre. D’habitude, il y a toujours un truc que je lis ou que je vois que j’ai envie de commenter, ou de critiquer –le plus souvent la deuxième option. Mais là, non. Je flotte un peu tel le bubble-gum tout mou sur un nuage de barbe à papa. Bref, je ne me sens pas concernée par grand-chose. Ah si, tiens, il y a un truc qui vient de me revenir : j’ai eu un mini-débat avec une amie de prépa que j’ai vue cette semaine. Elle va bientôt changer de poste et de service. Et elle fantasme vaguement sur son futur chef. Comme je demandais plus de détails (moar), elle me dit : « Bah non, y’a rien à dire. C’est normal, tout le monde fantasme sur son chef non ? »
Je ne sais pas ce que vous en pensez. Perso, non. Mon chef est une femme, en même temps. Il y a bien le mec des normes comptables, pourquoi pas, à une certaine époque (oh ça va, j’étais stagiaire. Son domaine d’activité avait une aura de mystère étrangement érotique. Je vous rassure, j’ai repris mes esprits depuis).
Mais bon, je peux envisager que si mon chef était grand, blond, relativement jeune et très brillant (comme c’est le cas de ma bonne amie), je fantasmerais aussi dessus. Mais pourquoi ce serait normal, en fait ? Le chef, c’est celui qui a l’autorité, c’est le mâle en position de puissance. Du coup, est ce que la femme placée hiérarchiquement en dessous de lui a forcément envie de coucher avec (pour peu qu’il ne soit pas trop moche) ? Le pouvoir est-il si aphrodisiaque que ça ?
Première exception qui me vient à l'esprit.
Si on en croit Michel Cymès, qui a publié en novembre dernier La sexualité, que d’histoires !, l’explication remonterait à la préhistoire, comme d’habitude. La femelle est « de tout temps » attirée par le mâle capable de lui donner la descendance la plus solide et de la protéger. L’homme est quant à lui « animé d’un besoin de dominer », et il fait des conquêtes aussi bien dans sa vie professionnelle que privée. Un dominant, une soumise. Je n’aime pas ces explications pseudo-scientifiques parce qu’elles entérinent des clichés contre lesquels il serait inutile de lutter, vu qu’ils sont quasiment inscrits dans notre code génétique. Certes, un homme d’apparence virile titille le plus souvent les hormones féminines, mais y a-t-il encore beaucoup de femmes qui cherchent, en 2012, un homme pour les protéger ?
Autre explication donnée par Michel : qui dit homme de pouvoir dit forcément beaucoup de travail et peu de temps libre. Notre wonderboy souffrirait donc de solitude et d’un manque affectif, qu’il chercherait à combler par une hypersexualité. Mouais. C’est un peu le mythe du trader overbooké qui se sent seul parce qu’il travaille trop, alors il se paie des escorts pour avoir un peu de chaleur humaine. C’est touchant. C’est touchant, mais à mon avis ça reste l’exception.
La sexologue Catherine Solano fournit d’autres explications que je conçois mieux : un narcissisme exacerbé qui pousse ces hommes vers le pouvoir pour les mauvaises raisons, et qui fait qu’ils ont besoin de séduire sans arrêt. Un manque d’estime de soi qui les pousse à se sentir aimés. Un environnement professionnel forcément exigeant et parfois violent, qui rejaillit sur leur vie sexuelle et fait d’eux des dominateurs en quête d’affirmation d’eux-mêmes.
Personnellement, je verrai encore deux pistes de réflexion. Le pouvoir, quel qu’il soit, ça signifie de l’adrénaline, des coups de pression, des échecs et des succès de grande ampleur. Et le potentiel érotique du stress est réel, je pense. Comme quand tu viens d’échapper à la mort et que tu as envie de faire l’amour, sous le coup de l’émotion (ça ne m’est jamais arrivé, mais il paraît). Pareil : tu viens de connaître un gros succès dans ton domaine, tu es grisé par la joie et super excité, donc tu as envie de faire l’amour. C’est de notoriété publique que dans les boulots où la pression est forte et le rythme soutenu, comme par exemple les cabinets d’audit (et j’ai des exemples !) ou les urgences à l’hôpital, les gens utilisent le sexe comme exutoire, pour relâcher la pression. On ne doit pas avoir des délais assez serrés dans mon service… !
Enfin, dernière explication possible : et si l’homme de pouvoir couchait avec tout ce qui bouge tout simplement parce qu’il le peut ? Parce qu’il rencontre beaucoup de femmes et qu’il y en a un certain nombre qui sont d’accord ? Pourquoi se priver, s’il n’est pas engagé ailleurs ? Reste à savoir pourquoi l’homme de pouvoir plaît aux femmes. Notre amie Catherine évoque elle aussi la théorie préhistorique, mais dit surtout : Séduire un homme puissant [donc qu’on admire a priori], c’est se prouver qu’on a de la valeur. C’est se faire du bien à l’ego, quoi. C’est valable aussi pour le beau gosse qui ferait baver toutes les copines si elles les voyaient (mais on n’a pas osé prendre de photo pendant qu’il dormait), ou le people/star/artiste dont on admire le talent/la notoriété/la notoriété à deux balles.
Bon, donc les hommes de pouvoir ont envie de coucher avec plein de femmes, et ça tombe bien, plein de femmes ont envie aussi. Ce serait donc en effet plutôt classique de fantasmer sur son chef. Mais attention au passage à l’acte et aux rumeurs : chez nous, tu ne peux même pas aller boire un café à la machine avec quelqu’un sans que tout l’étage soit au courant, donc prudence…
Par contre, je regrette que le constat ne fonctionne pas dans les deux sens. Les femmes de pouvoir, si elles excitent certains hommes, ont plutôt tendance à les refroidir ou à les intimider. C’est comme les mecs qui ne veulent pas gagner moins que leur femme. Ca ne fait plaisir à personne d’être inférieur à celui qu’on aime sur un plan précis : hiérarchie, salaire, notoriété… La femme qui gagne moins que son mari, ça la touche potentiellement tout autant dans son égo, même si c’est socialement et traditionnellement plus normal (et plus répandu). Mais généralement elle prend sur elle, elle se rappelle que ce qu’elle gagne, ce n’est pas qui elle est ni pourquoi on l’aime. Et c’est quelque chose qu’un homme aussi peut faire. Parce qu’une femme qui sort avec un homme qui gagne moins qu’elle ou qui a moins de pouvoir qu’elle, c’est parce qu’elle l’admire pour d’autres choses plus importantes et qu’elle l’aime lui, pas tout ce qu’il y a autour. C’est meilleur pour l’ego, ça, non ?
Enfin, voici les dernières requêtes étranges qui ont mené des internautes sur ce blog :
Caturday : c’est demain !
Lingerie affriolante pour homme : probablement suite à cet article. Pas fan, mais tiens, allez.
Hamster qui éternue : mouais. Je n’aime pas trop les rongeurs, mais je suis décidément sympa aujourd’hui.
Passé présent futur : ah non Madame, il faut choisir, on ne peut pas avoir les trois en même temps.
Demander à sa femme corset : si c’est pour elle, je te donne mon feu vert. Si c’est pour toi, prépare un peu le terrain avant (en mettant des bas au lieu de tes chaussettes habituelles, par exemple).