Weekend win

Publié le 24 Février 2012

Le concept du vendredi prend tout son sens seulement quand tu commences à travailler. Avant, quand tu es étudiant, tu t’en fous un peu, du week-end. De toute façon, tu peux sortir n’importe quel soir de la semaine. Tu as le temps de faire des cinés, du shopping ou tes courses un mardi ou un jeudi si le cœur t’en dit. Les horaires et les emplois du temps sont des notions seulement applicables dans un contexte scolaire, pour ne pas être en retard à l’amphi ou pour choisir ton option du deuxième semestre. Le reste du temps, tu es libre comme l’air. Te mettre une mine un mercredi soir ? Et pourquoi pas ? Faire une grasse mat’ le lundi ? Mais bien sûr ! Et en plus, tu ne prends jamais le métro aux heures de pointe du coup. Saleté d’étudiant, va. Sache que moi, salariée lambda qui me tasse dans la ligne 7 chaque matin de semaine, au coude à coude avec un vieux papi et une jeune femme qui lit Guillaume Musso, ma journée commence bien mal, et je t’en veux personnellement. Parce que toi, tu t’en fous.

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Tu t’en fous de tous ceux qui doivent programmer leurs moments de glande avec la précision d’un psychopathe tueur. Dimanche, jusqu’à midi : je dors. Mais pas plus tard, parce que le Franprix ferme à 13 heures. Et si je ne fais pas mes courses maintenant, je me connais, je ne les ferai jamais, et je mangerai des bouchées vapeur du traiteur d’à côté toute la semaine. Et puis ensuite, les courses faites, il y aura encore du ménage, un minimum, pour ne pas développer une allergie aux acariens. Et peut-être de la cuisine, parce que quand tu fais les courses, tu es plein d’optimisme, donc tu te dis, planté devant les rayons : « Tiens, je vais tenter de me faire des bouchées jambon de Parme/mozzarella comme dans Un dîner presque parfait à Béthune ». Donc tu achètes tous les ingrédients d’un pas guilleret, et en fait, tu n’as jamais envie de les faire, ces foutus bouchées pourries. Tu préfèrerais trouver sur ta table basse un plateau de chez Sushi Shop tout beau tout frais tout prêt, mais bon, comme tu n’as rien d’autre dans le frigo et qu’il ne faut pas jeter, tu t’y attelles, à ce plat nase. La mozzarella cuit en rendant plein d’eau qui suinte de la pâte brisée, c’est répugnant. En plus, c’est bourratif au possible : tu manges deux bouchées et tu jettes les huit autres. Mais une heure après, tu as à nouveau faim alors tu dévores tristement les céréales Crunch toutes sèches qui traînaient dans le placard.

Bon, de quoi on parlait déjà ? Ah oui, de la nécessité de planifier tes moments de détente, quand tu travailles. Parce qu’en plus, planifier des trucs tout seul, c’est relou, mais quand d’autres personnes entrent en jeu, c’est encore plus compliqué (bien qu’il paraît que c’est sympa aussi à plusieurs). Mettons que tu aies envie d’aller au théâtre avec un petit groupe d’amis. Il faut lancer l’idée et proposer une date dix jours auparavant minimum, pour trouver LE jour où Jacky n’a pas tennis, où Corentine n’a pas déjà un dîner de prévu, et où Claude & Claudine peuvent venir tous les deux ensemble (ce n’est pas qu’ils soient fusionnels, c’est juste que tu les apprécies bien tous les deux, donc autant faire d’une pierre deux coups). Du coup, pour peu que tu souhaites voir du monde le week-end, tu dois y penser la semaine avant-avant. Et le noter dans ton Iphone calendar ou sur un bon vieux Post-It pour ne pas oublier. Même si tu ne rêves de rien d’autre que te terrer chez toi pendant deux jours pour te refaire l’intégrale de Freaks & Geeks, tu devras potentiellement refuser des sollicitations de tes friends sur Facebook ou par texto, sans passer pour un gros asocial non plus (Non, j’ai pas trop envie de te voir. J’ai envie de ne voir personne, en fait. Bien sûr que non, je ne déprime pas ! Pourquoi tu dis ça ?)

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Alors que pour l’étudiant, point de tout ceci. J’irai bien manger thaïlandais, hop, j’appelle Machine, on y va ce soir. Ou ce midi, si elle ne peut pas. Ou n’importe quel jour de la semaine. Je peux aller voir Chronicle le jour de sa sortie au ciné, si je veux. Je peux aller bruncher un jeudi et boire comme à un afterwork le mardi. On s’en fout ! Le pire qui pourra m’arriver, c’est rater la sonnerie du réveil et un TD de compta. Mouais. Le choix est vite fait.

Sauf qu’en fait, quand tu es étudiant, tu n’as pas forcément les moyens d’aller bruncher, barathoner ou théâtrer à tout va. Pas forcément le temps non plus, si tu bosses à côté ou si tu étudies pour de vrai –que tu vas aux amphis, par exemple. Au moins, le salarié peut dépenser quelques sous pour ses loisirs avec l’air tranquille de celui qui les a bien mérités. Et puis aussi, c’est comme en amour : on dit que l’absence, l’attente ne rend le moment des retrouvailles que plus fort. Et bien, c’est comme si tu étais en long distance relationship avec le week-end. Le lundi, tu es triste de le quitter, c’est une torture, tu traînes dans l’appartement pour prolonger les instants agréables que tu viens de passer, tu rechignes à partir, mais il le faut, alors tu vas au boulot la mort dans l’âme. Plusieurs fois dans la journée, tu repenses à tous les trucs chouettes vécus ensemble ces dernières quarante-huit heures. Le mardi, tu y penses déjà un peu moins. Le mercredi, tu te remets à penser au moment où vous allez vous revoir –le vendredi soir. Le jeudi, l’impatience commence à monter, si le week-end était une personne en chair et en os, tu l’inonderais de textos avec des smileys débiles qui disent « Trop hâte de te voir !!! », en faisant éventuellement un peu de Scarlettjohanssoning. Et le vendredi, ça y est, c’est ce soir, tu vas pouvoir le prendre dans tes bras, lui faire sa fête, t’endormir serein et ravi, en te foutant du lendemain.

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Et bim, lundi d’après, rebelote. A nouveau au fond du trou.

Heureusement, pour tenir la distance (de toute façon, tu n’as pas le choix), il y a les congés et les RTT, l’équivalent des sextoys et des sessions Skype. Et puis qui sait, un jour, tu aligneras les bons chiffres, tu gagneras l’Euromillion et votre idylle fleurira toute l’année, à l’ombre de palmiers enchanteurs.

Et donc, surtout, aujourd'hui, c’est vendredi, et ce soir, c’est le week-end !

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Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Vie de bureau

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