Glamour Cosmo etc (11)
Publié le 19 Février 2013
Parfois il arrive un moment dans ta vie, où tu sens que tu fais n’importe quoi. Tu n’as plus rien dans le frigo depuis une semaine et tu te sers de Sopalin comme papier toilette. Tu es accro au Bachelor et tu t’émoustilles devant les scènes surjouées de baisers entre Adriano et ses prétendantes. Tu ne veux plus entendre le mot « couple » tout en réactivant en douce ton profil Adopte un mec. Tu ressasses les mêmes conversations en boucle avec tes potes en te plaignant toujours des mêmes choses, sans rien faire pour qu’elles ne changent. Tu te gaves de séries jusqu’aux petites heures du matin et après tu es un zombie au boulot. Tu refuses des soirées avec des gens pour mieux regarder The Voice en replay. Tu sors de chez toi le dimanche à 13 heures et tu te retrouves hébété en plein marché de la rue Mouffetard, au milieu des familles, des enfants qui piaillent, des étalages de fruits et légumes et des promeneurs nonchalants, et tu te sens limite pas bien devant tant de normalité, tant de monde content, tant de paix et de simplicité autour de toi, alors tu fuis bien vite retrouver ton nid douillet (et en bordel).
Quand la vie fait n’importe quoi comme ça, il me semble légitime de se tourner vers les magazines féminins et leurs bons conseils.
Revue de presse online du trio gagnant habituel, Glamour / Cosmo / Biba.
Commençons par ce cher Glamour.
Un article sur les FEMEN, pourquoi pas, c’est pas mal vu, je valide. Help : quelle Saint-Valentin pour mon couple ? Un article sensé être drôle, enfin je crois, enfin j’ai pas réussi à tout lire tellement c’était nul (et même pas nul dont on peut se moquer, hein). Un test en l’honneur de la putain de journée de la Femme du 8 Mars : Quelle féministe êtes-vous ? J’ai personnellement obtenu le résultat suivant : Vous êtes une féministe du dimanche. Pour vous, il n'est clairement pas question de vous soumettre aux mecs, vous avez vos idées, vos valeurs mais ça ne va pas plus loin. Evidemment, quand vous voyez le résultat des Printemps arabes et comme les femmes brillent par leur absence, vous êtes attristée mais si vous commencez le compteur des inégalités homme-femme ne serait-ce que dans votre couple, vous pouvez prendre un congé des tâches ménagères pendant au moins six mois. Bref, vous avez en quelque sorte choisi la paix plutôt que la parité… C'est tout à votre honneur. Pour l'instant ! Alors déjà : quel couple ? Il n’est pas né celui qui me fera laver ses chaussettes sales, sauf s’il me prépare à dîner un soir de semaine et qu’il fait la vaisselle ensuite, auquel cas ça devient équitable. Il se trouve que je signe des pétitions et que j’ai fait la Slutwalk, mais non, je ne suis pas militante Osez le Féminisme ni FEMEN (je vends des soutiens-gorge, ça ne serait pas très cohérent !) Si cela fait de moi une féministe du dimanche, soit. Et je tire mon chapeau aux vraies de vraies. Mais je vous ferai dire que j’ai rendu ma cousine de dix-sept ans féministe convaincue. C’est un peu ma fierté personnelle (ça, et le niveau de son personnage dans WoW. Ca m’a presque émue aux larmes !)
Sinon, pas grand-chose à se mettre sous la dent chez Glamour. Choper son collègue : le marathon de la drague. Encore faut-il avoir du collègue à chopper. Petite précision : ce n’est pas une majorité de Français qui rencontrent l’âme sœur au boulot mais bien 25%. Ce qui est déjà énorme, je vous l’accorde. Depuis que j’ai quitté le bureau et l’open space, je n’ai plus de collègues, à chopper ou non. Cela dit, entre Spychopat et les stagiaires, la question s’est rarement posée. Le Varan et le Grand sont d’ailleurs venus me rendre visite à la boutique hier. Le Grand est reparti avec une paire de cache-tétons pour sa copine. Petit coquin, va.
Ca va swinguer!
