Something stupid
Publié le 12 Février 2013
And then I go and spoil it all, by saying something stupid like "I love you"
Il est tard, il fait froid, la neige tombe à petits flocons sur la ville qui s’emmitoufle pour la nuit. On sort de la gare, ma valise sous ton bras, ma main dans la tienne, un sourire bête sur le visage. Tu me proposes d’aller dîner et j’ai envie de danser. Il n’y a que nous dans le restaurant, on trinque comme des ados amoureux en se dévorant du regard. Tu partages ton dessert avec moi, je ris à chaque bouchée, et puis je gâche tout en disant quelque chose d’idiot comme Est ce que oui ou non, tu comptes emménager avec moi ?
Le dimanche, on reste sous la couette jusque tard dans la journée. Je te réveille trop tôt, comme d’habitude. Tu grognes mais tu finis par émerger. On regarde des séries stupides mais drôles en se partageant les céréales qui restent au fond du paquet. On est encore en pyjama ou à moitié nus à quatorze heures et c’est très bien, parce que personne ne nous attend nulle part. Tu me parles de ce jeu que tu aimais tant quand tu étais petit, ça me fait rire, je te raconte la fin du film, tu me tapes avec un oreiller, et puis je gâche tout en disant quelque chose d’idiot comme En fait, je crois que je préfèrerais qu’on arrête là.
Parfois on s’appelle au milieu de la nuit, parce qu’on n’habite pas au même endroit. Je suis dans un bar avec des amis mais je sors fumer sur le trottoir et j’en profite pour te passer un petit coup de fil. Il fait chaud juste ce qu’il faut, les filles sont en jupe courte et les garçons en T-shirt, il y a de la musique et des rires autour de moi, et autour de toi à l’autre bout du fil. Tu me dis que tu es avec des amis, tu t’amuses bien, tu penses à moi. Je répète la même chose en ajoutant à mi-voix que j’ai envie de toi parce que j’ai bu un verre de trop. Tu ris à tue-tête avant de me chuchoter la même chose. Je me sens terriblement proche de toi malgré la distance et puis je gâche tout en disant quelque chose d’idiot comme J’en peux plus de ne pas te voir plus souvent, je jette l’éponge.
Le samedi après-midi, après s’être levé tard et avoir déjeuné dehors, on passe l’après-midi à l’appartement et tu as ton sourire des bonnes idées de mauvais garçon. Tu me prends dans tes bras et on s’embrasse en donnant à nos baisers un avant-goût de plaisir. Je fais semblant de continuer de ranger mon manteau mais tu me l’arraches des mains en m’entraînant sur le canapé. On se renverse entre les coussins et je croise ton regard en sentant ton cœur battre contre le mien. Ta main se pose sur mes cheveux et tu te penches pour chercher mes lèvres. Et puis je gâche tout en disant quelque chose d’idiot comme Mais pourquoi tu ne veux pas que je rencontre tes amis ?
Tu pousses la porte tout doucement en espérant me surprendre en plein travail. Je t’aperçois brusquement et la surprise est totale. Tu as un bouquet de fleurs à la main et le grand sourire de celui qui a réussi son coup. Je te demande ce que tu fais là pendant que tu m’embrasses et tu me réponds que tu voulais me voir. Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas prévenu mais tu m’enlaces en me disant que tu voulais voir la tête que j’allais faire. Tu sens ton parfum habituel et mon cœur bat un peu plus vite. Tu blagues, tu caresses ma joue et puis je gâche tout en disant quelque chose d’idiot comme On ne peut pas continuer, j’ai l’impression qu’on ne va nulle part.
Je ne sais pas apprécier ces moments d’amoureux si mes sentiments ne sont pas vrais à 100%. Alors le timing n’est jamais bon, les roses ne sont jamais assez rouges, tes baisers jamais assez doux. Le monde continue toujours de tourner, jamais les papillons ne décollent dans mon ventre et jamais nous ne sommes seuls au monde. C’est toujours toi, moi et mes pensées. Je sais que je suis compliquée, rabat-joie, impossible à saisir et terriblement narcissique. Je vois une table pour deux et une bouteille de champagne et je me méfie. Je reçois un cadeau sans occasion particulière et j’ai peur. Si tout ce cinéma venait avec l’assurance de ne pas souffrir derrière, je deviendrai la plus grande star de mon Hollywood. Mais en vrai, l’addition est toujours salée alors je préfère fuir au moindre signal d’alerte et agiter exactement ce qui ne va pas sous ton nez comme pour te prévenir qu’on ne me la fait pas.
Et puis je gâche tout en disant quelque chose d’idiot comme « c’est pas toi, c’est moi » ou son contraire, et le film s’arrête là. Parfois c’est mieux de ne pas regarder la fin.