Petit guide de la masturbation féminine
Publié le 28 Août 2013
Chose promise chose due, faisons honneur au titre de cet article et lançons-nous dans un petit guide (non exhaustif) de la masturbation féminine. Je précise d’emblée que je ne suis pas sexologue et que mes « conseils » (ou plutôt, réflexions personnelles) n’ont que la valeur que l’on veut bien leur donner. Pourquoi ce guide ? Au cours des derniers mois, j’ai eu l’occasion de parler masturbation avec plusieurs jeunes femmes de mon entourage, et ça a remis en question quelques-unes de mes idées sur le sujet. Par exemple, je pensais que toutes les femmes se masturbaient, même si les statistiques affirment le contraire (les femmes mentent souvent à propos de leur vie sexuelle, c’est bien connu. Comme la théorie qui veut qu’elles divisent toujours par trois le nombre de leurs partenaires sexuels avant de l’annoncer à un homme. Ce qui explique les « sept et demi » et autres « deux trois quarts »).
Eh bien en fait, non. Je me suis rendue que certaines femmes ne se masturbaient jamais. Ou bien, ne l’avaient jamais fait. Encore plus perturbant, elles n’y voyaient pas d’intérêt. Ça m’a laissé songeuse. Je vois quelques explications à ces différents rapports à l’onanisme :
- J’en ai jamais eu besoin, j’ai toujours eu un mec.
Bon déjà, fuck off. Et ensuite : ok, je comprends. Mais tu as passé ta vie entière collée à ton mec ? Vous n’avez jamais été séparés pour quelques semaines, quelques mois (voire quelque jours) ?
En outre, pourquoi la masturbation serait forcément un pauvre substitut à une vie sexuelle épanouie ? Des tas de gens continuent de se masturber alors même qu’ils sont en couple. Pour moi, c’est deux choses différentes. C’est comme jouer à un jeu vidéo en co-op ou tout seul. Quand tu joues avec quelqu’un, c’est super excitant, il y a des tonnes de possibilités, tu interagis, tu t’adaptes, tu crées, tu peux aller beaucoup plus loin dans le jeu. Mais parfois, tu as envie de te faire une petite partie tout-e seul-e, pour retrouver ton monde imaginaire, tes petits trucs à toi, pour laisser libre cours à tes pensées. Je ne m’imagine pas arrêter un beau jour de me masturber parce que je suis en couple. Je conçois que forcément, le rythme peut ralentir, c’est bien compréhensible. Mais je crois que j’aurais toujours envie, de temps à autre, d’un moment à moi.
EDIT
- Je n'en ressens pas le besoin.
Une fidèle lectrice m'a fait remarqué que certaines filles, comme certains mecs, n'en ressentaient tout simplement pas le besoin. Excellent point que j'avais oublié. Merci :)
FIN DE L'EDIT
- Ca me gêne. J’ose pas.
Ce qui est chouette avec la masturbation, c’est que ça se pratique par définition tout-e seul-e. Personne te regarde. Personne ne te juge. Tu peux tout essayer tranquille, ou au contraire être rebuté-e par certaines choses, ça ne pose aucun problème. Du coup, je ne comprends pas trop comment on peut avoir de la gêne vis-à-vis de soi-même. Il n’y a rien de mal à se masturber, évidemment. Même si c’est une question de pudeur ou de dégoût, il y a de grandes chances qu’il y ait une formule qui te convienne. On peut se toucher sous la couette, sous la douche, sur le canapé, dans les toilettes du bureau. A poil, en jean, en culotte, en pyjama, pas épilée. Avec un objet, avec sa main, avec un coin de table, avec une courgette (n’en déplaise à certaines), avec un gode. On peut se toucher où on veut, le temps qu’on veut. En lisant un texte, en regardant une vidéo, en se racontant une histoire. En pensant à quelqu’un, en pensant à soi, en pensant à une situation. Bref, la masturbation, c’est la liberté totale !
- Je ne sais pas comment m’y prendre.
Etonnamment, c’est la remarque que j’ai la plus entendue. En prépa, j’avais eu une grande discussion avec une copine. Elle m’a expliquée qu’elle n’avait jamais essayé de se masturber, et elle voulait des conseils sur la manière de procéder. Evidemment, chaque personne est différente, avec ses préférences, ses trucs et astuces, ses techniques perso. Je n’ai pu que lui conseiller un grand classique : la douche. Tu dévisses le pommeau, tu places le jet entre tes jambes. Même Glamour évoque les émois procurés par la plomberie, pour preuve que c’est plutôt efficace. Le lendemain, ma copine en était toute retournée : Dis donc, ça marche super bien ton truc, merci. De rien, de rien. Contente que ça ait fait de l’effet !
