Prom culture

Publié le 21 Février 2012

Walking down the road, my friends at the mall. Everybody is looking at my new dress is blue. My hair is perm and my perfume smells good! I like a boy, he's nice.

Poignant, n’est ce pas, le début de la chanson Prom Night de Rebecca Black? Elle a validé le CP en apprenant les jours de la semaine, et du coup elle peut assister le cœur joyeux à son bal de fin d’année. La Prom Night, aux Etats-Unis et au Canada, se déroule au lycée et vient clôturer l’année scolaire en beauté. Dans le gymnase de l’école, tous les élèves sont conviés, et c’est mieux d’y amener un(e) cavalier(e). Sous la surveillance de parents bénévoles, les chaperones, les élèves dansent, boivent du punch sans alcool (qu’il s’agit d’essayer de corser discrètement, pour les plus audacieux), et flirtent si possible. Les filles ont des chignons et de belles robes et les garçons des costumes-cravates et les cheveux bien coiffés. Cette fête de fin d’année semble bien anecdotique, surtout en France où nous n’avons pas la même tradition. A la limite, le dernier jour d’école, on regardait un film en cours de maths en mangeant des bonbons, et tout le monde rentrait content chez soi. Pourtant, la prom night est devenue un élément à part entière du folklore américain, en plus d’un vrai business (limousines à louer, robes, corsages, c’est-à-dire fleurs à offrir à sa cavalière…) Petit tour d’horizon des représentations de cet événement dans la culture américaine, avec encore un petit Rebecca pour la route :

Walking over to sip some punch. Our eyes they meet and my heart stops! Fly away my butterflies, fly away fly away… He hands me a flower and a note attached. Will you be mine, I think in my mind?

PROM NIGHT from celia rowlson-hall on Vimeo.

-It’s an American tradition

Les proms existeraient depuis la fin du 19^ème siècle, et on en trouve trace dans les registres des écoles à partir des années 1930, d’après Pretty for Prom. D’abord réservée aux lycées d’élite privés, la coutume se répandit dans tous les établissements. Prom est le raccourci de promenade, car les invités « défilaient » au début de la soirée. Cet évènement mondain a surtout pris de l’importance dans les années 1950, dans le boom économique de l’après-guerre. Aujourd’hui, il est souvent considéré comme l’apogée de la vie d’un adolescent (enfin, surtout dans la culture populaire). Movie : Grease, où la prom représente l’apogée de l’année en termes de couples, de choppes et de rebondissements.

-Should I chaperone my kid’s prom?

Question épineuse que celle des chaperons, ces parents bénévoles qui surveillent la soirée, aux côtés des profs. Pas sûr que votre grande gigue de fille voit d’un très bon œil la présence de Maman ou Papa, alors qu’elle comptait justement chopper Ryan le catcheur ce soir-là. En même temps, les chaperons sont nécessaires, pour éviter tout débordement du genre « inapropriate dancing » ou « smoking in the parking lot ». Ce qui est sûr, c’est que les chaperons aussi doivent revêtir leurs habits de lumière. Book : Harry Potter et son traditionnel bal de Noël, chapeauté par les professeurs en tenue festive.

-Make a pose, darling !

Les photos de groupe sont le passage obligé du circuit pré-prom. On invite ses amis à la maison pour se préparer, surtout quand on est une fille. On glousse en saupoudrant les paupières de paillettes, en ajustant les chignons, en remontant la fermeture éclair des robes aux couleurs vaguement criardes. Et puis on s’aligne bien sagement et on sourit, la main sur la hanche, en mode « les koupines !!!! » Et quand les cavaliers arrivent, en smoking et pourquoi pas gilet et nœud papillon assortis, on fait pareil, tous ensemble. Series : Made, l’émission de MTV où tu peux passer de loser à winner et enfin poser devant tes parents aux anges de ne pas avoir enfanté un freak.

-I need a date. Now!

