Corporate event

Publié le 8 Septembre 2011

Ce soir, c’est le pot de départ d’un grand ponte de la boîte. Au programme, petits fours et champagne au bar fancy du bureau (ce n’est pas un bar techniquement, c’est un restaurant où les employés comme moi ne vont jamais. Apparemment il y a une terrasse et des boiseries, et je table sur une avalanche de mini-toasts au foie gras).

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L’aspect délicat de ces sauteries pro, c’est de faire preuve de retenue. Non, tu ne peux pas te jeter sur le buffet comme un gros morfale, ni squatter la place devant les mini-tartelettes pendant vingt minutes. Non, tu ne peux pas enquiller huit coupes de champagne « parce que c’est gratuit » et te mettre à glousser comme une poularde ou à gueuler « Jean-Mi ! T’as goûté les mini-canapés ? Mortel ! » Non, tu ne peux pas chafouiner (note pour les non-initié : tenter de chopper) le beau gosse des budgets, même discrètement (crois-tu). Mieux vaut garder son quant-à-soi, son élégance, et rester sobre. Ainsi, pas de perte de crédibilité ni de remarques mesquines en perspective le lendemain matin : « Ca va, pas trop dur de se lever ? Il était bon hein le champ’ ? » Je vous l’accorde, c’est beaucoup moins fun d’être raisonnable. Mais quand on est jeune, c’est essentiel pour conserver une légitimité professionnelle. Déjà qu’on vous prend a priori pour un glandeur quand vous avez moins de trente ans, ne ratez pas une occasion de prouver la largeur de vos épaules et l’ancrage de vos pieds à la terre. Il n’y a que les vieux qui peuvent se permettre d’être bourrés à dix-huit heures. Les discours y gagnent en intérêt !

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Bien sûr, tout ceci ne vaut pas pour toutes les boîtes. Dans certaines entreprises, « jeune » rime avec « innovation », « dynamisme », « moteur » (et non avec « glande », « Facebook » et « je tchatche dans mon Iphone dans le couloir »). Quand j’étais en stage en maison de production, l’an dernier, le pot de départ auquel j’avais assisté n’avait rien à voir. La moyenne d’âge de la boîte était de trente-cinq ans. On bossait sur des DVDs « fun », « culte » et « délirants » toute la journée. Au bar où se déroulait l’évènement, quelqu’un avait branché son Ipod et tout le monde s’était trémoussé sur Shakira ou David Guetta. Même ma chef. Surtout ma chef. Elle était complètement raide au bout d’une heure. Elle naviguait d’un pas hésitant entre les danseurs, en nous hurlant de « danser, bordel, vous êtes des stagiaires, vous êtes censés mettre l’ambiance ! » Ah bon. Finalement, elle était passée derrière moi et elle m’avait soulevée ma robe devant toute l’assemblée. Heureusement que je portais une chouette culotte (et une culotte tout court).

Bref, voilà les dernières news en mode je raconte ma vie. Ce soir, il faut que je fasse mon mémoire après le pot, autant dire que je suis moyennement motivée. J’en profite pour vous parler d’un magazine féminin pas comme les autres, Causette. C’est l’antithèse de Cosmo et compagnie, et c’est bien bien bien. Pour nous les filles !

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Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Vie de bureau

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