Nobody's in a relationship anymore
Publié le 12 Septembre 2012
Le couple, de nos jours, c’est la mort du petit cheval. Sérieux, même ta mère sait que c'est complètement has-been de penser pour deux. Plus personne n’est en couple en 2012, c’est beaucoup trop stigmatisant en société. Les clichés sur les gens en couple, c'est qu'ils n’ont pas de vie, ils matent des séries au lit et se couchent à dix heures après avoir dégusté un petit plat maison. Parfois, ils ont même le mauvais goût d’avoir des enfants. Ils font des dîners assis avec d’autres couples, où l’on sert du vin à plus de cinq euros la bouteille et où personne ne finit sous la table. Ils vont au ciné avec leur carte UGC couple une fois par an, vu qu’ils ne peuvent plus aller voir séparément Avengers et Lol US (le premier pour Madame, le second pour Monsieur). Ils vont au marché le dimanche et se baladent aux Buttes d’un air énamouré, en faisant des blagues nulles qu’ils sont les seuls à comprendre. Ils ont des projets tout pourris, du genre des week-ends en Europe pendant lesquels ils ne quitteront pas leur chambre d’hôtel, ou bien l’achat d’un appartement avec une chambre supplémentaire pour une raison qu’on ne devine que trop bien et qui nous glace le sang. Ils sont deux sur leur photo de profil, ils postent des trucs gnangnan sur leurs murs Facebook mutuels, ils ne voient plus l’intérêt d’aller en boîte puisqu’ils ne peuvent plus chopper et ils se mettent à dire des trucs du genre « Non mais tu comprends, c’est vraiment le bon moment pour emprunter là, les taux sont plus bas que jamais ».
Bref, ils sont pathétiques.
A l’heure de la génération Y, le vrai cool, c’est de ne surtout pas être en couple. D’ailleurs, c’est bien simple, presque personne dans mon entourage n’est avec quelqu’un à l’heure actuelle, c’est une preuve éclatante de cette nouvelle tendance. Attention, ça ne veut pas dire que la plupart de mes amis sont dans les ordres ou bien d’éternels papillonneurs (comme Charles dans les Chtis à Mykonos,qui avance plus de 820 conquêtes). Non, ça veut juste dire qu’une vie amoureuse/sexuelle en 2012, ça ressemble à ça :
- le bon copain qui habite un peu loin pour être un plan cul régulier, et qui s’est donc transformé en PQL (Plan Cul Lyonnais, ça marche aussi avec les autres villes de France où tes potes ont eu la bonne idée d’aller s’installer).
- l’ex avec qui ça ne s’est pas terminé dans le sang et avec qui c’est toujours sympa de papoter un peu sur Facebook ou de faire la culbute de temps à autre, tout en prenant des nouvelles de son boulot.
- le copain d’enfance avec qui ça ne s’est jamais vraiment fait, si on oublie la pelle échangée bourrés aux dix-sept ans de Margot, mais que tu as retrouvé sur Facebook et dont tu regardes parfois les photos de mariage, avec un arrière-goût de regret et une certaine inquiétude.
- le mec du troisième qui te plaît bien, que tu croises de temps à autre à la machine à café, que toutes tes copines te poussent à aborder mais sur qui tu te contentes de fantasmer vaguement à l’heure de la digestion post-cantine.
- le prof de maths (ou alors il était ingénieur ?) que tu as rencontré en boîte il y a deux mois, que tu as choppé mais avec qui tu n'as pas accepté de rentrer, qui continue à t'envoyer des textos de temps à autre, de préférence à une heure du matin, avec son adresse dans le 20eme et le code de sa porte.
- ce pote de pote rencontré à une pendaison de crémaillère, avec qui ça avait bien accroché, que tu as revu une bonne demi-douzaine de fois sans que ça aille plus loin que des baisers, qui a eu la bonne idée de partir en VIE à New York et que tu as donc dû t’empresser d’oublier, alors que tu en avais déjà parlé à ta mère.
- le prof de taekwondo que tu vois tous les mercredis à l’entraînement, qui est gaulé comme Ryan Gosling et qui te fait toujours un grand sourire quand il te demande de lever plus haut la jambe, mais que tu n’oses jamais aller voir à la fin du cours parce qu’il a déjà dix minettes autour de lui.
- le pote d’école que tu ne vois quasiment jamais, avec qui tu finis toujours par discuter sexe et vieilles conquêtes, et avec qui tu as passé un pacte de mariage si à trente-cinq ans vous êtes toujours désespérément célibataires l'un et l'autre.