Revenons à cet excellent article. Quelques conseils de drague tout bêtes plein de bon sens (se présenter, demander ce qu’il a fait ce week-end…) Et puis patatras, les inepties habituelles : "Tu veux un café ?" Mine de rien, on éveille en lui le vieux fantasme de la jolie assistante (que vous n'êtes point) qui sert le café. Autant on peut prouver qu’on est sympa en lui offrant un café, autant ce n’est pas forcément la peine de se pencher au maximum en avant en jetant la dosette à la poubelle. Et si on est assistante, hein ? Mais pas jolie ? Puis Glamour conseille de faire une blague : "Tu viens souvent ici ?" Sachant qu'il est en CDI, on n'a plus qu'à haha-hihi-huhu ensemble. Oh bordel, Glamour. Je ne sais pas le QI ou le sens de l’humour des mecs que tu dragues, mais si le mec rit à cette blague, je te déconseille fortement de partager plus qu’un café avec lui.
Ensuite, un homme, c'est comme un chat : il aime être caressé dans le sens du poil. Et, un peu comme les chiens, il aime aussi à être gratifié pour son travail fourni. Enfin, un peu comme les coléoptères, il aime qu’on lui dise qu’il a de belles ailes luisantes. Cette phrase n’avait aucun sens. C’est normal. Autre technique Glamour : "Jean-Luc, je retrouve plus le courrier interne, je comprends pas...", "Jean-Luc, y'a un truc bizarre qui s'est affiché sur l'écran de mon ordi, tu veux pas venir voir ?". Tous les prétextes sont bons pour faire l'âme en détresse sauvée par le collègue charmant. Et si vous refusez catégoriquement de passer pour une faible, même "Jean-Luc, tu me prêtes tes écouteurs?" ça passe. Ce n’est pas que je refuse d’avoir l’air faible. C’est que je refuse que mes faiblesses deviennent des atouts de séduction. Un mec qui admire une fille sur des domaines généralement considérés comme « masculins » (sport, informatique, baston…) et qui donc en tombe amoureux, ça existe ou bien ? Enfin bon, rappelons qu’on drague un Jean-Luc au sens de l’humour désastreux en lui servant des cafés et en le caressant à tout va, alors c’est bien mal parti cette histoire.
Allez, arrêtons-nous là pour Glamour (que l’on a connu plus croustillant) et passons à ce bon vieux Cosmo.
Un article attire tout de suite mon attention : Comment Internet a boosté ma vie sexuelle. Déception, rien de palpitant là-dedans : j’ai posé une question sur Doctissimo, j’ai commandé un sex-toy, je me suis inscrite sur Adopte un mec… Petit lol concernant le témoignage de Sabrina, 28 ans, qui regarde des vidéos sur Youporn (et elle ose le dire !) : Un soir où il est avec ses potes, je ferme bien les rideaux, et, un peu honteuse, je tape « youporn ». Sur la page d’accueil, des dizaines de vidéos : l’image et le titre permettent déjà de faire un sacré tri, il y a des choses que je n’ai pas envie de voir. Mais ces deux filles, là, attirent ma curiosité. La vidéo dure trois minutes. C’est juste ce qu’il faut. Assez pour me sentir excitée, mais trop court pour tomber dans le glauque et y passer la soirée. N’importe qui un peu plus décomplexé du slip de ce côté-là est sans doute estomaqué que la jeune fille soit allée sur Youporn et en soit repartie sans avoir joui. Je vous avoue faire partie de ceux-là. Mais bon, apparemment, passer trois minutes sur Youporn c’est acceptable, plus c’est super glauque. J’aime bien la façon « mode d’emploi » dont c’est raconté : Je tape youporn dans Google, je clique, je tombe sur un gang-bang, je n’ai pas envie de voir ça alors je scrolle vers le bas, je tombe sur une scène lesbienne plus propre, je clique, ça dure trois minutes, je ferme le navigateur et je suis chaude comme la braise. Et voilà !
