Une défense des tubes de l'été

Publié le 3 Avril 2013

Ah, les bons vieux tubes de l’été. Tous ces trucs ringards au possible qui ne passent plus qu’au Memphis après une heure du matin. Ceux que plus personne n’ose mettre en soirée par peur de perdre tous ses amis. Ceux qui apparaissent par hasard en mode de lecture aléatoire et que tu t’empresses de zapper, un vague sentiment de honte t’envahissant.

Et bien je dis stop.

Evidemment, je ne milite pas pour le retour de Yakalélo en soirée. Mais j’ai une tendresse toute particulière pour ces chansons débiles qui apparaissent en Mai et qui meurent en Septembre. Ce sont les comètes de la mauvaise musique, en quelque sorte. Comme elles sont éphémères, les souvenirs qui leur sont associés sont forcément délimités dans le temps, précis et chronologiquement identifiables. Si on te demande à brûle-pourpoint ce que tu faisais l’été de l’an 2000, je doute que tu puisses répondre. Mais si je te demande ce que tu faisais au moment où tu écoutais Lady, de Modjo (en CD 2 titres évidemment), tu pourras sans doute répondre, tout comme moi : Je customisais cette pochette avec des coccinelles brillantes autocollantes et j’écoutais cette chanson sur le lecteur CD de mes grands-parents, parce que j’avais 13 ans.

  

Non ? Ça te fait pas ça, à toi ? Je te propose quand même une petite revue de tubes de l’été qui vont sans doute raviver tes souvenirs.

Wes, Alane

J’ai organisé un goûter de fin d’année chez moi à Grenoble et mes amis de CM1 (j’imagine, en 1997 j’avais dix ans) se jettent joyeusement des bombes à eau à la figure en pillant le buffet à bonbons. Tout à coup, mon amie Bertille (ça ne s’invente pas) lance le single de Wes et nous apprend à tous la choré à grands renforts de booty shake et de bras en l’air (avec Mia Fry!). Ma mère (qui nous chaperonne) en reste un peu stupéfaite.

 

I will survive, Hermes House Band

Alors là, c’est facile, et c’est vrai pour tout le monde : on est en été 1998, la France vient d’être couronnée championne du monde de foot, on bouffe de la reprise de Gloria Gaynor à toutes les sauces. Na, na na na na…

 

Two times, Ann Lee

C’est l’été 1999, j’ai douze ans. Ma mère me force à travailler dans le jardin, du genre couper des branches ou arroser les fleurs. Il fait une chaleur à crever au-dessus de Grenoble. Je n’accepte de bosser que Discman à fond dans les oreilles, avec cette chanson en fond sonore. C’est aussi ça, être ado.

 

Aimer jusqu’à l’impossible, Tina Arena

Eté 2005, celui de mes 18 ans, celui avant la prépa. Après des vacances entre amis, je suis de retour chez mes grands-parents en famille. Ma petite cousine de 9 ans manifeste un goût inquiétant pour les musiques pourries. Elle nous régale notamment tous les soirs d’une chorégraphie de son cru sur ce tube inénarrable de Tina Arena. L’année précédente, son tube de prédilection était Face à la mer, de Calogero/Passi. J’ai des images d’elle en train de valser toute seule dans le jardin en s’époumonant ; je les garde précieusement jusqu’au jour de ses 18 ans.

 

Hips don’t lie, Shakira feat. Wyclef Jean

En 2006, l’été entre mes deux années de prépa, j’ai 19 ans. Mes parents ont accepté de m’envoyer quinze jours en voyage linguistique à Munich. Je vis dans une famille qui habite en proche banlieue et qui me prête un vélo pour me déplacer (c’est là que j’apprends à faire du vélo avec un parapluie : j’en suis très fière). A l’école de cours d’allemand le matin, je sympathise avec d’autres gens en échange, notamment une Suissesse et un Hongrois. On devient rapidement inséparables. Il fait relativement beau alors on fait tout un tas d’excursions ensemble : camp de travail Nazi (je sais, c’est charmant), parc, balade dans la ville…

Pour mon dernier soir, on décide de sortir en boîte même si le Hongrois n’a pas 18 ans. Ça passe, il rentre avec nous. Cette putain de chanson passe en boucle ! On fait la bringue jusqu’à cinq heures du mat alors que mon avion décolle à sept heures. Je rentre chez moi à vélo et en T-shirt (je n’ai pas voulu prendre de veste pour ne pas payer le vestiaire. How clever). Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie et j’ai l’impression que je ne vais jamais arriver à destination. Rentrée chez mes parents dans le Sud, je développe une toux abominable et on me diagnostique un début de pneumonie, péniblement soignée. Le mot de la fin sera pour ma mère : De toute façon, depuis que tu es petite, tu refuses toujours de te couvrir. C’est bien fait pour toi.

 

Façon Sex, Tribal King

Même été 2006, mois d’août : les Tribal King et leur flow à deux balles envahissent les ondes radio. Leur clip est absolument cultissime! Je finis par connaître les paroles par cœur. Dès la rentrée, je fais la connaissance de mes deux nouvelles voisines de résidence étudiante, et on la scande partout : dans nos chambres, dans les boîtes les plus nulles de Lyon (remember le Fridge !), en faisant notre vaisselle à contre-cœur. Aujourd’hui encore, je suis fan.

 

Lucky, Lucky Twice

Typiquement une chanson de l’été, impossible à se sortir de la tête mais complètement pourrie à la fois. Nous sommes en 2007, j’ai 20 ans et je passe quinze jours à Barcelone avant de faire ma rentrée en école de commerce. J’ai une chambre dans une coloc d’étudiants et je suis des cours de castillan le matin. J’ai l’impression d’être au summum de la coolitude et de la liberté, en mode l’Auberge Espagnole mais en mieux. On sort en boîte sur le port et on fume sur le balcon, il fait tout le temps beau et la prépa c’est fini : joie totale.

 

Call me maybe, Carly Rae Jepsen

On se rapproche dans le temps : été 2012, quatre jours à Prague avec les copines, la voix insupportable de Carly scotchée dans la tête, tout le temps. Quand on escalade les remparts du château. Quand on se perd dans la forêt. Quand on dîne au Lokal. Quand on s’endort dans notre auberge de jeunesse tendance hippie. Du coup, je la chantonne en permanence, pour bien infecter mes deux accompagnatrices. On finit par la reprendre version « punk/rock » avec mon groupe. Pour exorciser.

 

Tu noteras une longue période de vide correspondant en gros à mes années lycée, je ne me l’explique pas vraiment. A l’époque, j’essayais cependant de bâtir une crédibilité rock et je n’écoutais que des trucs indé inconnus ou alors Muse. J’en déduis que j’ai dû un peu snober les tubes de l’été. Comme je le regrette aujourd’hui ! Je te laisse ajouter tes propres souvenirs à cette liste qui, je l’espère, ne va cesser de s’étoffer. Vive les tubes de l’été, continuez à balancer vos nullités, je vous soutiens à 100% !

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Considérations diverses

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