Les 20 points forts du célibat
Publié le 24 Juin 2013
A l’approche de l’été (si si, il paraît que l’on est en été), les magazines féminins font presque tous leur couverture sur le célibat. Deux angles d’attaque : Je suis célibataire, je vais profiter des grandes vacances pour faire n’importe quoi ! Ou bien : Je suis célibataire, je vais en profiter pour me caser ! Il faut dire que l’été est LA période de l’année où le statut de célibataire paraît un tant soit peu enviable. Sea, sex and sun, jeunes Suédois ou Suédoises en goguette, un mojito de trop et la drague à l’italienne, bref, à la rentrée, vous allez rendre vos copines sur-maquées trop jalouses en leur racontant votre plan love (et surtout cul) avec un beau touriste de passage.
Oh c'est crop mignon!
Bon, ça c’est la théorie bien sûr. En fait, vos copines maquées ont tranquillement booké leurs vacances en tête-à-tête avec leur mec et vous êtes toujours dans le flou le plus total, en attente d’une réponse de Lisa, qui elle-même attend de savoir si ça dure ou pas avec son bellâtre pour accepter ou non de partir avec vous en Grèce.
Du coup, on a droit à un bon petit film de filles sur le célibat, j’ai nommé Joséphine, inspiré de la BD de Pénélope Bagieu. Dans le rôle-titre, Marilou Berry, la fille de Josiane Balasko, amincie et blondie. J’y suis allée hier soir avec une copine en espérant tomber sur une Bridget Jones à la française. C’était bien ça, mais avec moins d’humour et encore plus de clichés. Pour résumer, Joséphine est le parfait exemple de tout ce qui ne va pas dans les films de meufs actuels :
- L’héroïne est un boulet au boulot. Elle ne s’en sort jamais, elle est toujours en retard et elle passe sa vie à glander à la machine à café. Personnellement, parmi mes amies (célibataires ou non), je compte des filles absolument brillantes, qui s’illustrent dans des carrières exigeantes comme l’audit, le conseil ou la finance de marché (entre autres). Des filles qui ont l’habitude de mener des réunions et de manager des gens. Des filles admirées pour leurs compétences professionnelles, des filles qui sont chefs de produit pour des boîtes cotées et des filles qui bossent au Ministère des Finances. Je compte aussi des filles qui ont des carrières moins impressionnantes sur le papier, mais qui sont toutes très bonnes à ce qu’elles font, bosseuses, sérieuses et carrées, des filles qui se la donnent quoi. Pourquoi on ne voit jamais ces filles-là au cinéma ? Et célibataires, de surcroit ? Pourquoi on ne nous propose que des meufs paumées professionnellement, qui surnagent à peine au quotidien ?
- L’héroïne n’a pas de vie. Elle est obsédée par le shopping ; soit, aimer les fringues ne veut pas dire qu’on ne peut pas aussi aimer le cinéma allemand des années 20 ou plus simplement lire un bon roman. Mais Joséphine ne fait rien. Quand elle rentre le soir, elle se pose devant la télé avec son chat et elle se morfond de ne pas avoir de mecs. Avec ses amis, elle ne fait que se plaindre de ne pas avoir de mec. En fait, elle vide sa vie et attend de la remplir avec un homme. Homme qui arrivera donc comme un sauveur (et à la fin du film, ça ne rate pas, ses amis expliquent que Machin a changé Joséphine, qu’elle a enfin mis de l’ordre dans sa vie grâce à lui, qu’elle est épanouie etc).
C’est marrant, mais encore une fois, je ne suis entourée que de célibataires radicalement à l’opposé. Des filles vives, dynamiques, pleines de projets, très entourées. Des filles qui font de la zumba, des semi-marathons, du théâtre, de la musique, du dessin, de la cuisine, bref, des filles qui vivent, et qui n’attendent pas un mec pour le faire. Evidemment qu’on peut être épanoui en étant célibataire. C’est même, à mon avis, un prérequis pour rencontrer quelqu’un de bien pour nous. On peut être épanoui et avoir vraiment envie de se caser, hein. Mais disons qu’on n’attend pas d’être deux pour faire ce qui nous fait envie.
