Petit traité de pisciculture
Publié le 22 Juillet 2013
Putain, il fait chaud. Il fait chaud chaud chaud chaud chaud. Canicule de ta mère. Je suis calfeutrée dans ma boutique dans l’espoir de garder le frais et de chasser la chaleur. Pour l’instant, cette technique est un gros fail.
J’ai eu la chance ce week-end de profiter de la présence de ma charmante cousine de 17 ans. Nous avons passé un excellent moment à base de Pacific Rim (une tuerie totale ce film, il ne te refuse rien, quand tu veux que ça explose ça explose, quand il te sort un monstre super badass, bam !, il lui ajoute des ailes et il devient over badass, quand tu as envie d’une epic battle, tu l’as, bref, un total plaisir des sens et du mauvais goût), à base de sushis, de théâtre et de visite au Jardin des Plantes. Aujourd’hui, j’ai aussi eu le plaisir de rencontrer son cher et tendre avec qui elle file le parfait amour depuis un an et demi, après l’avoir friendzoné allègrement (il a été patient pendant deux ans, le garçon. Admirable).
Bon, forcément, quand tu te retrouves face à des gens qui ont dix ans de moins que toi mais une vie sentimentale (passée et présente) douze fois plus fournie, tu as un moment de doute. Suis-je sous-douée des choses de l’amour (et du sexe) ? Ai-je raté le tuto sur le sujet récemment ? Les ados d’aujourd’hui savent-ils des trucs que j’ignore toujours ? Si oui, quelqu’un peut-il me mettre au courant ?
Avec une amie, nous avons élaboré un soir de discussions alcoolisées pleines d’inepties le concept de vivier. C’est très simple : chaque personne célibataire a un vivier. C’est en quelque sorte un lot de connaissances plus ou moins proches avec qui il y a moyen qu’il y ait moyen. Tu vois ce que je veux dire ? On peut y trouver en vrac :
- Ton ou tes ex, quand vous vous parlez encore et que tu sens que tu pourrais recoucher avec, ou quand vous couchez toujours ensemble.
- Tes cibles potentielles, même s’il ne s’est encore rien passé.
- Tes plans culs, plus ou moins réguliers.
- Les potes avec qui tu pourrais éventuellement envisager un plan cul.
Etc etc, liste non exhaustive.
En fonction de chaque histoire, il faut préciser ce qu’il y a exactement dans le vivier. Par exemple, si tu couches déjà avec la personne, elle est à 100% dans ton vivier, en immersion complète. Si c’est ambigu, elle a en quelque sorte une patte dedans, une patte dehors (bon, chacun peut filer la métaphore comme il l’entend hein). Si c’est une cible, elle est sur le bord et elle touche l’eau, mais elle n’est pas encore décidée à plonger. Une illustration : voici le vivier de quelqu’un (que nous ne nommerons pas), version schématisée.
Vous noterez le rectangle bleu qui est en fait une patte, le pentagone chelou qui est une vraie personne et l’étoile filante qui est un prospect qui a échoué.
Ce qui est intéressant avec le terme vivier, c’est qu’il implique que tu peux cultiver ce pré carré, le faire grandir et influer dessus. Bref, que tout n’est pas perdu et que tu peux avoir une once de contrôle sur cet aspect en dessous de la ceinture de ta vie. Enfin, je dis ça, je ne cultive rien du tout pour ma part. Je suis plus du genre à espérer que des proies tombent par hasard dans mon espace de pisciculture, parce qu’ils ont trébuché sur le rebord ou tout simplement par pure chance.
Il paraît que ça arrive, parfois.
En vrai, c’est parce que je suis tout à fait incapable de faire de la pisciculture. Je ne sais pas m’y prendre avec les poissons (on est bien d’accord que tout ceci est une métaphore). Genre, si tu leur donnes trop à manger ils meurent, mais pas assez ils meurent aussi. S’ils sont trop nombreux ils se nagent dessus, mais tous seuls ils dépérissent. C’est d’un compliqué, sérieux. Il faut que l’eau soit pile à la bonne température, pile au bon niveau de salinité et de PH.
Tout comme il y a des gens qui ont la main verte, il y a des gens qui ont la main bleue – ils savent constituer et gérer efficacement un vivier. Déjà, ils savent le remplir, car ce sont des râteaux à feuilles, c’est-à-dire des personnes qui attirent auprès d’eux les représentants du genre qui les intéresse. A l’inverse, certaines personnes sont des souffleurs à feuilles : eux éloignent leurs cibles et n’arrivent jamais à les approcher. On ne naît ni râteau ni souffleur, on le devient. Mais un souffleur peut-il évoluer en râteau ? Seul Pokémon nous le dira.
Venez par là, les bonnes feu-feuilles.
Et puis, une fois le vivier rempli, ils savent s’en occuper. Je ne sais pas s’ils ont lu un bouquin ou autre (j’ai pourtant docilement lu Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus, comme tout le monde), s’ils ont regardé une émission (oui, mais laquelle ?) ou s’ils sont juste naturellement doués. Mais le fait est que les membres de leur vivier n’en sortent jamais (ou bien pas de leur plein gré) et sont régulièrement remplacés par souci de fraîcheur.
Bien. Déjà, bravo d’être arrivé à la fin de cet article, c’était pas gagné (cela dit, aujourd’hui, j’ai évité le sujet du génocide rwandais, c’est déjà pas mal). On va la jouer en mode appel à témoins d’NRJ 12 : vous vous reconnaissez dans le concept de vivier et de râteau à feuilles ? Vous êtes l’heureux propriétaire d’un vivier vivace et bien fourni ? Vous avez été souffleur à feuilles dans votre passé mais avez réussi à évoluer au stade de râteau ? Contactez-moi via Facebook ou en commentaires. Votre témoignage nous intéresse. Enfin, votre témoignage m'intéresse.
Et bonne canicule à tous !