Il y a aussi un autre témoignage vaguement intéressant : une fille qui a posté une photo d’elle sur Sextagram. Je ne connaissais pas, alors je suis allée y faire un tour (c’est ça l’avantage de la boutique, pas de proxy qui bloque la navigation). Le « Sextagram » consiste à partager des photos très sexy sur Instagram sans jamais se montrer totalement nue. Vous pouvez le faire pour pimenter votre vie de couple ou de célibataire et ainsi faire monter l'envie chez son partenaire ou ses prétendants... Le concepteur du site maîtrise peut-être Instagram, mais pas la langue française… En gros, sur ce site, il y a des filles et des garçons à moitié nu-e-s qui se prennent en photo eux-mêmes. Sur un certain nombre de photos, on voit leur visage, ce qui me laisse penser que certaines de ces photos ne sont pas publiées directement par les intéressé-e-s mais plutôt par des tiers (ex ou actuels partenaires). Pour tout vous avouer, je n’avais qu’une peur en jetant un œil aux photos : m’y voir moi ou bien voir quelqu’un que je connais. Coup de chance, vous n’êtes pas dessus les amis, et moi non plus. On peut souffler.
Autre sujet abordé par Cosmo dans ses pages sexo : Des clubs SM arrivent dans les universités américaines. Apparemment, le club Munch d’Harvard se consacre exclusivement aux activités BDSM et se transforme en Upper floor (petit clin d’œil)… D’autres universités américaines auraient vu depuis l’apparition de clubs libertins tendance SM. Je n’arrive pas trop à imaginer l’ambiance qui y règne. Tout ce que je sais, c’est que si un tel club avait existé dans mon école de commerce, j’aurais adoré y croiser mes voisins d’amphi en train de se faire fouetter.
Sinon, pour Cosmo, le sous-titre de la partie du site consacrée aux célibataires, c’est Trouver un homme. Ou une femme. Ou un panda. Dans l’article La Saint-Valentin vue par les célibataires, voici le classement des réponses à la question « Etre seul-e, pourquoi c’est embêtant » selon les personnes sondées sur le site E-darling :
1/ Je n'ai
personne à qui parler quand je rentre le soir,
2/ Je suis
soumis(e) à un barème d'imposition plus exigeant,
3/ Je dois
fournir plus de garanties pour obtenir un prêt,
4/ Je paye
les charges locatives en fonction du nombre de mètres carrés et non en fonction de ma réelle consommation,
5/ Je dois
sans cesse justifier mon statut de célibataire,
6 Je ne
trouve jamais de portions individuelles et lorsque j'en trouve, je dois les payer plus cher,
7/ Je dois
patiemment écouter les histoires de couple et d'amour de mes amis,
8/ Je dois
payer des coûts supplémentaires lorsque je veux réserver une chambre d'hôtel simple,
9/ Je vois
partout d'autres couples s'embrasser,
10/ Je suis
seul(e) à m'occuper des tâches ménagères…
Notons quand même le romantisme des réponses 2, 3, 4, 6, 8 et 10. Sinon, trouve-toi des amis à qui parler, envoie bouler les gens qui veulent savoir pourquoi tu n’es pas déjà mère ou père de famille nombreuse à 25 ans, écoute impatiemment les histoires d’amour de tes amis et demande-leur de te raconter directement leur vie sexuelle plutôt, et jette des seaux d’eau sur les couples qui ont le culot de s’embrasser devant toi. Non mais. On va pas se laisser faire non plus.
Article suivant : Quelles sont les priorités des célibataires en 2013 ? Comme de par hasard, c’est bien sûr de faire une belle rencontre ! Sauf pour les 18-29 ans qui privilégient leur carrière professionnelle. Je ne peux pas dater, j’ai ouvert une boutique. On rigole, on rigole, mais avec des cintres et des descriptifs produits plein la tête, pas facile de faire de la place à quelqu’un d’autre.
Enfin, autre article de fond : Homme idéal, les portraits-robots. En prenant de l'âge, nos critères du "garçon idéal" changent. Du coup, il n'existe pas de profil type de l'homme parfait, mais bien plusieurs. Donc tu dois changer d’homme à chaque décennie ? Voyons voir ce qu’en dit le site Match.com (c’est beau les articles sponsorisés) :
Pour une femme âgée de 18 à 24 ans l'homme idéal est :
Un homme qui s'entend parfaitement avec son entourage. Pour 47% des sondées, c'est le critère principal ! Autre caractéristique importante : il doit être en bonne condition physique, c'est à dire musclé et relativement sportif, et s'intéresser aux mêmes choses qu'elle.
Voilà bien un critère auquel je n’aurais jamais pensé. Faut-il que le mec s’entende bien avec mon entourage à moi, ou avec son entourage à lui ?
