Long-distance ménage à trois

Publié le 21 Décembre 2011

Autour de moi, depuis quelques années, les relations à (plus ou moins longue) distance fleurissent. Etudes longues et internationales, mobilité, facilité de communication via Facebook, Skype etc : un couple qui se forme aujourd’hui entre deux vingtenaires a de fortes chances de connaître, à un moment ou à un autre, une période de long distance relationship. Ce n’est pas forcément une épreuve, ça peut très bien se passer, tout est bien qui finit bien. Cependant, il y a une chose importante à ne pas perdre de vue, d’après moi.

Toi, fille, tu es dans une relation à distance avec le mec, mais aussi avec sa bite.

Pardonnez mon langage, mais je ne savais comment l’exprimer plus pertinemment. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut bien dissocier les deux membres (huhu) masculins du ménage à trois dans lequel tu t’es lancée, parfois à l’insu de ton plein gré. Le mec, il est cool, vous vous êtes dit noir sur blanc que oui, vous datez, enfin que c’est sérieux quoi. Le « je t’aime », monstre sacré de l’engagement, n’est pas nécessairement sorti, mais bon, vous savez que l’autre n’apprécierait pas trop trop que vous fricotiez avec d’autres gens, ni que vous mettiez plus de vingt-quatre heures à répondre à ses messages.  Le mec et toi, vous êtes au clair là-dessus.

Mais pas sa bite.

(Petite pause technique : il faut que je donne un surnom à la bite en général pour éviter de répéter ce mot trente fois dans l’article et attirer des gens qui auraient tapé « ménage à trois bite » dans Google. Trop tard. Bref. C’est quoi un bon nom de bite ? Je vais éviter le traditionnel Popol, assez immonde. Bibi(te) ou autre surnom rigolo/choupinet, c’est un peu infantilisant et condescendant non ? D’un autre côté, Thor ou Superchibre, c’est très ridicule. Je sais. Je vais l’appeler Anatole. C’est un bon nom de bite ça, sobre, élégant mais fantaisiste, intemporel. Ce passionnant article peut donc reprendre.)

Donc Anatole, il n’est pas du tout, mais alors pas du tout sur la même longueur d’ondes que toi et le mec. Imagine Anatole comme un étudiant Erasmus débarqué en terre nouvelle : ignorant des us et coutumes locales et cherchant juste à faire n’importe quoi. Même si le mec a pris le temps de lui expliquer que cette fille, là-bas, oui je sais qu’elle est sympa Anatole, merci, ça me fait plaisir qu’on soit du même avis, parce qu’a priori on va la revoir, oui oui, elle a accepté, c’est cool non ?, bref que toi et lui, c’est devenu une relationship, Anatole n’a posé qu’une seule question et n’a retenu qu’une seule chose.

On la revoit quand ? Un mois ? Autant dire un million d’années en TDB (temps de bite, une mesure alternative. C’est comme les années des chiens, par exemple).

A la minute où Anatole a compris qu’il ne te reverrait pas en chair et en os avant une période de temps dépassant quelques jours, il a fait une croix sur toi. Cruel, n’est ce pas ? Les bites ne sont pas capables de sentiments profonds, c’est désespérant. Du coup, même si le mec continue à te textoter, à de dire des trucs gentiniais et à te faire coucou sur Skype, Anatole, lui est parti en chasse. Et toi, innocente fille pleine de confiance, qui te félicitait d’entretenir une relation adulte et honnête avec un jeune homme bien sous tous rapports ! Mais tu en oubliais la bite, fourbe et sans scrupules !

D’abord, Anatole va pousser le mec à regarder des filles dénudées sur Internet se mettre dans des positions peu confortables (une demi-heure à genoux sur de la moquette, je doute que ce soit une partie de plaisir). Jusque là, ça va, rien de bien méchant. Anatole a des pulsions, très bien, qu’il les satisfasse dans sa petite tête de gland. Le problème, c’est qu’au bout d’un temps variable dans une relation à distance, la bite passe à la vitesse supérieure. Il veut de la chair fraîche, pas en pixels. Mais il est sournois. S’il disait ça franco, brut de décoffrage, au mec, celui-ci (bien sous tous rapports, rappelons-le), lui répondrait que non, c’est pas cool, fais un effort Anatole, tiens-toi bien, pas question de faire n’importe quoi, la fille est sympa et j’ai bien envie d’avoir une copine comme tous mes potes, alors tu te retiens.