Merci au fabuleux site Pretty for Prom, qui, non content de fournir aux jeunes filles un retro-planning pour qu’elles soient fin prêtes le jour J, distille de bons conseils pour trouver un cavalier pour la soirée. Le site part du principe que c’est au garçon de faire sa demande, et que la fille doit donc subtilement lui en donner l’envie et/ou l’idée. Pour se faire, PfP répertorie les différents types de garçons qui peuvent plaire et quelle stratégie adopter. Par exemple, le rebel without a cause, Drazic dans Hartley Cœurs à vif quoi. Ce mec est soit dans un group de punk qui déchire ou un artiste torturé et il est beaucoup trop cool pour venir à la prom… jusqu’à ce qu’il te rencontre. Invite-le à un concert de rock indé et lâche l’air de rien en passant que même si la prom, c’est trop naze, ça te plairait bien quand même d’aller danser sous les spotlights en robe en satin fushia. Et s’il ne se décide toujours pas, lance-toi et invite-le, il te trouvera peut-être si cool et anti-establishment qu’il acceptera. Mon Dieu. Autres profils de garçons possibles : le meilleur-ami-pas-friendzoné, le garçon-mystérieux-qui-vient-d’arriver-dans-ta-classe-de-maths (en fin d’année, mais bien sûr), le timide et le populaire. Mesdames, faîtes votre choix. Movie : She’s all that (Elle est trop bien), où Freddie Prince Junior accepte le défi d’aller à la soirée avec une soi-disant artiste torturée moche, qui se révèlera canon et prom queen material.

-Dîtes-le avec des fleurs

Le cavalier offre traditionnellement un corsage, c’est-à-dire une petite composition florale qu’il passe au poignet de sa cavalière, lorsqu’il vient la chercher chez elle pour aller à la soirée. Au préalable, mieux vaut qu’il se renseigne sur la tenue de sa dulcinée, pour pouvoir choisir la couleur des fleurs en conséquence. Dans le doute, prendre blanc ou rose clair. Une fois rentrée du grand soir, la jeune fille pourra conserver au réfrigérateur le précieux cadeau, dans sa boîte en plastique, comme souvenir de ce moment merveilleux. Movie : Virgin Suicides, où les cavaliers de chacune des sœurs Lisbon passent le corsage à leur dulcinée, sous les yeux inquiets de la mère.

-You and me, always together

On prend aussi des photos de couple avant d’aller à la soirée, dans le hall d’entrée par exemple, ou dans le jardin. Mais on en prend surtout à la prom elle-même, grâce à un photographe « officiel » chargé d’immortaliser les couples éphémères. Devant un fond impression nuages beige et blanc, il s’agit d’être beau et de sourire, de réussir une photo qu’on pourra caresser du bout du doigt avec nostalgie, quand on aura fini de grandir. Par contre, pour les gays, no prom : son évènement a été annulé quand une lesbienne a essayé de s’y rendre en couple, donc elle a fini par faire un procès. Même si le juge statua en sa faveur, le proviseur encouragea les parents à organiser une soirée secrète où elle et son same-sex partner n’étaient pas invitées. Du coup, le lycée organisa une prom officielle où elle a pu venir, mais il s’avéra qu’il n’y avait qu’elle et quatre autres personnes ; ses camarades de promo s’éclataient à la private prom au country club. Toute l’histoire de cette homophobie qui ne dit pas son nom ici. Book : Twilight, où Bella réussit à traîner son pauvre vampire de copain à sa prom, parce qu’ils ont beau avoir 216 ans à eux deux, ils se comportent quand même comme des gros niais.

-Spike the punch

Corser le punch, c’est le jeu typique des mauvais garçons qui se lancent ce dernier défi avant de quitter le lycée. Réussir à mettre saouls ses camarades, c’est l’assurance de marquer la mémoire des élèves et l’histoire du lycée. Je n’ai jamais bien compris comment procéder cela dit : faut-il corser tous les bols de punch en même temps ? Et une fois qu’un bol est vide, il faut à nouveau y ajouter de l’alcool ? En bref, tu passes ta soirée à faire ça. Tu te sacrifies pour que les autres passent une bonne soirée. Pas facile, d’être le bad boy sur qui tout le monde compte. Series : Glee, où Artie corse le punch avec… de la limonade.

-And the winner is…

L’apogée de la prom, c’est bien sûr l’élection du roi et de la reine de la soirée. Les élèves sont invités à voter à bulletin secret. Les gagnants se font couronnés et mettre une écharpe. Attention, ça aide de se présenter en couple ! Movie : Mean Girls (Lolita malgré moi), où Lindsay RedHead Lohan gagne même si c’est une vraie peste (mais tout finit bien).

-Afterprom ?

Après la soirée, l’heure est à l’after prom, plus relax, où on quitte ses habits guindés pour aller se relaxer dans un jacuzzi ou faire un laser game entre amis. Mais l’afterprom, ça signifie surtout chambre d’hôtel et première expérience sexuelle, pour bon nombre de lycéens qui vivent leur virginité comme un fardeau dont il faut se débarrasser avant l’université. Movie : Virgin Suicides, où Lux Lisbon (Kirsten Dunst) se livre à Trip (Josh Hartnet) sur le terrain de foot déserté.