Confinement, Day 31

Publié le 12 Avril 2020

Salut les copains. Oh boy. Un mois de confinement. Un mois de 45m2, de vie à deux non-stop, de chat qui me réveille la nuit et de bons petits plats faits maison (not).

Le plus important: la santé va bien. Enfin, sauf mon frère, sa femme et sa progéniture, qui ont tous attrapé le fameux virus. On soupçonne l'aîné de mes neveux d'être à l'origine de la contamination (les enfants sont fourbes, on le savait déjà). Mon frère et ma belle-soeur sont à présent remis, mais ils ont tous les deux perdus l'odorat et le goût (et ne les ont toujours pas retrouvés), donc on a peu de doutes sur le diagnostic. Munie de ma précieuse attestation, je suis venue saluer toute la famille pour l'anniversaire de ma belle-soeur (ils habitent à deux rues de chez moi). Derrière la grille du portail, ils étaient alignés tous les cinq. Je suis restée prudemment à deux mètres de distance. A un moment, j'ai déposé des Playmobil par terre pour les enfants, puis j'ai reculé. Mon frère est sorti les prendre et est rentré dans sa prison dorée. Les enfants m'ont dit coucou puis sont repartis faire du vélo dans la cour, enfin pardon, rassembler le troupeau (ils faisaient semblant d'être des cow-boys). De retour chez moi, j'ai enlevé toutes mes fringues et j'ai filé sous la douche. Parano, moi? Pas du tout.

Sinon, la bonne nouvelle du jour: je n'ai plus d'eau chaude. Enfin, on n'a plus d'eau chaude, moi et le Grand-Briton, dont j'essaie parfois désespéramment d'oublier l'existence (spoiler alert: c'est impossible vu qu'il joue toute la journée en ligne avec ses potes en marmonnant dans son casque). J'allais justement prendre une douche (oui, encore une. En 3 jours. Je sais, c'est incroyable d'arriver à maintenir ce niveau d'hygiène corporelle quand absolument rien ne nous y oblige. Je veux dire, ça fait bien dix jours que je ne me suis pas habillée. J'alterne juste entre mon pyjama de jour et mon pyjama de nuit).

(Plus jamais je ne mettrai de culotte d'ailleurs).

(Bref).

J'allais donc prendre une douche, et là j'ai réalisé qu'on n'avait plus d'eau chaude. Je suis allée toquer chez mon voisin qui m'a confirmé que c'était pareil pour lui. J'aime bien mon voisin, surtout depuis que sa fille ne me réveille plus la nuit. Quand il m'a ouvert, il était en short de sport, en T-shirt publicitaire et avec deux chaussettes différentes. Vêtue de mon plus beau pyjama de jour (celui avec des cactus), j'ai tout de suite compris qu'on était sur la même longueur d'onde.

Bon par contre, il faut qu'on parle des réseaux sociaux. Au début ça allait, j'arrivais à ne pas trop passer de temps dessus. Mais depuis quelques jours, j'ai un peu perdu le contrôle. Faut dire que parfois, qu'est ce qu'on s'emmerde. Même si c'est un luxe, c'est quand même très long. Je consulte donc religieusement le live du Monde toute la journée, ainsi que le direct du Nouvel Obs. Je me suis remise à Twitter (j'ai craqué). Et je continue à aller sur Facebook bien sûr. J'ai donc été exposée à tout un tas de challenges fascinants. Faire son pain soi-même et tout ce qui touche à la cuisine en général: juste, non. Franchement, je ne vois pas l'intérêt. Pour une fois que j'ai du temps libre, ce n'est pas pour le passer à cuisiner des trucs improbables genre curry aux six légumes ou émincé d'artichauts au tempé. Bien sûr, j'adorerais manger des trucs variés, sains et délicieux, mais je dois me résigner: vraiment, je n'aime pas cuisiner. Comme tous les novices, les recettes ratent à chaque fois, je me coupe dès que je dois éplucher un légume, et je ne réussis jamais la cuisson. Le seul truc que je sais faire, c'est le crumble. Ou les lasagnes. Mais je n'ai vraiment pas envie de cuisiner. Je discutais avec une copine l'autre jour qui me disait "C'est marrant, avec le confinement, je me transforme vraiment en femme d'intérieur des années cinquante". Alors comment dire. Le ménage, la cuisine, le rangement: toujours pas. Il faudrait beaucoup plus qu'un confinement pour m'obliger à trier mon tiroir à culottes.

