Vacances à la Grecque
Publié le 6 Juillet 2011
Que je vous raconte un peu quand même ces deux semaines en Grèce. De façon ludique. On est parti quatorze jours, beaucoup dans les îles et un peu à Athènes. Il faisait chaud, c’était nos ultimes vacances avant de commencer à bosser, bref, c’était le paradis. On s’est empiffré de viande grillée, de fêta et de moussaka au point de devoir attendre deux heures avant de se baigner à Naoussa. A Santorin, ma coloc s’est faite piquer par une algue urticante (on suppose, parce qu’on n’a pas réussi à l’identifier), sa cuisse a doublé de volume en deux minutes, mais finalement rien de grave. On a fait 5 bars d’affilée à Mykonos, dont deux où nous avons entendu ce chef d’œuvre :
On a rencontré des Français, aussi. Contrairement aux Anglo-Saxons, qui se rencontrent principalement dans les bars, boîtes, plages, les Français font dans le culturel. C’est bien simple, pendant notre visite du site de Délos, notre caution intellectuelle du séjour (ça et l’Acropole, c’est bon, on avait des choses à raconter à Papa-Maman), c’est là qu’on a rencontré le plus de Français. En couple ou en groupe de retraités surtout. Le Français est très couple. Au milieu des bandes d’ami(e)s bruyants allemands, suédois ou australiens, il y a les couples français. Ils ont le guide du Routard posé sur la table (du coup, on ne sortait jamais le nôtre, on le consultait en cachette dans des ruelles sombres). Monsieur est en short beige ou gris, parfois short à logo sportif. Il a des chaussures de ouf genre randonnée high tech, ou bien la version plus âgée, les fameuses sandales à lacets Décathlon. Ses chaussettes blanches lui couvrent la cheville. Sur son T-shirt, un logo sportif ou bien le logo Quechua alias Décath. Parfois il porte une chemise légère type garde-chasse namibien, mais c’est rare. Sur ses épaules, un énorme sac à dos, dont pendent une paire de baskets de sport encore plus high tech, un coin de duvet et l’exemplaire de l’Equipe qu’il a acheté à Roissy en partant. Sur son nez sont posées d’immondes lunettes de soleil, soit des trucs pour le VTT sportif à verres réfléchissants multicolores, soit des antiquités sans le « cool » du vintage qui tiennent derrière la tête avec un cordon. La casquette, voire le bob pour les anciens, est en option.
Madame, elle, est moins « forcenée hyperactive sportive » que son mari. Elle est chaussée de sandales simples et confortables, assez féminines, ou de chaussures de rando de temps en temps. Elle est en short parce qu’il faut rester pratique, mais elle a un petit débardeur sympa, un peu décolleté et/ou moulant, d’où s’échappent les bretelles colorées de son maillot de bain. Même sac à dos que le mari, agrémenté du dernier Guillaume Musso. Côté lunettes de soleil, ça varie, mais côté coiffure, la règle c’est : queue de cheval.
Bon, tout ceci n’est qu’un ramassis de clichés, évidemment. Mais tout de même. Du coup, on a souvent joué au chat et à la souris avec tous les couples qui ne pipaient pas un mot d’anglais et qui nous avaient donc repéré d’emblée, en mode « bouée de sauvetage ». Oui, on n’a pas été très patriotes sur ce coup-là. On a aussi abondamment critiqué les couples avec enfants, toutes nationalités confondues. Les enfants, on dira ce qu’on veut, c’est d’abord chiant avant d’être mignon, comme l’ont prouvé nos nombreuses traversées en ferry transformé en colo. Puis, emmener un enfant à la plage, c’est toute une organisation ; entre l’arrivée à la plage et le moment où le mouflet met enfin un pied dans l’eau, il s’écoule minimum vingt minutes. Il faut le déshabiller, lui mettre son maillot, le crémer, le faire boire, lui mettre son chapeau, il est où le parasol ? Attends mon poussin, Maman arrive. Tu as pris ton seau ? Mon amour, il est où le seau du petit ? Tu as oublié le seau du petit ? C’est pas vrai ! Mais tu le fais exprès ! Non ne pleure pas poussin, Papa est très vilain mais Maman a apporté ton dauphin gonflable, tu l’aimes ton dauphin gonflable pas vrai ? On va bien s’amuser ! Bon ben Guillaume, reste pas planté là, gonfle-le, ce truc ! Mets bien tes lunettes de soleil, mon cœur. Oui, on va aller toucher l’eau. Dans un petit quart d’heure.
Il y a aussi les groupes. A priori plus sympathiques que les couples, ils peuvent vite devenir beaucoup plus envahissants. Comme les créatures en string ficelle qui encerclaient littéralement nos transats à Paradise Beach, à Mykonos. Pour deux mâles en vacances, je comprends que cette situation soit effectivement paradisiaque. Pour deux filles désespérément normales comme nous, ça se traduisait surtout par un méchant mal aux abdos à force de rentrer le ventre en allant se baigner. Ou le groupe d’Australiennes qui nous ont parlé sur le bateau du retour de Délos. L’une d’entre elles nous demande si on a vu le site archéologique. Sachant que l’île entière est un site archéologique, on ne voyait pas bien comment il pourrait en être autrement. C’est là qu’elle nous dit qu’elles, elles ne sont pas descendues du bateau. L’entrée était à 5 euros, c’était trop cher. En plus, elles croyaient qu’il y aurait des plages, des bars… Et il n’y avait que des « vieux trucs ». Textuellement, elle nous a dit: « Was it all old stuff? » Ca dépend, 5 000 ans, c’est vieux? L’effet de groupe est un peu désespérant parfois.
Finalement, les moins relous dans tout ça c’était les vieux. Et Dieu sait pourtant qu’à Paris par exemple, ils sont assez champions. Il y a plein de vieilles dames qui viennent me demander de leur céder ma place dans le métro, parce qu’elles n’osent pas demander aux trois hommes assis dans le carré, et qu’ils sont trop mufles pour se lever. Quand il me reste 16 stations à faire, c’est ennuyeux. Souvent, les vieux parlent trop aussi, et de trucs pas très intéressants. Enfin, certains vieux monsieurs se frottent d’un peu trop près dans la rame. Tout ça fait que les personnes âgées sont une engeance dont je me méfie en temps normal. Mais là, ça va, en Grèce, ils étaient très discrets.
Du coup, on a passé quatorze jours quasiment en tête à tête avec ma coloc, si on ne compte pas la fois où on s’est fait aborder par des mecs de dix-sept ans dans un bar de Santorin. Là, on a ricané bêtement jusqu’à ce qu’ils partent. Antisociales, antisociaux, bonjour.