Du coup, je propose ici un petit mode d’emploi indicatif de la masturbation féminine, basée sur ma propre expérience et sur celles de mes amies au sens large (coucou les filles !) :
Déjà, si ce n’est pas quelque chose que tu as l’habitude de faire, prévois du temps. Prévois une heure et demie, pour être tranquille. Le fait de savoir que tu ne vas pas être dérangée est pour moi capital. Après, certaines aiment le frisson d’excitation qu’apporte le risque d’être découverte et le fait d’être limitée dans le temps. A toi de voir. Mais pour une première fois, ça peut être bien d’y aller cool.
Ensuite, prends une position qui t’est confortable. Je dis ça, mais j’en connais qui privilégient les coins de table, du coup j’imagine que ce n’est pas super confortable, mais bon. Le confort, c’est important. Ça permet de s’oublier et de se concentrer exclusivement sur les sensations. La position en elle-même importe peu. Dans ton bain, assise dans la douche, allongée sur le dos, sur le ventre, assise dans le canapé, c’est toi qui vois.
Passons à l’outil choisi pour ce travail délicat. Le grand classique, ce sont bien sûr les doigts. Efficaces, doux au toucher, précis, tout-terrain et surtout organiques, pas en plastique froid : j’avoue que c’est une valeur sûre. Et puis, comme il y en a dix répartis sur deux mains, on peut en faire des choses avec eux. Mais, tout comme certaines filles ne supportent pas l’idée du sex-toy, d’autres ne supportent pas l’idée d’y mettre les doigts. Chacun son truc ! Le sex-toy, c’est sympa mais selon moi, ça peut être déconcertant les premières fois. On finit par être plus concentrée sur ce qu’on fait avec que sur ce qu’il nous fait à nous. Et puis, il y a tellement de sex-toys sur le marché (notamment sur Internet, mon fidèle allié), que ça peut être difficile de faire un choix et de trouver le bon, celui qui nous fera réellement de l’effet. Surtout qu’on ne peut pas l’essayer et le renvoyer si on n’est pas satisfaite.
A chacune de faire son opinion et ses essais, mais au vu de choses lues et entendues, voici quelques pistes :
- le fameux Rabbit : alors lui, c’est l’incontournable, celui qu’elles ont toutes dans Sex & The City. Il existe tout un tas de déclinaisons (à picots, qui tourne sur lui-même, long, fin, court, large, transparent, en couleurs etc). Mais le principe de base, c’est : un objet oblong à insérer où l’on veut, mais généralement dans le vagin, qui va vibrer. Et deux oreilles « de lapin » qui vont venir s’appuyer contre le clitoris, et qui vibrent également. L’engin est pas mal, mais la vitesse des vibrations (qui est l’un des critères principaux des utilisatrices) n’est pas toujours suffisante pour faire grimper au plafond. Cela dit, ça ne coûte rien d’essayer, mais pour démarrer, ça peut être flippant.
- Le Fairy : petit nouveau dans la lignée de la Magic Wand d’Hitachi (amateurs de BDSM, bonjour). Je conseille la lecture de cet article de Mademoiselle pour comprendre le talent du machin. C’est le petit préféré de Maïa Mazaurette, une référence de qualité. Ca consiste en gros en une grosse boule en silicone qui vibre TRES FORT, à poser contre le clitoris. Décollage assuré, et pas de panique, on peut régler l’intensité des vibrations.
Cela dit, pour celles qui ont besoin d’une pénétration pour jouir (à ma grande surprise, oui, il existe des filles qui ne peuvent pas jouir sans être pénétrées. Je pensais bêtement, moi, que les femmes ne pouvaient pas jouir sans être stimulées au niveau du clitoris. En fait, ce serait plutôt un mélange des deux, comme un bon cocktail), pour celles-ci, donc, le Fairy peut très bien se conjuguer avec un vibro (qui vibre, donc) ou un gode (qui ne vibre pas), pour le côté pénétration.
A mon humble avis, il faut oublier les mini-vibros en forme de rouge à lèvres, les canards vibrants et autres fantaisies qui sont très glamour et très coquines sur le rebord de la baignoire, mais qui ne servent tout bonnement à rien.
On reprend, donc. On en était aux outils. Les doigts, le sex-toy, ce sont les options évidentes, mais ensuite, c’est le grand champ des possibles. La pression de l’eau est connue pour donner pas mal de sensations (le jet de la douche, par exemple). Il paraît que 5% des Françaises jouissent en se frottant à un coussin (ou un drap, ou un bout de tissu). Les légumes, c’est comme les sex-toys, les déodorants ou les tubes de crème : pourquoi pas, mais on enfile une capote dessus pour éviter d’infliger n’importe quoi à son pauvre vagin. Bon, on va pas faire une liste exhaustive, mais en gros c’est toi qui voit ce qui t’excite (et ce que tu as sous la main, et ce que tu as envie d’essayer).