Autre son de cloche chez une autre copine: "Bah moi je ne fais que m'engueuler avec mon mec". Attention, c'est déclinable: ma sœur, ma mère, mon cochon d'Inde... Ma théorie est que les humains ne sont pas faits pour vivre à plusieurs. A la limite, quand certains d'entre eux sont petits, mais une fois adultes, c'est non. Pour ma part, je vis avec quelqu'un qui a l'horloge interne d'une chouette. Laissé à lui-même, il émergerait vers treize heures, et se coucherait vers six heures du matin. Le tout en oubliant de manger, d'aller aux toilettes ou de faire quoi que ce soit d'autre que jouer ou parler à ses amis. L'autre jour, il m'a même dit: "Si tu avais le choix entre ne plus jamais dormir et ne plus jamais avoir à cuisiner, tu choisirais quoi?" (oui, il est au courant de ma phobie culinaire). Je n'ai pas compris la question au début: ça me paraissait évident que je ne voudrais plus jamais cuisiner. Mais lui a répondu "Moi je crois que je choisirais dormir. C'est vraiment une perte de temps".

Dormir. Une perte de temps.

Comme quoi, on ne connaît jamais vraiment la personne avec qui on vit.

Hier, j'ai eu l'audace de suggérer qu'on essaie de prendre nos repas à heures fixes, et éventuellement qu'on essaie de ne pas se coucher après une heure du matin. J'ai rencontré un regard furieux et j'ai eu droit à "C'est ton problème si tu as besoin d'une routine. Moi je me débrouille très bien tout seul". Au bout de trente secondes de silence, il a de lui-même convenu: "Bon ok, c'est peut-être une bonne idée".

Je précise que je suggérais ce planning principalement car je suis censée travailler 10% de mon temps la semaine (c'est généralement plus proche des 40%). Donc j'ai parfois des calls le matin qui m'obligent à me lever. Ma chef me disait la semaine dernière au téléphone: "Moi je travaille quand même à 100%, ça m'occupe". Je n'ai évidemment pas relevé, déjà parce que c'est illégal, et aussi parce qu'entre ma sieste quotidienne et le revisionnage de la saison 3 de Koh Lanta (celle avec Moundir), j'ai à peine le temps de brosser mon chat une fois par jour.

Donc entre toutes les options proposées par mes copines (et copains, je ne vous oublie pas), j'avais décidé de tenter l'option productivité. Sans limitation de domaine. J'ai quelques belles réussites à mon actif: j'ai écrit à ma banque pour une question qui traînait, j'ai utilisé mon Compte Formation pour démarrer une formation à distance en gestion de projet (faut ce qu'il faut), et j'ai refait mon CV. Pour ce qui est d'écrire, c'est un peu plus dur. La concentration n'est pas toujours là, il y a des jours où je suis juste bien, d'autres où je me sens coupable et angoissée. J'essaie de ne pas me mettre la pression. Après tout, ce n'est pas une situation normale, on fait tous de notre mieux. Et se détendre, c'est déjà faire quelque chose.

Je pense très fort à vous tous, où que vous soyez, campagne ou ville, avec ou sans enfants, en télétravail, au travail dans le monde du dehors (bravo) ou au chômage partiel, en famille ou tout seul, que vous soyez dans un jour avec ou dans un jour sans. On va y arriver. On va tenir. Je vous laisse sur quelques dictons très à propos (spéciale dédicace à Eric):

"Tant qu'on n'a pas accosté on n'arrête point de pagayer" (proverbe mahorais)

"À force de rouler, la marmite trouve son couvercle" (proverbe turc)

"Celui qui gagne est celui qui tient trois minutes de plus que son ennemi" (soi-disant Napoléon Bonaparte)

"Toute chose a une fin, sauf la banane qui en a deux" (inconnu)

Rédigé par Nombre Premier

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