Wannabe entrepreneur (10)
Publié le 23 Janvier 2013
Hello boys and girls ! Je vous écris pour la dernière fois en direct du bureau, puisqu’aujourd’hui, c’est mon dernier jour d’entreprise (pour le moment). Adieu, Président. Adieu moquette marine, téléphone à cordon, trouilloteuse et photocopieuse, open space et néon blafard, moelleux au chocolat de la cantine, trucs et machins à consolider. Bonjour, Présidente. Bonjour faux parquet en lino, téléphone-bouche (classe, la déco), balai et étiqueteuse, trente mètres carré d’espace à vivre et spots violents, sandwiches avalés à la va-vite, culottes et porte-jarretelles à ranger. Pourvu que ça maaaarche.
Cet après-midi, je vais donc faire mon petit circuit de départ, tranquillou. Pas de pot de départ, pas de mot du directeur financier, et pas de cadeau non plus, vu que je pars en plein milieu de la période de rush, comme une voleuse de liberté. Bon, j’ai quand même fini à 21 heures tous les soirs de la semaine dernière ET j’ai bossé samedi dernier, le tout avec une entorse géante. Je suis un bon petit soldat. Du coup, ce midi, on va manger des sushis avec les collègues et les stagiaires, pour marquer quand même un peu le coup. Et puis, à dix-neuf heures, tel le cow-boy Malboro, je m’en irai solitaire sur fond de Far-West à dos de cheval fatigué, vers un autre destin d’aventurière blasée. Le grand inconnu de l’entreprenariat se déroule devant moi… On verra bien où il me mène.
Bien loin de ces pseudo-considérations philosophiques, ces quinze derniers jours ont été une suite ininterrompue d’emmerdes purement matérielles. Ma pauvre Maman, coincée de force à la boutique, en a vu des vertes et des pas mûres : retards de livraison, erreurs dans la livraison, problèmes de livraison divers. Par exemple : sachant que la boutique est située dans une rue piétonne assez étroite et que j’ai commandé pour 420 kilos de matériel d’agencement, comment le camion du transporteur peut-il accéder jusqu’à moi ? Réponse : il ne peut pas. Le mec s’est donc garé au bout de la rue, a posé les palettes sur le trottoir, et contre un petit billet, a aidé ma mère à transporter ce qu’il y avait dans les palettes jusqu’à la boutique, petit à petit. Il y avait notamment une quarantaine de barres métalliques, une quinzaine d’étagères en verre, un comptoir en bois et plein de bras en acier sur lesquels accrocher les soutien-gorges. Pas lourd du tout, quoi.
Ensuite, les problèmes de bricolage : il a fallu scier une tringle en métal, voler l’échelle de la copropriété pour fixer les enceintes au mur, percer les cloisons pour faire tenir les miroirs… L’artisan appelé en renfort s’est même pris un PV, vu qu’il en a eu pour une journée complète de boulot. Puis ce week-end, de braves gens dignes d’être canonisés sont venus me donner un coup de main : fixer les étagères, passer le balai, sortir les produits des cartons, sortir les cartons pour les éboueurs, se rendre compte qu’ils ne les ont pas pris, courir après leur camion, essayer de négocier, échouer, re-rentrer les cartons pour les ressortir le bon jour, faire la déco, faire la vitrine, déplacer des meubles, ricaner en triant les sex-toys, bref, un énorme merci les amis. Vous gérez tellement !
Assez parlé boutique, parlons plutôt produit. Ce week-end, c’était le salon de la Lingerie à la Porte de Versailles. Je m’y suis donc rendue malgré les conditions polaires et ma démarche de Quasimodo, bien décidée à me comporter en vraie pro. Les hôtesses du salon portaient toutes des chapkas blanches et de grosses couvertures en maille que je leur aurais bien piquées avant de ressortir. Munie de mon super badge à mon nom, j’ai attendu Putafranges et son cher et tendre, qui s’étaient proposés de m’accompagner. Nous nous sommes aventurés parmi les stands et j’ai filé direct à mon premier rendez-vous fournisseur.
On m’avait prévenu qu’il y avait des mannequins sur le salon, dont le boulot est d’enfiler et d’ôter les produits à la demande pour que le client potentiel les voit portés. Sur mon premier stand, j’en ai pris plein les yeux : la ravissante jeune Anglaise faisait tout bonnement du 85K. Et tout tenait en place, comme j’ai pu le constater de mes propres yeux. C’était légèrement déconcentrant, je n’arrivais pas vraiment à suivre ce que disait mon fournisseur, mais c’était une bonne pub !