Heureusement, nous n'avons pas ce problème-là.
Dernier point : le support. Pas dans le sens canapé ou lit, plus dans le sens « béquille de l’imaginaire » pour te mettre dans le mood et pour lancer la machine. C’est le moment de ressortir le grand méchant porno de ma poche, parce qu’il est globalement assez efficace. Encore une fois, il faut savoir identifier ce que l’on aime regarder. Un seul critère : tu regardes, et tu as le cœur qui bat un peu plus fort, et tu as envie de faire l’amour. On s’en fout si le mec est moche, si la fille est humiliée ou si ça n’a pas l’air très réaliste. Tant que c’est légal et que les personnages sont adultes, on peut y aller. On laisse le féminisme, l’hygiène, le bon goût et la morale à la porte, sinon ça ne marche pas. Ce qui n’empêche pas de vouloir du porno de meilleure qualité et de rejoindre parfois en ça le mouvement féministe, bien sûr. Quelques petites idées soft: X-art, c’est propre et mignon. Il y a souvent une catégorie female-friendly sur les portails type Pornhub, qui regroupe des vidéos plutôt propres.
Mais, si le porno, décidément, c’est vraiment pas ton truc, tu peux aussi te tourner vers les romans érotiques. Il y a les classiques du genre (Histoire d’O, par exemple, et à mon grand regret, 50 shades of Grey), mais il y en a pour tous les goûts, notamment en e-books. Sinon, il y a plein de forums sur Internet où des écrivains amateurs laissent libre cours à leurs fantasmes en publiant de mini-récits parfois très sympas à lire. Pas besoin d’aller bien loin : Aufeminin a une section Textes érotiques qui peut se révéler très pratique.
Et puis voilà, je crois qu’on a tout, c’est parti !
Cela dit, tout ceci n’est qu’un recueil d’idées, le mieux c’est d’essayer, de se laisser du temps, d’y revenir si ça ne prend pas tout de suite, de varier les formules, sans se forcer bien sûr. Quel est l’intérêt de passer 45 minutes à se toucher, un dimanche après-midi, au lieu de faire la lessive ou de mater Suburgatory ? Ben, un chouette orgasme et un bon moment, tout simplement.
Petit aparté pour mes lecteurs masculins : j’ai dit quarante-cinq minutes. Ça peut prendre plus ou moins longtemps, on est bien d’accord. Avec le Fairy, certaines annoncent quelques secondes, même si je n'ai pas eu ce type de témoignage dans mon entourage. La moyenne semble être plutôt autour de vingt minutes. Tout ça pour dire que si, pour un homme, la masturbation se résume à cinq minutes vite fait bien fait avant de dormir, c’est souvent très différent pour les femmes.
Bon, et dernier point : comment on sait qu’on a eu un orgasme ? Il y a des femmes qui essaient de se masturber car elles n’ont jamais joui avec quelqu’un et veulent voir si elles peuvent y arriver par elles-mêmes. Très bonne idée, si je peux me permettre ! Or, parfois, on a beaucoup de plaisir, mais on a un peu du mal à identifier le fameux orgasme. Je pense que cette phrase, lue je ne sais plus où quand j’étais ado, alors que ça faisait déjà quelques années que j’avais l’habitude de me masturber, résume bien le sujet : Si on n’est pas sûr d’avoir déjà eu un orgasme, c’est que l’on n’en a jamais eu. C’est marrant, je n’avais jamais eu le moindre doute. L’orgasme a ce caractère d’évidence qui fait qu’on le reconnaît immédiatement. Des indices tout de même : il s’agit d’une montée vers un paroxysme, donc c’est progressif, et ça explose au final. C’est tout un cheminement, quoi. Et au moment de l’orgasme et pendant quelques minutes après-coup, ton vagin se contracte et « palpite ». A part ça, il y a aussi l’extra-sensibilité de ton clitoris, qui fait que tu ne peux plus te toucher pendant un moment. Mais les sex-toys peuvent rendre ce critère trompeur, parce que parfois ils peuvent « irriter » plus que « stimuler ».
Eh bien je crois que j’ai fait le tour de la question. J’ai sûrement oublié des choses et j’en ai sans doute laissé d’autres de côté, mais je ne crois pas avoir dit de grosse bêtise, et je pense avoir dit le plus important. Je ne sais pas trop si ce guide servira, mais on sait jamais. Les jeunes, ils tapent n’importe quoi dans Google de nos jours.