Non, la bite est bien plus sournoise que ça.

Tapi dans le boxer du mec, Anatole attend qu’une ombre d’occasion se présente. Fille rencontrée dans un bar qui est vraiment super belle (et super bourrée). Vague amie qui vient passer un week-end dans la capitale et à qui le mec sait qu’il plaît. Ancienne choppe qui se pointe à une soirée. Et là, alors que le mec et lui sont tranquillement en tête à tête dans les toilettes ou sur le canapé à mater Californication, Anatole se lance : « Tu sais, le mec, je me sens un peu seul ces temps-ci… C’est pas facile pour moi, la distance, tout ça. Il faudrait que je puisse me dégourdir un peu avec une fille qui ne compte pas, tu vois, ce serait juste pour moi, toi et tes sentiments, vous n’auriez à voir là-dedans hein… En plus, ya Machine là, je pense qu’elle serait opé… Allez, on va bien rigoler, ça me fera du bien, et la fille sympa n’en saura rien de toutes façons, tu l’apprécieras toujours autant, et tu n’as même pas à te sentir coupable, je veux dire, c’est juste un truc de cul, c’est limite normal, je suis sensé faire quoi moi en attendant de la revoir hein ? Allez, dis oui, s’il te plaît ! »

Alors là, le mec, Anatole lui promet de la gaudriole et zéro culpabilité : normal, il fonce. Arrive ce qui doit arriver. Le mec et sa bite profitent, et les lendemains chantent, puisqu’Anatole se sent mieux et le mec pas trop coupable. Il ne le dit à personne pour ne pas s’exposer à des remarques ou des jugements, il fait son truc dans son coin, et comme ni la fille ni personne n’est au courant, cela ne change rien à rien. A la limite, il se confie à un ou deux bons potes qui s’empressent de le rassurer en lui disant « Oui, bon, c’est vraiment pas terrible, mais c’est pas grave, elle en saura rien, l’important c’est qu’elle compte pour toi, en plus c’est dur la distance, et puis peut-être qu’elle fait pareil de son côté ? »

C’est gentil de jouer votre rôle, les amis, mais c’est un raisonnement débile. Peut-être qu’elle fait pareil, mais comme on ne peut pas être sûr, mieux vaut se dire que non. Certes, ça ne rassure pas et ça fait se sentir mal. Mais c’est comme ça qu’il faudrait que le mec se sente, après. Qu’il comprenne qu’il fait passer la fille pour une conne, qu’il a écrasé d’un coup tous les sentiments qu’elle a pu développer, les messages qu’elle lui a envoyés, les attentions qu’elle lui a portées, qu’il a rendu tout ça ridicule, pathétique, sans objet, qu’il l'a transformée en conne crédule alors qu’elle lui faisait juste confiance. Et lui, il se transforme en connard qui s’ignore, persuadé d’être toujours un mec bien parce qu’il ne fait pas souffrir sa meuf, alors qu’être quelqu’un de bien, ça ne se mesure pas à l’aune de qui tu fais souffrir ou non, mais selon tes actes à toi, ceux qui font que tu peux te regarder l’âme tranquillement sans avoir à rougir, le principe de base qui dit que tu ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent, même si tu n’en saurais rien.

Tout ça à cause d’une bite. Bravo, Anatole.

Alors le mec, que faire quand tu t’es laissé embobiner par ta bite ? Il n’y a pas trente-six solutions : prendre ce qui se situe en-dessous d’Anatole à deux mains et en parler à la fille sympa. Certes, elle ne restera peut-être pas sympa longtemps, mais c’est un risque à prendre pour rester quelqu’un de bien. Et si c’est une fille bien, elle, elle arrivera peut-être même à te pardonner.

Et la prochaine fois, évite les relations à distance. Ou achète-toi une Fleshlight.

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Love etc

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