Le Web passé, présent, futur
Publié le 26 Janvier 2012
Je me permets de vous glisser les plus belles requêtes du mois qui ont mené les internautes (coucou les gens) sur ce blog :
Oops présentatrice française (un blog culturel)
Beau gosse de 17 ans torse nu (un blog hot)
Vidéo femme chez l’esthéticienne (un blog cul)
Abus fucked child (un blog cul… heu non, là ça ne va pas être possible. Dehors le gens !)
Sinon, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Megaupload (et non Megamorano) a été fermé… Je préfère vous prévenir, au cas où, comme mes collègues de travail, vous n’étiez pas au courant. On vit vraiment sur une autre planète, eux et moi. Certes, ma chef ne savait même pas ce que c’était, mais elle n’est pas sur Facebook et ouvre les pièces jointes des spams, donc ça ne m’étonnait pas trop. Par contre, les autres membres de l’open space ont tous moins de trente ans. Et ils s’en foutent. Aucun d’eux ne regarde ou ne partage du contenu sur Internet, que ce soit en streaming ou en téléchargement (légal ou illégal). Ca ne fait pas partie de leurs habitudes de consommation, car ils ont la télé (du coup ils voient l’Amour est dans le pré avant moi). Ils ne suivent pas de séries, ils regardent les films en DVD ou sur TF1, ils écoutent de la musique sur Deezer sans la télécharger sur leur Ipod (même s’ils aimeraient bien).
C’est là que je me rends compte que soit je traîne avec des gens particulièrement geeks, soit il existe un fossé gigantesque entre les gens de moins de vingt-cinq ans et les autres (coucou mon grand frère qui se reconnaîtra !) D’après mon grand ami Wikipedia, en janvier 2001, seuls 17% des foyers français étaient connectés à Internet. En 2001, il y a dix ans, j’avais quatorze ans. J’ai eu accès à Internet vers douze ans, un Internet qui se traînait comme pas permis, avec un certain nombre d’heures de connexion par mois, et si tu étais sur Internet, tu ne pouvais pas te servir du téléphone, on entendait le son bizarre caractéristique. Du coup, ta mère criait à travers la maison : « Tu es encore sur Internet, mais c’est pas possible ! » Bref.
Mon grand frère, en 1999, avait dix-huit ans, et il n’était quasiment jamais sur Internet. Il n’y pensait pas, il avait toujours mieux à faire. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. Tout comme moi, j’y passe toujours beaucoup trop de temps. Peut-être que c’est pareil pour mes collègues légèrement plus âgés et non-geeks. Peut-être qu’à quelques années près, ils sont passés à côté du Web du futur, c’est-à-dire du Web d’aujourd’hui. Eux, ils ont un rapport à Internet qui est celui de mes grands-parents à leur téléphone mobile : c’est pratique, mais on peut s’en passer. C’est un peu parce que tout le monde en a un. Ca permet de garder le contact, mais il ne faut pas devenir accro. Bien sûr qu’on peut partir en vacances sans lui.
Alors qu’Internet, ce n’est pas ça.
Ce n’est pas juste un outil que l’on intègre dans sa vie parce que c’est utile, mais qu’on peut choisir d’ignorer, qu’on pourrait retirer de sa vie en un clic sans que rien ne change vraiment. La révolution numérique, ça ne signifie pas seulement des écrans de meilleure qualité, de vrais jeux sur ton portable –au lieu du vieux serpent dégueu qui se déplace à angles droits, et des jeunes avec des écouteurs vissés aux oreilles en permanence. L’accès du grand public à Internet a réellement causé une révolution, c’est-à-dire, dixit Wikipedia, a modifié l’ordre établi. Dans tous les domaines.
This is no time to panic. Start panicking!
Internet, main dans la main avec l’évolution des ordinateurs et l’apparition des smartphones, a réinventé la façon de faire des affaires dans quasiment tous les domaines économiques, du fait du commerce en ligne, du e-marketing, des nouveaux services comme les comparateurs, les applis Iphone… Mais il a aussi profondément modifié la façon dont on est relié les uns aux autres : Facebook, Linkedin, Grindr, Skype… La façon dont on se conçoit, aussi : les concepts d’identité numérique, de personnalité, de créativité ont été bouleversés. La vie quotidienne, quant à elle, a drastiquement changé. Il n’y a rien qui ait échappé à l’Internet : il y eut un avant, il y a un présent, et le futur est déjà en marche.