Pour une femme âgée de 25 à 34 ans l'homme idéal est :
Les critères ne sont pas les mêmes. L'attirance physique et plus précisément la comptabilité sexuelle sont les critères principaux. Mais ce n'est pas tout : il faut également que l'homme idéal soit ambitieux selon deux tiers des femmes interrogées.
Haha. La comptabilité sexuelle, un domaine que je connais bien de par mon expérience professionnelle passée. Je suis évidemment dans cette tranche d’âge, donc je me reconnais tout à fait : ce que veulent les femmes de 25 à 34 ans, c’est un comptable sexy qui rêve de devenir directeur financier, un point c’est tout.
Pour une femme âgée de 35 à 44 ans l'homme idéal est :
Un homme stable avec de bonnes manières. Quant à la question de la différence d'âge, près de 73% des femmes sondées se disent prêtes à fréquenter un homme de plus de 5 ans leur aîné.
Rassurant, solide, le père de mes enfants quoi.
Pour une femme âgée de 45 à 54 ans l'homme idéal est :
Un monsieur qui offre la sécurité notamment au niveau financier. Et contre toute attente, 54% des sondées admettent qu'il leur serait impossible de se mettre en couple avec un homme plus jeune. Les cougars : un mythe ?
Un Monsieur, et non plus un mec. Un monsieur qui a des thunes. Les cougars, pas un mythe : un lionceau de 23 ans, tu le mets dans ton lit, pas dans ta vie. Tous ceux qui ont déjà regardé NRJ12 une fois dans leur vie le savent.
Pour une femme âgée de 55 ans et + :
L'humour arrive en tête des critères. 45% des femmes pensent néanmoins que la comptabilité sexuelle reste importante pour une relation réussie.
Un Monsieur super drôle (parce que ce ne sont clairement pas les années les plus marrantes qui arrivent). Et toujours la fameuse comptabilité sexuelle !
Bon, assez de Cosmo. J’étais partie pour vous parler de Biba mais en fait, ils n’ont pas de site web, juste une page qui présente le sommaire du magazine. Tant pis pour eux. Je vais plutôt me rabattre sur Madame Figaro et sa rubrique Love etc (je me demande bien ce qu’est le Etc). Quand l’amour a des absences : Leur époux est militaire, humanitaire ou scientifique. Comment vivent-elles l’absence et le risque ? Epineuse question s’il en est. Des témoignages de femmes sans rien qui dépasse, pourquoi pas. Le Petit manuel de coaching amoureux est délicieux, parce qu’il traite du sujet des femmes divorcées qui cherchent à nouveau l’amour. C’est terriblement exotique et touchant du haut de ma (relative) jeunesse : Au bout de neuf ans de cohabitation, on se sent toute nue avec un inconnu ! De quoi parle-t-on quand on n’a ni réfrigérateur à remplir, ni vacances à organiser, ni enfants à morigéner ? C’est un fait, on n’a plus tout à fait la candeur de la fraîche jeune fille dont le cœur fait boum à chaque frôlement ! Ce maudit sens de l’autodérision, nourri par tant de romans anglo-saxons sarcastiques, nous paralyse souvent. Comment se laisser aller au flirt et à ses rituels immémoriaux sans ricaner de l’intérieur ni avoir le sentiment d’être l’héroïne d’une mauvaise comédie romantique ? (C’est officiel, j’ai donc 35 ans et un divorce derrière moi depuis toujours, tellement je me reconnais).
Recevoir des textos de plus en plus enflammés ou romantiques d’un individu qu’on vient de rencontrer ? On est surprise, flattée. C’est du sérieux ou il est fou ? Se moque-t-il de nous ? Aucune des trois options. On découvre qu’aujourd’hui, cela se pratique beaucoup de s’échauffer virtuellement. C’est trop mignon !
Pour finir, bonne adresse virtuelle donnée par la trop swag Madame Figaro : He texted, un site où les textos qu’il vous envoie sont passés au peigne fin pour, enfin, comprendre les mecs, le mec, ce mec, tous les mecs, car d’autres mecs vous disent si oui ou non, ce monsieur plein de comptabilité sexuelle vous kiffe vraiment. Internet, tu me fais rêver.