- Le mec que finit par rencontrer Joséphine me pose deux problèmes : déjà, il n’existe pas. Je veux dire, le mec est parfait. Il correspond à tous ses critères, à savoir : grand, adore Woody Allen, veut plein d’enfants, cuisine super bien et aime les chats. Evidemment, le mec se déguise en Woody Allen à la moindre occasion et fait des chorégraphies avec ses petites nièces. C’est cela, oui. Moi je passe commande : aime les romans d’anticipation, veut pas trop d’enfants, aime cuisiner et voyager, et faire du sexe dans l’après-midi. Allez, le Destin, tu as bien ça en stock quelque part non ? Allez quoi, fais un effort !
Bon, et deuxième problème : le mec était là, sous son nez, depuis le début. On en revient au gros problème récurrent à l’œuvre également dans les teen movies (article ici !). La fille réalise en fait au bout d’un (parfois trop long) moment que l’homme de sa vie était juste à côté d’elle, sous les traits de son meilleur pote ou du mec à qui elle n’accorde pas un regard au départ. Et ça m’insupporte totalement. On apprend en fait à la fille à aller au-delà des apparences et à accorder une chance à un mec qui ne la branche pas spécialement à la base. On lui apprend, d’une certaine manière, à se résigner. A aller vers le gars qui ne la faisait pas rêver mais qui est tellement gentil.
En soi, ce n’est pas une mauvaise idée, d’aller plus loin que sa première impression. Ce qui me gêne, c’est qu’on n’apprend jamais ça au garçon. Le mec, on lui dit de foncer et d’essayer de chopper la bombe dont il est tombé fou amoureux. Coup de chance, il va s’avérer qu’en fait, elle adore les petits maigrichons sensibles (dans le cas du teen movie typique). Ben oui, vu qu’on lui apprend à surtout faire attention à la personnalité des mecs, et non directement au physique. De toute façon, les mecs qui lui plaisent au premier abord se révèlent être d’atroces connards. C’est cool, la boucle est bouclée. Le tout au bénéfice du mec, qui se choppe ainsi des meufs trop chouettes.
Arrête de pleurnicher, fameux "mec gentil" qui passe son temps à se plaindre que les filles préfèrent les connards. Tu as tout Hollywood de ton côté, ok? Et puis c'est pas beau d'être aigri. C'est pas parce qu'elle ne veut pas de toi qu'elle ne voudra pas d'un autre mec gentil.
En gros, je rêverai de voir un film où la meuf est directrice de quelque chose, où elle a une promotion et où elle encadre des mecs (avec qui elle ne sort pas, hein), où elle est célibataire et où elle flashe sur un mec qui lui plaît vraiment, d’emblée, à fond. Où elle le drague comme elle peut et où il finit par succomber à son charme et à ses nombreuses qualités. Le tout sans scène où la meuf parle à son chat et mange de la glace au kilo. Prévenez-moi si vous voyez passer ça sur les écrans !
En attendant, suite à un dossier d’un magazine féminin que j’ai vu passer, voici une version alternative des 20 points forts du célibat. Libre à vous de compléter la liste en commentaire!
1. 1. La possibilité de te plaindre en cœur avec tes ami(e)s aussi célibataires, au lieu de te sentir exclue comme Elise qui vient juste de trouver quelqu’un et qui du coup ne peut pas participer aux discussions à base de Non mais en ce moment, je m'en fous, j'ai trop de boulot, ou bien En fait, ce qui me manque vraiment, au final, c'est le sexe (et les câlins après aussi).
2. 2. Le coup de jeune que tu prends en évoquant certaines pratiques sexuelles comme la pose d’un préservatif avec la bouche et te dire que tu vas peut-être le mettre en pratique sous peu (sous réserve que Marine t’explique comment elle fait, bien sûr). Pendant ce temps, les gens maqués qui ne mettent plus de préservatifs depuis des lustres ne savent pas quoi dire.
