My big fat gypsy wedding
Publié le 1 Juin 2012
J'étais malade, en fait. Pendant deux jours, j'ai eu de la fièvre alors je ne suis pas allée travailler. C'était une angine, comme d'habitude. Je suis quand même allée chez le médecin où j'ai attendu une heure et où j'ai payé 45 euros (il était en honoraires libres). Mais bon, les antibiotiques, c'est pas automatique, et il ne faut pas s'auto-médicamenter il paraît.
Mercredi, je n'étais vraiment pas au top. J'ai passé la journée enroulée dans ma couette alors qu'il faisait 28 degrés dehors, à regarder W9 en boucle. Je suis tombée sur une perle: le doublage français de l'émission anglaise My big fat gypsy wedding. C'est un reportage "en immersion" parmi des gens du voyage irlandais établis en Angleterre. Selon leurs traditions très catholiques et très conservatrices, le mariage est l'évènement le plus important de la vie, et n'a bien entendu lieu qu'une fois. Les filles quittent l'école vers douze ans, ce qui est illégal, pour s'occuper de l'entretien de la caravane familiale et de l'éducation de leurs frères et soeurs plus jeunes. Pas étonnant qu'elles souhaitent ensuite se marier vite, à seize ans en moyenne, pour emménager avec leur mari dans leur propre caravane. Ensuite, elles feront rapidement des enfants, pour recommencer le cycle. Les garçons, eux, travaillent généralement dès seize ans, et sont libres d'aller et venir comme ils le souhaitent. Tout ce petit monde reste évidemment vierge jusqu'au mariage. Lors des mariages ou de grands évènements comme la foire aux chevaux d'Appleby (nationalement connue, si si), ils errent en quête de leur future femme. Lorsqu'ils trouvent une jeune fille à leur goût, ils "l'enlèvent": en la portant sur leur dos ou en la tirant comme un colis, ils l'emmènent à l'écart et essaient de lui voler un baiser en lui tenant les bras, en la frappant aux côtes... La fille résiste en hurlant et en se débattant, mais c'est normal apparemment. Elle ne doit surtout pas se laisser embrasser pour rester une fille bien. L'enlèvement est le signe qu'elle plaît à ce garçon, et qu'ils pourraient commencer à sortir ensemble (chaperonnés bien sûr).
Tout ceci était très intéressant. Surréaliste, mais intéressant. Les garçons considéraient respecter les femmes même si celles-ci n'étaient pas leurs égales: chacun sa place. Les filles n'étaient pas spécialement émues de leur statut inférieur dans cette société. Deux seulement sur la grosse douzaine interrogées ont regretté de jamais pouvoir sortir seules, de toujours avoir à demander de l'argent à leur père, puis à leur mari à qui elles doivent rendre des comptes en permanence. Elles n'ont pas non plus envie de travailler à tout prix. Elever leur petite famille leur convient très bien: c'est le rôle de l'homme de rapporter de l'argent, chacun son travail, chacun son rôle. De fait, les modèles de vie simples et régis par toutes sortes de lois et de règles peuvent exercer une certaine attirance sur les jeunes filles et jeunes hommes modernes. Par exemple, j'entends dire parfois que l'homme d'aujourd'hui est en crise parce qu'il a perdu son rôle traditionnel et qu'il ne trouve plus sa place dans la société nouvelle. Du coup, il est désorienté et c'est très dur pour lui de se sentir viril quand la plupart des filles qu'il croise se débrouillent très bien toutes seules, merci. A l'inverse, quelques-unes de mes amies évoquent parfois comme un doux fantasme le fait d'arrêter de bosser pour s'occuper de leur petite famille et petite maison. Un monde où tu n'as pas à affronter l'open space le matin. Où tu peux faire de la pâte à sel toute la journée et regarder W9 à quinze heures si tu en as envie.
La première communion, "répétition" du mariage
Et puis ensuite, la voix off du reportage t'explique que plus de la moitié des femmes gypsies sont victimes de violence conjugale. Elles quittent rarement leur mari car il est leur seule source de subsistance, leur seul moyen d'émancipation (autrement elles reviennent chez leurs parents), leur seule façon d'exister. Et si elles divorcent, impossible pour elles de se remarier. En outre, la plupart savent à peine lire et écrire, vu qu'elles partent tôt de l'école. L'une d'entre elles, jeune mariée de seize ans, explique que ce n'est pas grave, tant qu'elle est capable de noter le rendez-vous chez le médecin ou de lire les étiquettes. Hors du foyer, point de salut.
Bon, enfin voilà, être malade, ça a de bons côtés. Et hier du coup, ça allait un peu mieux, donc je suis allée voir Prometheus (pas top) et je suis passée à NT1, avec Les rois de la drague à Ibiza. Comme l'a souligné Petite-fistonne en commentaire de mon statut Facebook, ça ne vaut pas les Chtis dans le lieu sus-nommé.