Entre deux papotages avec mes deux accompagnateurs, j’ai navigué de stand en stand pour découvrir la nouvelle collection Automne-Hiver 2013, et pour prendre rendez-vous pour passer la commande. A partir de cet été, il y aura donc en magasin : du rouge, du noir, du blanc, beaucoup d’imprimés graphiques, du fluo, du rose vif avec du bleu électrique, de la belle dentelle, et encore et toujours de grandes culottes et de grands bonnets. En début d’après-midi, Putafranges et sa moitié ont cédé la place à ma copine Cynical So, qui m’a même accompagnée en rendez-vous, si si. Elle a été de très bon conseil concernant le choix des modèles, même si j’ai senti qu’elle était un peu déstabilisée par une fournisseur qui, pour nous montrer un modèle de soutien-gorge, a tout bonnement écarté les pans de sa robe. Comme ça m’était déjà arrivé deux fois en rendez-vous, ça ne m’a pas trop étonné. Par contre, sur le stand de la marque qui offrait du champagne à ses clients potentiels, la fournisseur avait sans doute bu une coupette de trop : elle ricanait sans arrêt, elle faisait coucou à d’autres gens, bref, elle était un peu surexcitée. Cynical So et moi échangions parfois des regards nerveux et hilares en même temps. Je me suis aussi rendue compte que mes goûts personnels n’ont visiblement rien à voir avec la majorité des détaillants en lingerie français : une fois sur deux, quand je disais que j’aimais bien un modèle, la fournisseur me répondait, sournoise : Ah non, celui-là finalement on ne le fait pas, il n’a pas du tout marché. Bon, c’est pas grave, on ne peut pas plaire à tout le monde. J’ai aussi retrouvé une mannequin de mon clip sur l’un des stands. Toujours aussi jolie et surtout toujours aussi sympa, elle m’a fait goûter plein de mignardises et m’a proposé un partenariat sur un projet. Joie !
Bref, le Salon de la Lingerie 2013, ça m’a sorti la tête de mes étagères et de mes cartons, et ça m’a rappelé pourquoi je m’étais lancée dans cette belle aventure, comme on dit : de beaux produits qu’on ne peut pour l’instant trouver nulle part ailleurs, une autre conception de la lingerie curvy. Dimanche, j’étais en plein bad dans ma boutique qui ne prenait pas forme du tout, épuisée, affamée, boitillante, et du coup, au lieu de ranger, j’ai décidé que j’allais essayer mes produits. J’ai passé une demi-heure à enfiler des nuisettes, des collants et des soutien-gorges dans ma boutique au rideau de fer baissé, comme si c’était une sorte de dressing à culottes géant. L’effet pas cool, c’est que j’ai commencé à avoir des doutes sur certains produits, notamment certains estampillés sexy au rendu pas vraiment glam. Mais l’effet trop cool, c’est que j’ai découvert que comme 80% des Françaises, je ne porte pas la bonne taille de soutien-gorge depuis des années ! En dix minutes d’essayage, j’ai pris trois profondeurs de bonnet, et là, plantée devant la glace dans un soutien-gorge qui m’allait ENFIN bien, tu vois ce que je veux dire, toi, fille, un soutien-gorge qui ne remonte pas dans le dos, qui tient bien tout ton sein, dont les bretelles ne te coupent pas les épaules et qui te fait la poitrine ferme et rondoïde, à ce moment-là j’ai poussé un soupir de contentement et je me suis auto-achetée ce soutien-gorge. Bim, je commence déjà à faire n’importe quoi avec mon stock et ma tréso, on s’en fout, j’ai des seins qui se sentent trop bien et ça met tout mon être en joie. Donc venez gentes dames, vous faire prendre vos mesures : ça se trouve, je peux quelque chose pour vous !
Lundi matin, je vous fais un petit post sur les magazines de filles, je viens de lire ma ration mensuelle d’inepties, laissez-moi vous dire qu’il y a du lourd. Je vous laisse sur ce Tumblr qui est très sympa : Vaginas of the world. Pas du tout SFW hein, mais j’aime le concept. Des bises !