3. Les vacances entre filles célibataires, champ de tous les possibles (même si au final tu te couches à onze heures après avoir mangé une glace sur le port, tu AURAIS pu vivre une folle nuit d’amour avec un local, HYPOTHETIQUEMENT).
4. La possibilité de laisser libre cours à tes cycles mono-nourriture. Comme tu es toute seule, tu n’as pas à te soucier de varier les menus ou de cuisiner vraiment. Pendant trois mois, tu te nourris donc exclusivement de céréales matin, midi et soir. Ou de Dinosaurus matin, midi et soir. Ou de soupe en sachet, de MacDo ou de yaourts. Bref, tout ce qui demande un temps de préparation proche de zéro.
5. Ne pas avoir à faire semblant de t’intéresser à quelque chose. Il y a de grandes chances que ta moitié ait des centres d’intérêt que tu ne partages pas. Quand tu es célibataire, tu n’as pas besoin de l’écouter parler trois heures de son super-héros préféré, tu ne te sens pas obligé de lui demander le résultat du match hier et tu n’as pas à te taper une pièce de théâtre amateur pourrie sous prétexte qu’il joue dedans. Tu es libre !
6. Si tu ne douches pas ce matin, personne n’en saura rien. Idem, tu peux attendre trois jours avant de te re-laver les cheveux. Ou même quatre, en fait. Tu feras une queue de cheval, personne ne se rendra compte de rien.
7. Au sujet des poils pubiens, c’est open hein, tu fais ce que tu veux. Tant que toi tu retrouves ton chemin, c’est tout bon.
8. C’est le moment de tester de nouvelles choses côté masturbation : acheter un Fairy, découvrir une nouvelle catégorie de PornHub ou te faire un marathon de l’onanisme devant les meilleures scènes de levrette de Game of Thrones (rien à voir avec mon week-end, je vous promets !)
9. Te faire charmer, flasher ou que sais-je sur Adopte un mec, Meetic et compagnie. C’est toujours bon pour l’ego, même si MonsieurMuscle75 ne t’inspire absolument pas.
10. Tu peux parler de sexe librement, alors que quand tu es maquée tu ne peux pas trop t’épancher sur ton mec s’il est à la même table au resto ou si tu veux que tes copines ne soient pas trop gênées en sa présence. Certes, vu que tu es célibataire, tu parles surtout de sexe d’il y a plusieurs années, mais tu as le droit de radoter, ça fait du bien parfois.
11. Tu peux aussi faire du casual sex, hein : rencontres inopinées, ami d’ami bien sous tous rapports, le monde est une fête à laquelle tu peux décider de participer à fond les ballons. Ou alors, tu peux faire semblant de ne pas avoir reçu l’invitation et rester chez toi à lire des blogs sur les extra-terrestres. C’est toi qui vois.
12. Tu peux savourer le fait d’être au centre de l’attention dans ton groupe d’amis maqués : Alors, quoi de neuf de ton côté ? Les amours ? T’as pécho un peu ? Pour le moment, c’est encore marrant même si tu n’as rien à raconter, ça te donne un petit côté edgy, moi je suis différente de vous, je m’assume complètement, je suis la femme 2013. Quand tu auras trente ans, ce genre de phrases te donnera probablement envie de commettre un attentat à la bombe. Mais on n’en est pas encore là.
13. Tu n’as pas à te poser d’épineuses questions sur ton avenir, du genre quand faire des enfants, qui inviter au mariage, faut-il acheter une maison et si on allait s’installer en province ? Vu que ta moitié est pour l’instant complètement hypothétique, elle est donc hypothétiquement d’accord avec toutes tes décisions de vie. Ça te permet d’envisager sereinement l’avenir qui est déjà tout prévu (premier bébé vers trente-trois ans un quart, déménagement en Suède au bord de la mer à quarante ans, mariage sur une plage de sable blanc à Hawaï).