Le futur du monde avec Internet, pour mes collègues non-geeks, pour mes parents, pour une bonne moitié de Français je dirais –à vue de nez, c’est mon présent, et celui de tous les geeks et de tous les digital natives (coucou petite cousine). Internet partout, tout le temps, à tout propos. Plus de télé, Internet. Plus de livres papier, un livre numérique. Plus de CDs ou de DVD, des MP3 ou des DVx. Plus de soldes en magasins, les soldes en ligne. Plus de plan de Paris, le GPS de ton Iphone. Un Facebook, un Linkedin, un blog, un Twitter. Plus de petites annonces ou d’amis d’amis, les sites de rencontre. Plus de films pornos, du gonzo. Une e-réputation, du e-commerce, du e-marketing, des e-books, un e-existence. Ne pas dissocier le temps passé sur Internet du temps IRL : avec les smartphones, les deux se mêlent, s’entrecroisent, deviennent indissociables. J’ai un Facebook, donc je suis. On me trouve dans Google, donc j’existe.
Il y a des faits et gestes tout bêtes, devenus des réflexes. Je n’achète pas le journal tous les matins car je le lis en ligne. Je peux bien vivre une relation à distance grâce à Skype. Je like, je share et je smiley à tout va. Je tiens un blog. Je lis les commentaires des internautes sur un produit avant de l’acheter sur Amazon. Je vais dans des forums pour glaner quelques bonnes adresses avant de partir en vacances. Je regarde tout en replay, je n’ai même plus la télé. Je télécharge toutes mes séries ou je connais par cœur le temps limite de visionnage gratuit sur Megavideo. J’ai appris la mort d’Amy Winehouse via les statuts Facebook de mes amis.
Déjà, en 2012, douze ans après l’arrivée d’Internet dans ma vie, je suis transformée à jamais, modelée par lui, construite avec lui. Et pour les nouvelles générations, c’est une évidence, et non une question à se poser ou un choix à faire. A quoi ressemblera la vingt-cinquième année de mon petit neveu qui n’en a même pas encore une ? Ouvrira-t-il un magasin dans Second Life ? Passera-t-il ses examens sur tablette numérique ? Quand il ira voir la dernière expo en réalité augmentée au Louvre avec sa tatie adorée, le racontera-t-il sur le blog de sa vie, qu’il tiendra depuis ses douze ans ?
Wait and see. En attendant, le seul que la fermeture de Megavideo ait ému, c’est Collègue Spychopat. On a même parlé des Anonymous. Ce « collectif de hackers anonymes » (je cite ses mots) a beaucoup plus à Spychopat : le pouvoir, le culte du secret, le fait de se jouer des lois, tout ça a chatouillé son âme en quête de grandeur et de puissance. Il a parlé du fait qu’une manifestation des Anons pourrait avoir lieu à Paris en Mars, ce qu’il a jugé « peu cohérent avec leur mot d’ordre ». Spychopat symbolise tout ce qui ne va pas dans les hautes sphères politiques et économiques : il rêve d’accéder au pouvoir pour le pouvoir en lui-même. Alors que les gens qui nous gouvernent ou prennent des responsabilités économiques devraient juste être là pour faire leur job de leur mieux ou prendre les meilleures décisions objectives. Pas pour la gloire, la frime, les déjeuners au Fouquet’s, les délits d’initiés et l’impression de faire partie d’une élite ultra-fermée. Oui, je sais que ça sonne un peu comme ce que dirait un Bisounours avec une opinion politique, mais laissez-nous tranquilles, moi et mes illusions. Interrogé par Collègue Blonde –qui, interloquée par notre discussion, nous a demandé si on lisait Informatique Magazine, il a répondu que bien sûr que non, il n’a pas pris part aux attaques DDOS. Sans rire. Rien que les mots « action collective » ne vont pas avec « Collègue Spychopat », qui n’est prêt à défendre que sa pomme (et éventuellement quelques idées de grandeur et quelques traditions comme la gastronomie française).
Notez que j’arrive à nourrir des pensées très développées envers un mec que je ne connais au fond absolument pas (il faut dire qu’il est complètement parano, il n’a même pas de photo de profil sur Facebook).
Bon, il est temps d’arrêter là cet article sur l’Internet et qui manque pourtant cruellement d’animaux mignons. Donc acte.