- le pote homo qui te fait rêver avec ses histoires de sexe perpétuel, qui te fait saliver sur le principe de Grindr et que tu quittes toujours un peu émoustillée à force de parler techniques de fellation et orgies improvisées.
- la copine bi absolument magnifique qui te propose tout le temps d’aller en boîte lesbienne « pour essayer », et que tu vas sans doute finir par suivre de bon cœur en te répétant qu’il ne faut pas se fermer de portes.
- le mec rencontré une fois via Adopte qui manifestait d’intéressants penchants no-life, qui ne t'avait absolument pas inspirée sur le moment mais qu’à force tu vas peut-être reconsidérer un samedi soir glacial de cet hiver où il vaut mieux être deux sous la couette.
- ton chef d’environ cinquante ans, tempes poivre et sel et chemise impeccable repassée par sa femme, qui fait des remarques sur les stagiaires filles qui passent dans les couloirs et qui s’adresse toujours à tes seins quand tu viens lui apporter la présentation Powerpoint à relire.
- l'ex, le vrai, celui avec qui tout était ouf, d'étendre le linge le dimanche soir au sexe debout dans une ruelle obscure, celui auquel tu continues de penser souvent en te demandant si tu n'as pas fait une connerie, avec qui tu as l'impression d'avoir laissé passer ta chance quand tu vois qu'il est parfaitement heureux avec une autre fille et que toi tu es toujours toute seule comme une grosse niaise.
- l’Argentin ou le Colombien ou le Chilien rencontré il y a trois mois dans un bar miteux de la rue Mouffetard, avec qui tu avais bien sympathisé autour d’un certain nombre de bières belges, dont tu n’as pas pris le numéro mais auquel tu penses encore de temps à autre avec une légère nostalgie.
- le mec avec qui tu étais vaguement sorti deux semaines il y a un an, avec qui ça s’est terminé pour d’évidentes raisons de désintérêt fulgurant et mutuel, mais avec qui tu dînes encore ponctuellement, histoire de voir s’il n’y a pas moyen de moyenner cette fois-ci, allez quoi, juste comme ça, mais qui continue de te mettre des vents parce qu’il a peur que tu t’attaches.
- un mec potentiellement assez intéressant, bien qu’un peu trop normal à ton goût, rencontré à l’anniversaire d’une amie et que tu as un petit peu fréquenté, jusqu’à ce qu’il ait une panne au beau milieu de la nuit et qu’il refuse de te parler le lendemain matin au petit déjeuner, et dont tu attends depuis des nouvelles, toujours incrédule devant l’étendue de l’orgueil masculin mal placé.
- le mec incroyablement beau du genre Abercrombie avec qui ça s’est fait une fois sur un malentendu en fin de soirée, qui t'a fait te répéter en boucle pendant qu’il se déshabillait « non mais là faut que je m’en rappelle, là j’ai atteint un sommet, après ça je peux que descendre », qui s’est révélé évidemment nul au lit mais dont tu continues régulièrement de te vanter auprès de tes copines, surtout en pleine période de désert sexuel intense.
- le mec à qui tu n’as pas encore répondu mais qui vient de t'envoyer un message sur Okcupid, qui a l’air assez marrant et qui regarde aussi Revolution, qui est canon sur sa première photo et horrible sur la deuxième, et à propos duquel tu n’arrives pas à décider si ça vaut le coup de te traîner jusqu’à Blanche pour un « petit verre » cette semaine, sachant qu’il y a 50% de chances qu’il ne te plaise pas.
- le garçon indien que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam mais qui te demande régulièrement en amie sur Facebook, et qui t'envoie des messages-types qui ne varient jamais et qui commencent tous par « Darling, you do not know me but I find you very charming ».
Vous voyez bien qu’avec tout ceci à l’œuvre dans son existence, plus personne n’a le temps d’être en couple. Et encore, je n’ai pas mentionné le crush de seconde avec qui tu parles sur MSN, ton Twittos préféré que tu suis passionnément et que tu aimerais bien poker à l’occasion, et le mec dont tu sais qu’il a secrètement le béguin pour toi et que tu prends un plaisir coupable à retrouver pour quelques verres tout en sachant qu’il ne se passera jamais rien entre vous deux. Et potentiellement bien d'autres encores.
Honnêtement, de nos jours, pour être en couple, il faut vraiment ne pas avoir de vie.