14. Quand on y pense, tu n’as pas non plus à te poser d’autres questions plus simples, du genre qu’est-ce qu’on mange ce soir, qu’est-ce qu’on fait ce week-end et qu’est-ce qu’on regarde à la télé. You are the master of your fate and the captain of your soul, comme disait ce bon vieux William Henley. Il n’y a que toi qui décides, et c’est plutôt chouette d’avoir le contrôle total sur ta vie. Mets ta culotte, c’est toi qui pilote, comme disait cette bonne vieille liste BDE.
15. Le délicieux frisson d’anticipation que tu ressens quand tu te dis que vu ton âge presque avancé, tes envies de couple et ton projet de vie, la prochaine personne avec qui tu vas démarrer quelque chose de sérieux sera sans doute ton mari / ta femme. Ton premier mari ou femme, en tous cas. Sous réserve que tu le trouves, bien sûr.
16. Le fait de ne pas être enfermé(e) dans une histoire où tu ne te sens pas bien mais à laquelle tu n’oses pas mettre un terme, par peur de te retrouver tout(e) seul(e) et de devoir tout recommencer à zéro. Ça arrive plus souvent que l’on croit, et ça a souvent une fin tragique quelques années plus tard.
17. La possibilité de péter un plomb parfois, tout(e) seul(e) ou avec des amis, te dire que tu vas tout envoyer bouler et te barrer en Argentine, te dire que tu vas démissionner et intégrer un cirque, penser à reprendre tes études, tout changer dans ton appart ou lancer un blog. Bien sûr qu’on peut faire toutes ces choses quand on est en couple. Mais parfois, tu te rends compte que tu as un crédit à rembourser ou un enfant à nourrir, et tu te dis que finalement non. Ou bien, plus simplement, tu en parles à ta moitié, elle te donne son avis, qui compte évidemment, elle te dit qu’elle pourra essayer de retrouver du boulot à Buenos Aires si c’est vraiment ce que tu veux, et ce n’est déjà plus totalement ta décision.
18. Les moments où tu es confortablement installé(e) dans ton canapé, devant un bon film, avec un truc miam à manger et à boire, une lumière douce, les fenêtres ouvertes laissant passer une petite brise, et la perspective d’une bonne soirée entre amis le soir même. Les moments où ton âme respire un peu dans sa solitude.
19. Et en plus, personne ne vient te piquer la dernière gorgée de Coca, personne ne te lance Ca te dit pas qu’on aille se promener un peu ? J’ai envie de sortir !, personne ne se met à faire le ménage soudainement et personne râle pour regarder autre chose que Forrest Gump pour la douzième fois. En fait, personne ne t’oblige à faire quoi que ce soit, et pas même des compromis. Si tu veux aller voir World War Z plutôt que Belle du Seigneur, soit. Si tu veux sortir trois soirs de suite entre amis, soit, et si tu veux rester chez toi trois soirs de suite, tu peux aussi. Si tu veux skyper quelqu’un à deux heures du matin, aller voir tes parents un week-end sans prévenir ou te lever à sept heures un dimanche, tu peux. Tu fais ce que tu veux.
20. Faut-il vraiment ajouter une vingtième raison à cette liste déjà bien convaincante ? Bon ok d’accord : si tu dois à nouveau être en couple avec quelqu’un, tu le rencontreras un jour, naturellement. Et parfois, tu as cette pensée grisante : la rencontre n’a pas encore eu lieu, tu ne sais rien de ce qui va se passer, mais tu sais que ça sera bien, si ça a lieu. Tu sais que tu vas vivre de beaux moments, des débuts d’histoire enflammés, des projets à deux et des élans du cœur. Tout ceci reste encore à vivre, sans savoir qui ni quand ni comment. C’est une surprise. Alors patience. En attendant, vive les 19 autres raisons!